Flamenco, philo, street art… au CHU de Nîmes, une programmation culturelle particulièrement riche fait bouger les lignes, transormant l’institution sanitaire en un lieu inspirant pour les artistes et ceux qui les contemplent. Engagé dans une dynamique de création, l’hôpital réinvente sa place et ses valeurs dans la cité, régénère les relations soignants-soignés et invite chacun à approfondir son rapport au corps, à la maladie et à la norme. Découvrez l’agenda culturel imaginé par le CHUN et les acteurs culturels locaux…
« L’hôpital est d’abord un lieu de soins où nous veillons à dispenser des prises en charge de qualité à nos usagers. Néanmoins, il est primordial qu’il soit aussi et surtout un lieu de vie, où nos patients peuvent s’épanouir. Avec des projets culturels ambitieux et originaux, nous tenons à offrir à nos patients des fenêtres vers l’extérieur, vers un peu d’évasion pour des moments éloignés de la période difficile de la maladie » indique Nicolas Best, Directeur général du CHUN.
« 10 Moi » : danse participative dans l’unité des États végétatifs chroniques (EVC) et États pauci-relationnels (EPR)
L’artiste Laura Demangel coordonne une « danse participative » proposée au lit du patient pour faciliter l’éveil et la communication chez des personnes atteintes de handicap neurologique sévère dans les premiers temps de l’hospitalisation. « 10 moi… » signifie « Dis-moi celui que tu choisis parmi les 10 …». La danseuse propose au patient de tirer une carte, d’ouvrir une boîte puis de prendre une balle qui permettra, selon, de déclencher une chorégraphie spécifique. L’objectif est de susciter, à travers les mouvements de l’artiste et la musique, des stimulations sensorielles nouvelles, pouvant faire réagir – voire interagir – le patient, limité à l’univers singulier du monde hospitalier (chambre, monitoring, néon…).
Ateliers Flamenco en Oncologie
En partenariat avec le Théâtre de Nîmes, les ateliers de découverte de la culture flamenca seront animés par Chely La Torito, danseuse et chorégraphe. À travers des temps d’échanges et de rencontres, l’artiste proposera de rencontrer l’art flamenco qui fait appel à l’instinct, à l’expressivité, au partage, mais qui est également porteur de messages de tolérance et de solidarité.
Pourquoi le Flamenco ? : depuis 28 ans, Nîmes accueille les plus grands noms du Flamenco pendant le festival Flamenco, organisé en janvier par le Théâtre de Nîmes. Il rassemble chaque année plus de 8 000 spectateurs. Le Flamenco a été reconnu au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO depuis 2010. Ces ateliers s’inscrivent pleinement dans la culture gardoise. Ils ouvrent, de fait, une porte vers la cité et ont du sens pour les patients du territoire. Ils seront proposés en présence de l’artiste et d’une musicothérapeute du CHU de Nîmes qui assurera une présence soignante. Pour les personnes atteintes de pathologies cancéreuses, ces ateliers permettront de se réapproprier leur corps qui subit des changements et des bouleversements liés à la maladie et aux différents traitements. L’hôpital devient ainsi un lieu de vie et offre une forme d’évasion, plus éloigné de la maladie et des soins.
Pause philo en soins palliatifs
« La philosophie s’adresse à toute femme et à tout homme, quels que soient son origine, ses croyances, son niveau scolaire ou sa classe sociale et devient une manière de s’interroger sur son existence, par le dialogue ouvert. Elle permet d’interroger le sens de ce que l’on vit. Et même si ce que l’on vit est absurde ou pénible, le simple fait de s’interroger sur cette absurdité, permet de faire un pas de côté, et d’y échapper le temps de la réflexion. Cette mise à distance de soi par soi, permet une respiration, une pause, une échappée belle par rapport au poids de ce que l’on vit » présente Alain Guyard, écrivain philosophe, qui animera l’atelier.
