Parlons de ce qui fâche mais prenons le temps de nous comprendre, d’analyser les limites de l’art médical et les failles du process de soins, d’entendre les exigences du patient, ses espoirs infinis en une médecine qu’il aimerait infaillible alors que chacune des prises en charge recèle sa part de risque. Tel est le dialogue que la Prévention médicale veut initier entre les professionnels de santé, les industriels du monde de la santé, l’Etat et les représentants d’associations de patients lors de son 3ème congrès qui se déroulera les 26 et 27 janvier 2012 au CNIT la Défense.
A l’hôpital, les événements indésirables touchent 1 patient sur 10. En médecine générale, ils motivent en moyenne entre 4 et 7% des réhospitalisations (1). Et s’il est vrai qu’une part d’aléa existe dans tout acte de soins, les enquêtes montrent qu’il est cependant possible de réduire le nombre d’erreurs médicales surtout quand elles ont pour origine une défaillance dans l’organisation ou dans la coordination autour du parcours du patient. « Heureusement des progrès sont possibles, déjà mis en place ou envisageables » rappelle Michel Dupuydauby Directeur Général de la Prévention Médicale qui a identifié 5 axes prioritaires d’amélioration : la mise en cohérence et la sécurisation du parcours des patients, le partage de l’information sur les risques, la capitalisation des savoirs construits à partir des travaux de la Commission des relations avec les usagers et de la qualité de la prise en charge, la participation accrue des patients, la maîtrise de l’innovation et du recyclage continu des compétences « dans un monde un monde médical où la demi vie des connaissances est descendue en dessous de 5,5 années en moyenne (2). Des mesures très concrètes d’amélioration seront présentées lors de ces deux journées : déploiement des check-lists, création de centres de simulation ou encore la priorité donnée à la sécurité des soins dans le cadre des restructurations des hôpitaux
Pour en savoir plus http://www.congres-prevention-medicale.org/
Ils ont dit
« L’erreur médicale est un double drame, de manière évidente pour la victime, sa famille et ses proches, mais aussi pour le professionnel de santé dont le soin est la vocation et qui voit les conséquences de son acte devenir contraires à ses intentions. »
Michel Dupuydauby, Directeur Général de la Prévention Médicale
« On voudrait évidemment dans l’avenir voir le slogan « jamais sur le patient pour la première fois » devenir une réalité absolue, ce qui suppose notamment une montée en puissance considérable de la simulation formation (3) mais accepter de prendre des risques avec l’innovation, avec le traitement est aussi un des buts recherchés tant il sert l’espoir de vie de chacun.
Professeur René Amalberti, directeur scientifique de la Prévention Médicale
Définition
Facile à définir dans l’industrie, l’erreur est, selon le Pr Amalberti, toujours difficile à caractériser en médecine car la pathologie évolue pour son compte et contribue naturellement à brouiller les pistes, sauf cas évident, entre ce qui relève de l’intervention médicale et ce qui relève de la maladie. Pire les décès ou les pertes de chances surviennent en grand nombre mais de façon très distribuée, de sorte qu’ils n’arrivent pas à provoquer la même intensité de réaction publique que les accidents groupés et médiatiques des tragédies de l’industrie (sauf quelques exceptions où les victimes ont été groupées comme le scandale du Sang Contaminé, les infections nosocomiales de la clinique du sport ou encore les sur irradiés d’Epinal).
En savoir plus sur la Prévention Médicale
Association loi de 1901 fondée en 2004, dont l’objet est la prévention des risques médicaux et paramédicaux mène des actions de sensibilisation et d’information sur le risque médical et sur les initiatives qualité engagées par les professionnels de santé. L’association dispose d’une plateforme d’assistance destinée à ses adhérents. Elle organise des actions de formation continue sur les risques liés aux soins. Elle a pour partenaires de nombreuses institutions du domaine de la santé dont l’Académie de Médecine, le Conseil National de l’Ordre des Médecins, le Conseil National de L’Ordre des Chirurgiens Dentistes, le Conseil National de l’Ordre des Sages Femmes, la Confédération Nationale des Syndicats Médicaux Français, la Confédération Nationale des Syndicats Dentaires. Elle travaille en relation étroite avec le groupe MACSF.
Marie-Georges Fayn
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1- Source Enquête nationale sur les événements indésirables ENEIS 2, 2009
2- Kaveh G. Shojania, MD; Margaret Sampson, MLIS; Mohammed T. Ansari, MBBS, MMedSc, MPhil; Jun Ji, MD, MHA; Steve Doucette, MSc and David Moher, PhD, How Quickly Do Systematic Reviews Go Out of Date? A Survival
Analysis, Ann Intern Med. 2007;147:224-233
3- Benning, A., Dixon-Woods, M., Nwulu, U., Ghaleb, M.A., Dawson, J., Barber, N., Franklin, B.D., Girling, A., Hemming, K., Carmalt, M., Rudge, G., Naicker, T., Kotecha, A., Derrington, M.C. and Lilford, R.J. (2011) Multiple component patient safety intervention in English hospitals: Controlled evaluation of second phase. BMJ, Feb 3, pp. 342:d199.