L’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris organise ses 9èmes rencontres d’affaires « APinnov » à Paris, le 2 juillet 2012. A cette occasion des Rendez-vous d’affaires sont programmés pour promouvoir et commercialiser les technologies mises au point par les équipes cliniques de l’AP-HP, et pour initier des collaborations de recherches conjointes avec des industriels ou des institutions académiques. Au service des patients et en pointe dans la recherche, les équipes de l’AP-HP présenteront 40 innovations médicales qui témoignent de la vitalité de la plus grande plate forme de recherche clinique d’Europe. Cette dynamique interne est animée par la cellule de valorisation de la recherche en la personne de son Office de Transfert de Technologie et de Partenariats Industriels (OTT&PI). Portrait de 3 porteurs de projet et focus sur un catalyseur d’innovations…
Professeur François Baud, Chef de service de réanimation médicale et toxicologique a Lariboisière
"Le savoir-faire de l’AGEPS, autrefois appelée Pharmacie Centrale des Hôpitaux de Paris est absolument exceptionnel. Et je tiens à rendre hommage à ce savoir-faire typiquement français, mélange de génie et de simplicité, qui a permis au Fomépizole, l’une des mes inventions de voir le jour dans sa forme la plus pure. En effet, l’AGEPS a utilisé une voie de synthèse permettant d’obtenir un produit sans dérivé mutagène: une performance que les laboratoires américains n’ont toujours pas atteinte. L’AGEPS permet de concrétiser les idées de médicaments que peuvent avoir un médecin ou un chercheur. Les pharmaciens de très haut niveau qui y travaillent tachent de synthétiser cette demande. C’est ce qui s’est passé avec le Fomépizole, un médicament destiné soigner certaines intoxications, aujourd’hui utilisé dans le monde entier, qui a d’ailleurs reçu le Prix Galien en 2000. Aujourd’hui encore, je suis frappé par ce degré d’excellence qui a permis à l’AGEPS de prendre le statut d’industrie pharmaceutique qui vend son savoir-faire à un niveau international"
Mr Sami Bazulla, Infirmier à l’hôpital Bichat, service diabéto-endocrinologie
"J’ai commencé à réfléchir à ce qui allait devenir mon invention alors que j’étais encore étudiant infirmier, en 2007. Pendant cette période de stage, je me suis rendu compte que l’éducation thérapeutique constituait une base, un des fondements de la guérison du malade et d’autant plus lorsqu’il s’agit de patients atteints de diabète. Or, il faut bien avouer, la plupart des recommandations sur les comportements à adopter restent souvent vains, car les malades ne retiennent pas forcément les informations que nous leur répétons, encore moins ceux qui maitrisent mal le français.
C’est surtout à l’attention de cette tranche de la population que s’adresse la réglette glycémique que j’ai imaginée. Le principe en est simple: le recto de cette règle de 15 à 20 cm est graduée de 0,3g à 2,5 g (la tranche des chiffres de la glycémie), et de l’autre côté, des schémas indiquant la conduite à tenir en fonction de sa glycémie. Ainsi, il suffit de déplacer le curseur sur le chiffre, et de retourner la réglette pour savoir quel comportement adopter alors.
Lorsque je suis arrivé à l’Hôpital Bichat, deux infirmières ont pris l’initiative de tester l’efficacité de cette réglette: j’avais mis au point quelques prototypes, et nous l’avons fait circuler dans le service. le succès a été immédiat auprès des patients. Assez vite, nous avons concouru pour obtenir la Bourse Delf…et j’ai gagné le prix de l’outil thérapeutique pour le diabète.
Tout s’est enchainé alors: j’ai été sollicité par la FDD, pour participer au congrès francophone du diabète, où j’ai présenté mon invention. De nombreuses personnes se sont montrées très intéressées et souhaiter à tout prix le commercialiser.