L’atelier aura une triple fonction : en conviant les patients, il ouvre, avec ceux qui le peuvent et le veulent, un temps et un espace de débat sur la vie en général, ou sur leur condition en particulier. Les questions abordées peuvent aussi bien concerner la fin de vie que de s’ouvrir vers d’autres champs de spéculation. Dans tous les cas, la première vertu de la pause philo est de permettre aux patients qui y participent de ne plus seulement subir leur condition d’être humain enfermés dans un statut de patient, mais de penser et donc de se penser autrement. Pour les accompagnants, l’atelier philosophie permettra de libérer une parole trop souvent contenue, ou limitée à un cadre fonctionnel, médicalisé, alors que c’est très souvent la place du sens au soin qui mériterait d’être interrogée. Enfin, en mobilisant les équipes soignantes lors de l’atelier, on leur propose d’apporter leur pierre à l’édifice d’une élaboration philosophique collective. Les professionnels du soin sont alors amenés sur le terrain de l’éthique.
Ateliers de Street art pour les adolescents de l’hôpital de jour de psychiatrie
L’association nîmoise Da Storm et le graffeur Pyrate vont travailler en collaboration avec le pôle de Psychiatrie du CHUN lors d’ateliers de graffiti/street art. Dans un premier temps, les graffs seront proposés sur feuilles et toiles afin de préparer la réalisation sur mur qui interviendra dans un second temps. En fin de programme, une fresque sera réalisée dans la cage d’escalier menant au service, par laquelle l’ensemble des patients, des visiteurs et du personnel circule pour rejoindre le service. L’artiste proposera également une toile inspirée de son expérience avec les jeunes au sein du service. L’exposition sera plus tard proposée dans un lieu hors-les-murs.
Musique mandingue en intergénérationnel pour les patients de psychiatrie
Dans les services de Psychiatrie infanto-juvénile, jeunes adultes et en Gérontopsychiatrie, des ateliers de musique mandingue, proposés par l’association Mazet production, offrent une nouvelle forme d’expression qui permet aux jeunes patients d’exprimer leurs maux le temps d’un intermède musical. Le consentement personnel des jeunes et des séniors à prendre part à une activité collective les amène à structurer leur mental et à créer ensemble. En quelque mois, les transformations sont significatives. Parallèlement, les soignants découvrent de nouvelles pistes de rencontres constructives pour aider les patients à mieux vivre avec eux et les autres. Toujours présents et impliqués dans le déroulement des temps musicaux collectifs, les soignants ont été les témoins de ces libérations en séance.
Des contes en gérontologie
Cette année encore, l’association Terre de contes propose des séances de contes en randonnée à partir de collectage auprès des résidents autour d’un thème relevant de leur patrimoine culturel. Un film d’animation sera ensuite réalisé à partir de ce conte.
"La culture joue un rôle essentiel dans la nécessité de faire de l’hôpital un lieu plus humain et ouvert . Elle répond aux politiques visant à améliorer l’accueil et l’accompagnement des personnes hospitalisées et d’assurer aux soignants un cadre professionnel plus agréable. En dehors de tout objet thérapeutique, les professionnels de la culture participent à l’amélioration de l’environnement des personnes hospitalisées et contribuent à favoriser la relation entre ville et hôpital en venant à la rencontre des publics empêchés." expliquent les responsables du CHU de Nîmes dans leur communiqué.
L’implication de différents acteurs
Les programmes culturels proposés aux patients et usagers du CHUN bénéficient du soutien financier de la DRAC et de l’ARS Occitanie, dans le cadre de « Culture et Santé ». Pour l’année 2019, les deux ministères de tutelle ont accordé au CHU de Nîmes une subvention de 15 650 €. L’établissement hospitalo-universitaire nîmois soutient, sur des fonds propres, les six projets à hauteur de 10 300 €. Les projets culturels 2019 ont également bénéficié de la participation du fonds de dotation du CHU de Nîmes pour une somme de 5 000 €.