Le CHU de Limoges est le premier CHU équipé de la nouvelle version d’un robot chirurgical disposant d’une vision haute définition. La précision de ce nouvel équipement offre une amélioration nette des résultats chirurgicaux immédiats et à distance, et diminue les problèmes post-opératoires. Présentation d’un robot qui ouvre de nouveaux horizons à la chirurgie et aux patients en Limousin.
Depuis les premiers prototypes américains développés au milieu des années 80, les robots chirurgicaux n’ont cessé d’être plus performants. La chirurgie mini invasive (par petites incisions) a d’abord été privilégiée. Des endoscopes reliés à des caméras permettent la vision de la zone à opérer et des instruments sont introduits à l’intérieur du corps du patient au travers de trocarts. C’est le principe de la coeliochirurgie. Ces techniques endoscopiques présentent néanmoins quelques inconvénients : degré de liberté de mouvement restreinte, coordination main-oeil difficile, reproduction imparfaite de l’agilité de la main, perte des sensations tactiles, posture inconfortable du chirurgien. Des techniques endoscopiques qui sont aussi limitées à certaines spécialités.
La robotique chirurgicale vient pallier ces principaux inconvénients. L’équipement de chirurgie robotisée permet au chirurgien de télémanipuler avec précision des instruments.
Le robot que vient d’acquérir le CHU de Limoges est constitué de deux équipements reliés : la console et les bras.
Le patient est entouré d’un système de 4 bras robotisés que le chirurgien manipule au niveau de la console.
Celle-ci permet de visualiser le champ opératoire en trois dimensions grâce à une caméra binoculaire. Elle offre le choix d’un facteur de grossissement (jusqu’à x 10) permettant alors de se passer d’un microscope optique.
Un bras central portant l’optique qui permet de voir la zone à opérer est relié à un système en 3D de haute qualité vidéo. Les 3 bras latéraux portent les instruments qui peuvent être changés selon les interventions.
Ces instruments très fins sont commandés par le chirurgien qui est assis à une console à distance, en général à quelques pas de la table d’intervention. Au coté du malade l’aide du chirurgien et l’instrumentiste permettent le remplacement des instruments, le passage de fils…
Aux mains et pieds du chirurgien un ensemble de commande
permettent de prendre le contrôle de la camera, actionner la coagulation, régler la netteté, repositionner des instruments statiques et se repositionner dans une situation plus confortable.
Les mouvements du chirurgien sont à présent exactement
reproduits. La précision se trouve même encore améliorée, par la miniaturisation et la mobilité (7 degrés de liberté) de l’extrémité des instruments.
Des caractéristiques techniques qui permettent de faire disparaître les mouvements parasites donnant parfois une sensation de tremblements de l’instrument de coelioscopie.
Ce nouveau robot autorise l’amélioration potentielle des résultats opératoires. Il diminue aussi les complications liées à la chirurgie et la durée de séjour en hospitalisation des patients.
Parmi les applications attendues, on peut citer en fonction des spécialités
• Urologie : chirurgie de la prostate, chirurgie du rein, chirurgie du prolapsus
• Chirurgie cardiaque : chirurgie des coronaires, valve mitrale
• Chirurgie pédiatrique : hernie du diaphragme, reflux gastro-oesophagien
• Chirurgie ORL : chirurgie du pharynx, larynx
• Chirurgie thoracique : thymectomie, lobectomie, oesophage
• Chirurgie digestive : chirurgie colorectale, chirurgie du cadre colique, chirurgie de l’obésité, chirurgie sus mésocololique
• Chirurgie gynécologique : chirurgie de la stérilité, hystérectomies complexes, curage lombo-aortique et pelvien
• Chirurgie vasculaire : chirurgie du carrefour aortique
7 chirurgiens du CHU de Limoges ont été formés à l’utilisation de cet équipement de pointe. Parmi eux le Pr Descottes, président de la CME et responsable du service de chirurgie viscérale et transplantation : « Les chirurgiens ont déjà dû s’habituer à la perte du toucher des organes à l’arrivée de la coelioscopie. C’est une nouvelle évolution de notre métier mais tous les chirurgiens qui opéreront avec ce robot ont été formés et ont assisté au fonctionnement de ce type d’appareil dans d’autres hôpitaux. »
Ce robot, le Da Vinci (société Intuitive), est le seul robot chirurgical présent sur le marché mondial. La chirurgie robotisée du cancer de la prostate est à l’heure actuelle la référence chirurgicale aux Etats-Unis, où le bénéfice en terme d’incontinence et d’impuissance ayant été établi, la quasi totalité des interventions y est effectuée sous technique robotique.
Seulement 10 centres hospitaliers universitaires français sont équipés à ce jour, et le CHU de Limoges sera le premier à bénéficier de la toute dernière génération de ce robot. Son acquisition représente un investissement de 1,9 M d’euros auquel ont contribué la Région et de la Ligue contre le cancer.
Au-delà du bénéfice patient, la mise en service de cette technologie est aussi un facteur d’attractivité pour les équipes médicales et notamment pour les jeunes chirurgiens qui doivent se former aux nouvelles techniques. Elle s’inscrit plus globalement dans une volonté de modernisation du plateau technique du CHU de Limoges dont les rénovations de l’ensemble des blocs opératoires et de l’unité de stérilisation ont été les événements les plus visibles de ces deux dernières années.