Alors que l’épidémie continue de reculer dans notre pays, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer le fonctionnement du Ségur de la Santé. A retenir également cette semaine, le lancement de l’application StopCovid et un chiffre – 30 millions d’euros – qui traduit la grande générosité des Français pendant la crise sanitaire.
Le professeur Robert Cohen, vice-président de la Société française de pédiatrie a mené, avec 26 autres pédiatres, une étude auprès de 605 enfants en Île-de-France. Selon les résultats publiés le 4 juin dans Le Parisien, seuls 0,6% des enfants contaminés étaient contagieux. « Dans neuf cas sur dix, ce sont les adultes qui ont contaminé les enfants », conclut le Pr Cohen. Des résultats qui viennent contredire l’affirmation de la forte contagiosité des plus jeunes…
En matière d’évolution de l’épidémie, si la France a dépassé le 3 juin la barre des 29.000 morts du Covid-19 – 29 021 personnes ont succombé au virus : 18 671 personnes au sein des hôpitaux et 10 350 dans les établissements médico-sociaux.- la baisse des hospitalisations se poursuit avec 1.210 malades en réanimation.
Solidarité
Dans ce contexte de recul du Covid-19, la générosité des Français reste forte. Le 30 mai dernier, la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France a indiqué : « Votre solidarité nous a permis de redistribuer en urgence 30 millions d’euros à 300 hôpitaux et près de 3 000 Ehpad pour aider les soignants et les patients dans la lutte contre le Covid-19. Les demandes sont encore nombreuses. Nous avons besoin de vous pour les soutenir ». « La Fondation et la FHF, partenaires depuis le début de la crise sanitaire, ont permis, grâce à des procédures accélérées, d’orienter très vite des dons d’un niveau jamais atteints vers les hospitaliers et les hôpitaux dès avril. Merci aux Français et aux entreprises », a immédiatement réagi Frédéric Valletoux, Président de la Fédération hospitalière de France.
Ségur de la Santé
Le Ségur de la Santé suscite en revanche des réactions plus… tranchées. Cette concertation lancée par le Premier Ministre le 25 mai soulève toujours beaucoup de scepticisme. Le 1er juin à Arras, plusieurs dizaines de soignants ont manifesté devant l’hôpital. Valérie Clover, aide-soignante depuis 33 ans, s’est exprimée sur France Info : “La prime, on n’en veut pas. Ce qu’on veut nous, c’est une augmentation de 400 euros mensuelle net. Ce qu’on veut c’est qu’il y ait une titularisation, qu’il n’y ait plus d’emplois précaires (…). Il y a quelques temps, on nous tapait dessus. Aujourd’hui on a de la reconnaissance, demain, on nous retapera dessus. Ce Ségur nous proposera certainement quelque chose, mais qu’est-ce qu’il va nous reprendre derrière ?”
Thierry Amouroux porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers ne s’est pas non plus montré confiant quant à l’issue de la concertation. S’exprimant sur Radio Notre-Dame le 2 juin, il a assimilé le Ségur de la santé à « une grande oprération de communication. On voit que dans des secteurs comme l’automobile et l’aviation, des milliards sont débloqués d’un seul coup, alors que pour l’hôpital, il faut engager une réflexion, pourtant on a déjà identifié les manques ». « Les soignants et l’ensemble des personnels hospitaliers attendent beaucoup du Ségur de la Santé. Si les mesures n’étaient pas à la hauteur de leurs attentes, beaucoup pourraient partir et le risque d’un effondrement de l’hôpital grandirait », a pour sa part exprimé le Pr Rémi Salomon, Président de la Commission Médicale d’Etablissement de l’APHP.
Le 3 juin, le syndicat Sud Santé a annoncé qu’il quittait la table du Ségur de la santé : « Comme nous le craignions, à la place des négociations et de l’urgence à répondre aux attentes des hospitaliers, on nous a présenté un concept de réunion brainstorming national, en nous mettant face à une page blanche ignorant toutes les mobilisations hospitalières de 2019 et 2020… », peut-on lire dans un communiqué.
Sud Santé cède donc sa place au syndicat Jeunes Médecins qui a obtenu le "droit" de participer à la concertation après une action en référé devant le tribunal administratif de Paris. Après avoir relevé «une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale», le juge a «enjoint au ministre des solidarités et de la santé de convoquer le syndicat Jeunes Médecins aux négociations du Ségur de la santé et de lui assurer un traitement égal à celui des autres organisations syndicales représentatives».
StopCovid
Quant à l’application de traçage StopCovid, disponible depuis le 2 juin, elle a téléchargée en 48 heures par plus de 600 000 personnes. Une exploitation qui aura un coût élevé selon L’Obs : entre 200.000 et 300.000 euros par mois pour sa maintenance et son hébergement.