L’unité médico-sociale appelée « Espace Lionnois » est une permanence d’accès aux soins de santé dédiée à l’accueil et à la prise en charge sociale et médicale des personnes en situation précaire. Créé en 1999 dans la continuité de la loi de lutte contre l’exclusion, il est hors pôles et fonctionne avec des médecins généralistes, une assistante sociale et une accompagnante de santé. Des accueillantes de santé, à titre bénévole, veillent à la qualité de l’accueil des consultants et de leur famille. Son emplacement rue Lionnois, ne doit rien au hasard : c’est un lien entre la ville et l’hôpital où sont accueillies beaucoup de personnes marginalisées pour un temps ou pour longtemps. Témoignage…
« L’Espace Lionnois est bien connu des associations et des partenaires sociaux de la ville et de l’agglomération, explique Marie-France Ruais cadre socio éducatif et responsable de l’espace, mais nous devons améliorer notre reconnaissance par les différents services de l’hôpital. » « Il n’est pas rare de voir des patients qui ont été hospitalisés et qui pourraient relever de nos compétences, revenir vers nous par des structures extérieures… » précise le Dr Michel Maignan, référent médical.
Les « primo-arrivants » immigrés et les demandeurs d’asile, représentent la moitié des personnes prises en charge par l’unité médico-sociale, une population qui voit l’ouverture de ses droits sociaux soumise à une présence d’au moins 3 mois sur le territoire français. « Beaucoup n’ont de la France que les images des touristes qui séjournent dans leurs pays, explique Céline Germain, il y a donc un gros travail à faire pour gérer leur arrivée dans une réalité beaucoup moins idyllique. Mais en même temps, ils viennent parfois de pays où le quotidien est très dur voire tragique. » Afrique, Asie, Amérique du Sud et Europe centrale : leurs origines sont cosmopolites et la situation transfrontalière de la région explique leur halte par la cité lorraine. Pour palier le handicap des barrières linguistiques, un service d’interprétariat par téléphone, unique au CHU de Nancy et financé par la DDASS 54, est à la disposition de l’équipe.
D’autres patients, bénéficiant de droits sociaux, vivant d’autres types de précarité sont accueillis à l’Espace Lionnois. Pauvreté, errance, addiction : autant d’épreuves qui les conduisent souvent à être dans l’urgence pour accepter de se faire soigner. La mission de l’équipe de l’Espace Lionnois est alors de favoriser leur réinsertion dans le schéma « traditionnel » du parcours de soins de ville.
La prise en charge médicale à l’Espace Lionnois est générale mais ne concerne pas la gynécologie, l’obstétrique, la psychiatrie, la toxicomanie ou les soins dentaires : des liens privilégiés ont été développés avec les partenaires correspondants. Toute personne accueillie bénéficie d’un entretien avec l’assistante sociale pour clarifier sa situation : « Il est important de prendre du temps pour favoriser l’écoute et le conseil, commente Céline Germain l’assistante sociale en place, en moyenne, 6 patients sont reçus chaque jour. » Le médecin de son côté pose un diagnostic qui révèle souvent de multiples pathologies liées à la précarité des patients. Au besoin des rendez-vous sont fixés avec des spécialistes du CHU. Il s’agit alors de dresser des priorités pour faire coller au plus près les soins avec une ouverture ou une régularisation de droits sociaux des patients.
Les activités médicales et les missions humanistes de l’Espace Lionnois en font un maillon essentiel de la vie du CHU de Nancy qui, en tant qu’hôpital public, se doit d’assurer à tous un égal accès aux soins. Dans un environnement collectif de plus en plus aléatoire, dans un contexte de mondialisation où la circulation des personnes est de plus en plus accélérée, la santé doit rester un bien commun à préserver.