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Mai 2019 Vincent Lambert : les obstinations déraisonnables?

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Les énièmes rebondissements concernant la fin de vie de Vincent Lambert - victime d'un accident de la route en 2008, et depuis dans un état végétatif chronique irréversible et la Paris Healthcare Week, rendez-vous incontournable de l'innovation hospitalière ont rythmé l’actualité santé du mois de mai.
Les énièmes rebondissements concernant la fin de vie de Vincent Lambert – victime d’un accident de la route en 2008, et depuis dans un état végétatif chronique irréversible et la Paris Healthcare Week, rendez-vous incontournable  de l’innovation hospitalière ont rythmé l’actualité santé du mois de mai..
« Concernant Vincent Lambert, le diagnostic d’état végétatif chronique n’est pas à remettre en question (plusieurs nombreux experts l’ont confirmé). Ce qui fait difficulté dans cette situation de Vincent Lambert, c’est le désaccord irréductible entre différents membres de la famille… il s’agit de prendre une décision pour autrui, d’argumenter et de croiser des arguments différents sur le sujet… Dans la grande majorité des cas, nous arrivons à un accord avec la famille. L’idée est de pouvoir avoir une démarche éthique, imposer que chaque partenaire de la discussion accepte de modifier son avis sous l’influence des arguments d’autrui… Quand l’accord est impossible, on s’en réfère à la loi… Les directives anticipées s’imposent au médecin. En l’absence de directives anticipées, le médecin est responsable de cette décision », résume parfaitement le Pr Régis Aubry, Président de l’Observatoire national de la fin de vie et chef du service des soins palliatifs au CHU de Besançon au micro de France Culture.
Alors que les soins donnés à Vincent Lambert étaient abandonnés dans la matinée du 20 mai, la sédation de Vincent Lambert était interrompue quelques heures plus tard, sur ordre de la Cour d’appel de Paris, qui avait été immédiatement saisie par les parents de Vincent. Dans la foulée, l’alimentation et l’hydratation étaient rétablies. « Énième coup de théâtre dans cette douloureuse affaire Vincent Lambert, ce tétraplégique en état végétatif devenu le symbole du débat sur la fin de vie en France.  Un simple sursis, le temps que le Comité international des droits des personnes handicapées (CDPH) puisse examiner son dossier ? » interroge le Figaro.
Initiative à souligner, le 25 mai, l’Express publie l’appel de la Société Française d’Anesthésie-Réanimation (SFAR) pour défendre la loi Claeys-Leonetti, insuffisamment connue du grand public. La SFAR commence son communiqué en rappelant qu’elle « compatit à la souffrance qu’ils (les rebondissements judiciaires, ndlr) engendrent tant pour le patient que pour sa famille, ses proches et les équipes soignantes » et dénonce également « avec force les propos de ceux qui affirment qu’en réanimation les médecins pratiquent l’euthanasie en injectant du potassium ou des curares ». 
Le 27 mai, la presse nous informe que les parents de Vincent Lambert ont décidé de poursuivre le CHU de Reims et le Dr Sanchez pour « non-assistance à personne en péril ». « J’ai une totale confiance dans le tribunal correctionnel de Reims qui ne se fera pas abuser par cette manoeuvre ridicule », a réagi l’avocat de François Lambert, neveu de Vincent Lambert, auprès de nos confrères de 20 minutes
Notons également que le 24 mai, le député de Charente-Maritime Olivier Falorni, a annoncé qu’il allait déposer une proposition de loi pour instituer une hiérarchisation de la parole des proches dans le cas d’un arrêt des soins d’un patient. Le député, membre du groupe Liberté et territoires, a indiqué lors d’une conférence de presse à La Rochelle qu’il allait déposer un texte comportant deux articles détaillant cette hiérarchisation, relate Paris Match. Pour l’élu, "la voix qui prime, c’est celle de la personne de confiance qui a été désignée par le patient. S’il n’y en a pas, la décision revient à l’époux, au partenaire de Pacs ou au concubin. S’il n’y en a pas, le choix revient aux enfants majeurs de la personne, puis à ses parents, puis à ses frères et sœurs majeurs". Le député précise que cette décision doit être prise "après que les médecins, collégialement, ont déterminé un arrêt des soins déraisonnables qui prolongent la vie de façon artificielle. Et seulement si aucune directive anticipée concernant le choix de sa fin de vie n’a été prise. Tout cela pour conserver la liberté de choix du patient qui ne peut pas s’exprimer".
Autre élément de nature à enrichir le débat, l’interview accordée à France Info par Jean-Luc Truelle, Professeur honoraire de neurologie, ancien chef de service à l’hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine) et coauteur de l’ouvrage collectif Médiation et santé, un nouveau droit de l’homme. Pour Jean-Luc Truelle, il est urgent de développer le recours à la médiation. « Dans le cas de Vincent Lambert, ma réflexion de médiateur m’amène à dire qu’on aurait dû essayer dès 2013 de voir quel était le nœud du problème pour essayer de rapprocher les points de vue. Je ne suis pas devin et c’est toujours difficile de reconstruire le futur antérieur, mais j’ai quelque raison de penser qu’on aurait pu à ce moment-là arriver à trouver des points d’accord plus facilement qu’aujourd’hui. »

