La protéine Rituximab, un espoir pour les patients atteints de lymphome folliculaire. Cet anticorps monoclonal* est indiqué en complément d’une chimiothérapie dans le traitement du lymphome folliculaire. Utilisé en tant que traitement d’entretien, il permet de prévenir les rechutes de la maladie. C’est ce que montre l’étude pilotée par le Pr Gilles Salles, Hématologue au CHU de Lyon, publiée dans le numéro de janvier du prestigieux The Lancet.
Le lymphome folliculaire, cancer du système lymphatique, est le 2ème lymphome le plus fréquent. A ce jour, on ne sait pas le guérir. L’espérance de vie des patients est de près d’une quinzaine d’années, avec un traitement initial de 6 mois, reposant sur l’association d’une chimiothérapie à des injections de Rituximab. Le problème : près de la moitié des patients rechute après 3 à 5 ans.
Une étude internationale conduite au CHU de Lyon par le Groupe d’Etude des Lymphomes de l’Adulte (GELA) et coordonnée par le Pr Gilles Salles a testé les bénéfices d’une injection de Rituximab en traitement d’entretien, tous les deux mois, pendant les deux années qui suivent le traitement initial du lymphome folliculaire. 225 services ont été mobilisés et 1019 patients recrutés dans 25 pays. Il s’agit de l’étude la plus importante jamais menée sur le lymphome folliculaire.
Sur les 1019 volontaires à l’étude, 505 recevaient le Rituximab en traitement d’entretien, et 513 ne recevaient aucun traitement. Au bout de deux ans, 75% des patients traités n’avaient pas fait de rechute, soit une diminution de près de moitié du nombre de rechutes. Trois ans après le lancement de l’étude (fin 2004), l’article publié dans The Lancet affirme que l’utilisation du Rituximab en tant que traitement d’entretien permet d’augmenter l’espérance de vie sans signes de maladie des patients, quels que soient l’âge et le sexe (95% des patients sont en vie 3ans ½ après le début du traitement).
De plus, le traitement est bien toléré par les patients, malgré une fréquence plus élevée d’effets secondaires, notamment de type infections (37% des patients avec Rituximab en entretien contre 24% pour les autres) dont 26 patients avec des infections considérées comme graves. Le traitement d’entretien n’a pas de conséquence négative sur la qualité de vie des patients, qui, pour la plupart, retournent à leur activité professionnelle dès la fin de la thérapie d’entretien.
Aujourd’hui, cette thérapie d’entretien est prescrite pour tous les patients soignés au CHU de Lyon pour un lymphome folliculaire, et tend à s’étendre à l’ensemble des établissements hospitaliers de France.
* Le Rituximab est une protéine fabriquée par génie génétique administrée actuellement par voie intra-veineuse. Cette protéine correspond à un anticorps chimérique (une partie dérivée d’un anticorps humain, une partie dérivée de séquences d’un anticorps de souris) reconnaissant de manière très spécifique l’antigène CD20 qui est présent à la surface des cellules de 85% des lymphomes (tous les lymphomes dits lymphomes B) et sur celle des lymphocytes B normaux. Cet anticorps va se fixer sur ces cellules qui portent CD20 et provoquer leur destruction. IL s’agit d’une forme d’immunothérapie (traitement reposant sur l’activité du système immunitaire).