Le laboratoire de microbiologie de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille dirigé par le Pr Didier Raoult a révélé une augmentation des gonococcies, de la syphilis et des primo-infections par le VIH en 2012. La veille systématique du nombre d’infections diagnostiquées réalisée depuis 2002 dans son laboratoire de microbiologie clinique permet de suivre les phénomènes saisonniers et les variations de l’incidence des maladies infectieuses et contagieuses [1]. Pour assurer cette surveillance, le laboratoire centralise les 145.000 tests sérologiques, 200.000 tests PCR, ainsi que les cultures de bactéries, levures et virus sur les 220.000 échantillons [2] prélevés sur les patients de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille.
Ces données sont indexées dans une base informatique qui signale toute incidence d’infection supérieure à la moyenne plus deux écarts-types. Récemment, une recrudescence a été enregistrée : sept cas de gonococcies ont été diagnostiqués en septembre 2012, alors que le nombre moyen était de 1,2 cas (extrêmes: 0-3 cas) de janvier 2005 à août, un pic qui correspond aussi à 10 fois le nombre de cas de gonococcies diagnostiquées de septembre à décembre 2012 par rapport aux mêmes mois des sept années précédentes.
En hausse également en 2012, les syphilis actives diagnostiquées par sérologie, 2,7 fois plus (164 cas) que durant la période 2005-2011 (de 44 à 84 cas par an, 62 en moyenne).
Progresse aussi le nombre annuel de personnes primo-infectées par le VIH : 1,8 fois plus élevé en 2012 (16 cas) qu’au cours des années 2005-2011 (9 cas en moyenne).
En 2012, 81% des cas de gonococcies, 89% des syphilis actives, et 100% des primo-infections VIH ont été diagnostiquées chez des hommes, dont l’âge moyen était respectivement de 29, 46, et 39 ans. Parmi les cas de primo-infections VIH, le nombre d’hommes touchés explose : le sexe-ratio homme/femme entre les périodes 2005-2010 (37 hommes pour 13 femmes) et 2011-2012 (27 hommes pour 1 femme) (p= 0,014 ).
A l’instar des systèmes de surveillance déployés en Angleterre et au Pays de Galles, la vigie marseillaise fondée sur les diagnostics d’infection est en mesure de détecter en temps réel des changements dans l’incidence des maladies infectieuses. Grâce à ce dispositif, Marseille a été le premier centre européen à repérer et décrire une augmentation des infections sexuellement transmissibles en 2012.
Références
1. Enki DG, Noufaily A, Garthwaite PH, Andrews NJ, Charlett A, Lane C, Farrington CP. Automated biosurveillance data from England and wales, 1991-2011. Emerg Infect Dis. 2013;19(1):35-42.
2. Parola P, Colson P, Dubourg G, Million M, Charrel R, Minodier P, Raoult D. Letter to the editor. Group A streptococcal infections during the seasonal influenza outbreak 2010/11 in South East England. Euro Surveill. 2011;16(11):pii: 19816.
3. Colson P, Gouriet F, Badiaga S, Tamalet C, Stein A, Raoult D. Real-time laboratory surveillance of sexually-transmissible infections in Marseille University hospitals reveals rise of gonorrhoea, syphilis and human immunodeficiency virus seroconversions in 2012. Euro Surveill. 2013, in press.