En direct du Salon International Santé et Innovation

Le Salon International Santé et Innovation de la Fédération hospitalière de France (FHF) et le Salon Infirmier organisés par Paris Healthcare Week s’est tenu du 21 au 23 mai. Le salon a une nouvelle fois battu des records de fréquentation en accueillant 29 397 professionnels dont 19 997 pour HopitalExpo, GerontHandicapExpo et le Salon HIT et 9 400 pour le Salon Infirmier. « La FHF décrète l’état d’urgence à l’hôpital », écrit Le Quotidien du Médecin. Une urgence d’abord financière. « Frédéric Valletoux apprécie le « début d’écoute » d’Agnès Buzyn pour desserrer l’étau budgétaire (dégel intégral des crédits en réserve, hausse des tarifs de 0,5 % en 2019), mais c’est insuffisant. « Il faut aller plus loin ! » pour redonner des couleurs à l’hôpital, éreinté par les plans d’économies (8,6 milliards d’euros en quinze ans, encore 663 millions cette année) « qui continuent inlassablement », a tonné le patron de la FHF. Un « hold-up financier » subi par les établissements, résume-t-il. Frédéric Valletoux cible l’ONDAM, système de régulation qui « confine à l’absurde » et entraîne les hôpitaux dans une « logique mortifère d’asphyxie financière » qui les empêche d’investir et d’être attractifs », souligne Anne Bayle-Iniguez
« Trois priorités défendues par le FHF ont ensuite été développées : la nécessité de se préoccuper des professionnels de santé, de penser le parcours pour les plus fragiles et de revoir les modalités de financement. « L’attractivité de l’exercice à l’hôpital public est devenue incontournable. Il est urgent de revaloriser les professions et de se pencher sur la qualité de vie au travail, notamment dans les services d’urgences ». », note infirmiers.com.
Au cours de ce salon, l’équipe de Réseau CHU a réalisé de nombreuses interviews sur les questions d’actualité et sur les projets portés par l’ensemble des CHU
La présentation de la "France university Hospitals International" par Christophe Gautier, Président de la Commission Relations Internationales de la CDGCHU,
Le financement des CHU par Danielle Portal, présidente de la Commission des affaires financières des CHU,
"La charte d’engagement managérial : un acte fondateur pour les CHU" par Marie-Noëlle Gerain-Breuzard, présidente de la Commission ressources humaines – coordinateurs généraux des soins (à paraître). 
Notons enfin que France Culture a décidé de se pencher sur la modernisation de notre système de santé. « La situation de notre système de santé se fragilise, et pourtant la recherche médicale avance à grands pas et annonce de véritables révolutions thérapeutiques. Nous allons tenter d’éclairer les enjeux de la modernisation du système de santé en invitant certains acteurs de premier plan. » Le premier épisode est consacré à l’arrivée du numérique, de la robotisation et de l’intelligence artificielle. Avec Céline Vigné, diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et de l’EHESP (Directeur d’hôpital), Mathias Dufour, consultant en stratégie dans le secteur public, ancien haut fonctionnaire, co-fondateur de #Leplusimportant et Jean-Philippe Alosi, directeur des Affaires publiques et gouvernementales (laboratoire pharmaceutique).
Hélène Delmotte

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