Qu’est-ce qu’un bon directeur d’hôpital ? Quels défis doit-il relever ? Quels risques pèsent sur lui ? Quelles qualités lui reconnaît-on ou aimeront-on lui prêter ? Pour le savoir l’Association des Directeurs d’Hôpital a sondé 300 membres des conseils de surveillance hospitaliers. Découverte du portrait-robot de ce professionnel, plus non profit manageur que haut fonctionnaire.
La formation
Pour un directeur d’hôpital (DH), le fait d’être un ancien élève de l’École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP) est un label reconnu par la majorité des répondants (53%) et plus particulièrement des usagers qui accordent un crédit supplémentaire à cet enseignement puisqu’ils sont 68% à être très favorable à ce cursus. Par contre les doyens sont à 75% opposés au système concours +EHESP.
En dehors de sa formation, un DH sera avant tout apprécié pour ses qualités d’homme d’action et de décision soit de manageur (51,2%). Moins déterminante sera son identification en tant qu’homme ou femme de santé publique (26%), de gestionnaire (17,3%) et encore moins de fonctionnaire (5,5%).
Concernant l’évolution du métier, les réponses montrent qu’il y a eu un avant et un après la loi HPST. Cette réforme est synonyme de pression financière* mais ce n’est pas la seule des contraintes qui pèsent sur les directeurs d’hôpitaux soumis à la rigueur réglementaires et à l’autorité du Directeur de l’Agence Régionale de Santé. Autant de sujétions qui réduisent la liberté d’action du décideur.
Le métier s’est aussi transformé du fait de l’évolution du paysage sanitaire. A l’heure de la multiplication des communautés hospitalières de territoire, il n’est plus question de fonctionner en autarcie dans son établissement. Le management est désormais partenarial avec les différents acteurs de santé et le travail d’animation s’étend aux réseaux tissés à l’échelle du territoire.
Le périmètre d’action s’est élargi et la démocratie sanitaire a transformé les rapports de force. Et ce n’est pas tant de connaissances règlementaires et techniques dont le manageur a besoin mais de vision stratégique, de capacité à mobiliser ses équipes, de sens du dialogue et de d’éthique et peut-être de connaissances médicales – ce qui ne saurait nuire selon les présidents de commission médicale d’établissement… Les membres du comité de surveillance vont donc plébisciter les qualités relationnelles et de communication… Comprendre par là une capacité à être à l’écoute, à s’impliquer, à faire preuve d’humanité, à engager une relation de qualité… Une sincérité et un sens du partage qui fera la différence au moment des choix cruciaux, quand il faudra susciter l’adhésion de tous pour atteindre les objectifs.
Mais l’humain ne fait pas tout et l’hôpital a besoin d’une bouffée d’air, en l’occurrence de davantage de moyens financiers et surtout de stabilité dans les politiques publiques – à bon entendeur…
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Membres des conseils de surveillance ayant renseigné le questionnaire
90 présidents de commission médicale d’établissement, 11 Directeurs généraux d’ARS, 190 représentants des usagers et de 8 Doyens de faculté de médecine soit auprès d’un tiers de leurs proches partenaires – à l’exception des maires-présidents de conseil de surveillance, seuls 21 ont été consultés, élections municipales oblige.
*La pression financière vient en tête largement devant la pression politique, réglementaire, sociale, sanitaire et médiatique
En savoir plus sur l’ADH
Fondée en 1961, l’Association s’est fixée dès sa création pour objectifs de renforcer les liens de camaraderie et de solidarité interprofessionnels, de défendre et promouvoir les intérêts de la fonction de direction tout en garantissant une neutralité politique, religieuse, culturelle et syndicale. Au fil des ans l’Association a structuré son activité autour de la formation et de l’animation d’un réseau, au niveau régional et national, tout en favorisant le développement d’échanges et de débats.
L’ADH détient une forte représentativité socio-professionnelle et géographique : Directeurs d’hôpital adhérents 34% sont chefs d’établissement (directeurs, directeurs généraux de CHU, directeurs d’ARH), 60% sont adjoints 6% en cours de formation (élèves directeurs d’hôpital EDH) – ce dernier chiffre est en progression constante 800 adhérents en 2004 ; 1.100 adhérents depuis 2005
L’enquête auprès des membres des conseils de surveillance est une première. Cette initiative s’inscrit dans la lignée des enquêtes inédites lancées par l’ADH : la procédure d’évaluation en 2007 ; la vision du métier en 2011 ; la « fusion des corps » en 2012 ; l’égalité femmes-hommes en 2013…
L’ADH vient de clore ses XXIIes Journées qui se sont tenues les 20 et 21 mars au Parc Floral de Vincennes
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Marie-Georges Fayn