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Anorexie, boulimie : soigner le corps et l’esprit

Au CHU de Nantes, des équipes pluridisciplinaires, expertes dans la prise en charge de l’anorexie et de la boulimie, prônent un projet de soins individualisé, co-construit avec humilité. Objectif : que les patients et leur famille retrouvent le chemin d’un développement entravé par la maladie.

Au CHU de Nantes, des équipes pluridisciplinaires, expertes dans la prise en charge de l’anorexie et de la boulimie, prônent un projet de soins individualisé, co-construit avec humilité. Objectif : que les patients et leur famille retrouvent le chemin d’un développement entravé par la maladie.
Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont des maladies graves pour lesquelles un suivi médical est indispensable. Anorexie et boulimie, addictions comportementales alimentaires sont le signe d’un mal être psychique. Elles touchent environ 600 000 français dont 90% de femmes souvent autours de l’adolescence. Les causes sont multiples, diffuses et restent difficiles à établir. Maladie à haut risque de rechute, l’anorexie mentale a le taux de mortalité le plus élevé des troubles psychiatriques. Environ 10 % des patients souffrant d’anorexie en décèdent. Les TCA sont de véritables « mille-feuilles » symptomatiques mêlant des complications somatiques, psychiatriques et sociales. La nature des soins doit ainsi être à la fois diversifiée et organisée afin d’aider le patient à retrouver un développement harmonieux. Un praticien seul ne peut pas tout faire.

Une conception pluridisciplinaire des soins

Précurseur et reconnu dans sa prise en charge pluridisciplinaire et ambulatoire des TCA, le CHU de Nantes articule sa prise en charge entre les services d’addictologie, d’endocrinologie, de médecine physique, de pédiatrie et d’hépato-gastroentérologie. Cette prise en charge pluridisciplinaire s’inscrit dans une démarche le plus souvent volontaire, contractualisée et personnalisée pour ces enfants, adolescents et adultes.
Pour tous ces praticiens  « L’axe nutritionnel est bien évidemment l’une des priorités de la prise en charge. Une priorité qui devient absolue si l’état somatique se précarise. Dans tous les cas, la lutte contre les effets de la dénutrition est nécessaire, ne serait-ce que pour permettre un travail psychiatrique » (1). Le corps n’est pas le seul qui doit guérir, l’esprit aussi doit être soigné et le chemin est long : une prise en charge peut durer plusieurs années, mais la guérison est possible.
Pour ces patients du CHU, la réponse thérapeutique est graduée et adaptée à chaque cas et à chaque étape de l’évolution de leur maladie. Ils bénéficient d’une prise en charge transdisciplinaire et personnalisée dans ces services du CHU de Nantes :
–  Le service de pédiatrie et l’unité de pédopsychiatrie de liaison soignent les patients de moins de 15 ans et 3 mois au début de la prise en charge. La prévalence de la maladie semble stable, mais de plus en plus de patients débutent la maladie à l’âge pédiatrique avec notamment une franche augmentation des moins de 11 ans (patients prépubères).

Les soins peuvent être proposés sur :
– Le service de pédiatrie générale : les patients sont accueillis pour une évaluation somatique et psychique. Une hospitalisation plus longue de renutrition est parfois nécessaire avec une prise en charge conjointe pédiatrique et pédopsychiatrique. L’équipe reçoit les parents de façon hebdomadaire. La fratrie de l’enfant est également accueillie sur des temps spécifiques.
–   L’Hôpital de jour ado : Les patients sont reçu par une équipe pluriprofessionnele pour des médiations groupales (atelier kiné, soin de soi, cuisine, danse, ergothérapie, repas thérapeutique…)  et des soins spécifiques de psychothérapie (groupe de parole et psychodrame). Ces soins s’organisent par périodes de 3 mois réévalués à chaque consultation pour une durée totale de 12 à 18 mois.
–  Le service d’addictologie propose des soins sur :
. Le CSAA (centre de soins ambulatoires en addictologie ou l’espace Barbara) Au-delà des premières consultations de bilan et d’orientation, l’HDJ accueille des patients dans une démarche volontaire, contractualisée et personnalisée. Les soins privilégient des activités de groupe et des séances de médiations thérapeutiques durant lesquelles les patients participent à des ateliers d’expression corporelle, verbale, émotionnelle, des activités sportives, des repas thérapeutiques…
. L’unité d’hospitalisation à temps complet Lou-Andréas-Salomé qui permet aux patients une mise à distance temporaire des éléments environnementaux afin de rompre avec les habitudes et d’intensifier les soins. La spécificité de cette unité est de proposer un soin continu aux personnes se mettant en danger à travers leurs TCA et autres addictions comportementales.
–  Une hospitalisation dans le service d’endocrinologie, maladie métaboliques et nutrition est nécessaire pour effectuer un bilan nutritionnel afin d’évaluer la gravité ainsi que d’entamer si besoin la mise en place d’une nutrition par sonde naso-gastrique.
 – Au service d’hépato-gastroentérologie, deux unités assurent les soins : l’équipe d’assistance nutritionnelle dédiée au dépistage de la dénutrition en activité de liaison. Et l’unité de soins intensifs pour les patients dénutri, avec défaillance d’organe.
 –  Le service de médecine physique et réadaptation propose aux patients un programme d’activité physique adaptée à visée thérapeutique au cours d’une hospitalisation couplé à un travail de renforcement musculaire et un travail sur l’image de soi et sur l’élaboration des repas sont proposés.
Les équipes du CHU de Nantes ont participé à l’écriture des recommandations sur l’anorexie diffusées par l’HAS en 2010. Dans ces recommandations de bonnes pratiques de prises en charge, l’implication thérapeutique des familles est également un élément essentiel de la guérison, depuis longtemps intégré par les équipes soignantes à travers des entretiens familiaux réguliers, des groupes de parents ou familles. Par ailleurs, le CHU de Nantes participe aux prochaines recommandations de la HAS sur la boulimie en cours de rédaction.
Ces experts des TCA du CHU de Nantes ont depuis longtemps intégré la nécessité de constituer un travail de réseau entre les services du CHU ainsi qu’avec la ville (libéral et cliniques) au sein du réseau ABELA (2) notamment. C’est l’établissement d’un projet de soins cohérent, contenant et individualisé, co-construit avec humilité, qui permet à ces patients et à leur famille de retrouver, au long-cours, le chemin d’un développement entravé par la maladie.
IFAC : L’institut fédératif des addictions comportementales adossé au service d’addictologie du CHU à la triple mission de développer la recherche, la formation, ainsi que l’information et la prévention. 
File active 2017 
Espace Barbara : consultations 350 patients HDJ 126 patients
Pédiatrie : 37 patients (47 séjours)
HDJ ado : 53 patients
Lou-Andréas-Salomé en moyenne 100 à 120 patients / an
(1) Citation tirée de la publication commune : « La prise en charge des troubles du comportement alimentaire » parue en avril 2012 dans la revue médicale Médecine des Maladies Métaboliques.
(2) Le réseau ABELA est une association qui a été créé à l’initiative du service d’addictologie du CHU de Nantes réunissant des professionnels du champ médical, psychologique, social et des représentants d’associations de familles et d’usagers. Son objectif est d’amplifier les actions de partenariat ville hôpital, afin de favoriser l’accès aux soins, d’en améliorer la qualité et de permettre une meilleure coordination, continuité et interdisciplinarité autours des problématiques alimentaires.

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