Cette invention a pris des proportions que je ne maitrisais plus. C’est là seulement que la direction des infirmiers du service m’ont parlé de l’OTT&PI: j’ignorais totalement alors que ma réglette constituait une invention que je devais déclarer à mon employeur, mais aussi, que le fait de l’avoir présenté, sans la protéger, annulait toutes mes chances d’obtenir un brevet…
Aujourd’hui, mon invention est tout de même protégée par le droit des dessins et des modèles: la personne chargée de mon dossier a su s’y prendre pour que nos intérêts soient préservés. Les négociations autour de la diffusion sont en cours. Je sais que si la licence est exploitée, je toucherai une partie des redevances. Mais j’avoue que si je suis impatient, c’est parce qu’il me tarde de voir ma réglette dans les mains de tous les patients"
Professeur Thierry Poynard, chef du service d’hépato-gastro entérologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière
Le Pr Poynard a mis au point Le Fibrotest, un nouveau test de diagnostic des maladies chroniques du foie, qui permet d’éviter la biopsie. Une invention qui s’est transformée en une aventure industrielle et une réussite économique, puisqu’elle l’a conduit à fonder son entreprise, Bioprédictive, Aujourd’hui, 10 000 tests sont prescrits tous les mois, et vendus dans 50 pays.
"Longtemps, j’ai été satisfait d’une très belle publication dans une revue scientifique internationale. Il me semblait que cela suffisait à couronner les résultats d’une recherche. Cette attitude, aussi noble soit elle, est totalement en dehors du champ de valorisation que méritent pourtant certaines idées. En utilisant certaines techniques que j’avais moi-même mises au point, je me suis rendu compte de la nécessité de les partager.
Comment trouver des partenaires industriels? Quelles voies emprunter pour commercialiser une invention? Les cliniciens sont à mille lieues de ces problématiques. L’aide de Florence Ghrenassia et de son équipe a été déterminante, et rien n’aurait été possible sans eux. Ils nous ont mis en confiance: vous ne pouvez imaginer comme il est rassurant de trouver en interne des acteurs qui n’assimilent pas l’innovation au diable! Malheureusement, c’est encore trop souvent ce que pensent de prestigieux professeurs d’université…
Cet accompagnement dans le transfert est extrêmement important, car nous ne sommes pas préparés à ce genre d’aventure. Il faut ôter sa blouse de clinicien pour se retrouver sur un terrain très concrète, et accepter de changer de culture. Il faut aussi accepter de découvrir ce langage tout à fait particulier de la propriété industrielle, et c’est en toute confiance que nous nous sommes laissés guider vers des cabinets spécialisés pour discuter du montage d’un brevet et de son dépôt. Quoiqu’il en soit, il ne faut pas hésiter: lorsque l’on sent que l’on tient quelque chose qui peut être important pour tout le monde: il faut se lancer."
En savoir plus sur l’Office de Transfert de Technologie et de Partenariats Industriels
Créé en 1992, l’OTT&PI développe une politique active de sourcing, de protection et de valorisation pour favoriser les transferts d’innovations entre porteurs de projets innovants et entreprises et PME du médicament ou du dispositif médical. Ses domaines d’expertise sont la propriété intellectuelle, en business développement, la recherche de soutiens financiers et un carnet d’adresses impressionnant de réseaux régionaux et internationaux pour servir des partenariats industriels et académiques
L’OTT&PI en chiffres en 2011
– 256 collaborations de recherche et partenariats et contrats d’accès à des résultats d’essais cliniques et des bases de données.
– 384 demandes de valorisation provenant principalement des personnels de l’AP-HP et des partenaires académiques et ou industriels
– 442 portefeuilles de brevets actifs avec 50 nouvelles demandes de brevets – 31 nouvelles licences octroyées à des laboratoires pharmaceutiques, entreprises de dispositif médical ou sociétés de biotechnologies françaises et internationales portant à 167 le nombre total de licences
– 45 start-up crées dont 4 nouvelles en 2012
– 22,4 millions d’euros de recettes, générées.
Grâce à la démarche proactive de l’OTT&PI, l’AP-HP dispose du plus gros portefeuille de brevets de tous les CHU de France. Les innovations portées par l’OTT&PI couvrent de nombreux domaines : biotechnologies, diagnostic, thérapies, biomatériaux, dispositifs médicaux, thérapies cellulaires et géniques…
Informations et inscription sur www.apinnov.com
Florence GHRENASSIA, Directrice
Office du Transfert de Technologie & Partenariats Industriels (DRCD/DPM) –
Assistance Publique – Hôpitaux de Paris
228, rue du Faubourg Saint-Martin – 75010 Paris
Bureau: +33 (0)1 40 27 52 02 Fax : +33 (0)1 44 84 17 00