Les missions de l’UCSA
L’UCSA veille sur la santé de 350 à 400 détenus, hommes, femmes ou mineurs, incarcérés à la maison d’arrêt de La Talaudière. Ils rendent visite aussi deux fois par semaine aux personnes placées en cellules d’isolement et en quartier disciplinaire et reçoivent systématiquement pour un bilan tout nouvel arrivant . « Nous assurons le même suivi médical qu’à l’extérieur de la prison et nous apprenons à considérer les détenus comme des patients ordinaires. Le respect de l’individu est essentiel, d’ailleurs les surveillants n’assistent pas aux consultations. » expliquent Elisabeth Joumard et Martine Charvolin.
En plus des soins, les infirmières distribuent chaque jour les médicaments aux prisonniers, cellule par cellule. La gestion de la pharmacie représente un travail conséquent.
L’éducation à la santé est leur seconde mission ; elles organisent des conférences avec des intervenants extérieurs sur les gestes de premier secours, l’hygiène, les méfaits du tabac et de l’alcool, la prévention du suicide…
Enfin elles maintiennent un lien avec l’extérieur au travers des associations et des médecins traitants pour préparer le détenu à sa réinsertion. »
Les principales pathologies rencontrées en milieu carcéral
Le suivi psychiatrique : De nombreux détenus connaissent des problèmes d’addiction, de moeurs ou d’anxiété. On sait notamment qu’il y a sept fois plus de suicides en prison qu’à l’extérieur. Il est évident que quelques uns viennent chercher une écoute auprès de l’équipe médicale. »
L’équipe doit également traiter l’anxiété sous toutes ses formes, l’insomnie souvent liée à l’inactivité, les dermatoses dues au stress, à la mauvaise alimentation et au manque d’hygiène, les traumatologies après des séances intensives de football et de musculation et enfin des problèmes d’estomac !
Les contraintes du milieu pénitentier
Il n’est pas possible de se rendre librement au chevet d’un détenu comme auprès d’un patient habituel. De même, pour des consultations spécialisées au CHU, il faut que le fourgon pénitentiaire et deux surveillants soient disponibles pour conduire un détenu. Et la confirmation ne vient qu’à la dernière minute. Ce sont des contraintes dont ne sont pas toujours conscients les services du CHU. Heureusement, grâce au Pr Bertrand, nous entretenons de bonnes relations avec les urgences qui disposent également des deux chambres carcérales au CHU.
Les équipes médicales souffrent aussi de la pesanteur de l’environnement carcéral : fermeture des portes, l’ouverture impossible des fenêtres sur l’extérieur, la présence constante des gardiens, les cris incessants (les détenus n’ont que ce moyen pour communiquer). Il faut aussi éviter de penser au danger mais être toujours vigilants car la population carcérale est instable par définition. « Certains jours, ces conditions sont nerveusement éprouvantes. » reconnaissent les intervenantes.
L’UCSA en quelques chiffres, en 2001 :
– le médecin généraliste a effectué 3 190 consultations
– les psychiatres 1 205 consultations
– les psychologues 835 consultations
– le dermatologue 523 consultations (dont des consultations de dépistage anonyme et gratuit)
– les dentistes ont réalisé 523 soins dentaires
– les infirmières 13 301 soins divers
– les manipulateurs radio 615 clichés
L’UCSA, une équipe pluridisciplinaire* constituée de :
– 1 médecin généraliste
– 4 psychiatres
– 1 dermatologue
– 2 dentistes
– 5 infirmières
– 1 kinésithérapeute
– 2 psychologues
– 2 manipulateurs radio
– 1 podologue
– 1 secrétaire médicale
*personnes physiques intervenant dans l’unité et non en effectifs autorisés