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« Wake and kill » : un nouveau concept pour éliminer les rechutes du paludisme

Une équipe française a réussi à cultiver la forme hépatique dormante du parasite du paludisme, jusqu’alors inaccessible aux chercheurs. Cette avancée est à l’origine d’un nouveau traitement visant à éliminer certaines rechutes. Son concept innovant « réveiller pour mieux tuer » combinerait

Une équipe française a réussi à cultiver la forme hépatique dormante du parasite du paludisme, jusqu’alors inaccessible aux chercheurs. Cette avancée est à l’origine d’un nouveau traitement visant à éliminer certaines rechutes. Son concept innovant « réveiller pour mieux tuer » combinerait une molécule qui ravive le parasite dormant avec un des nombreux médicaments capables d’en venir à bout. Ces résultats viennent d’être publiés dans la revue Nature Medicine*.

L’équipe de chercheurs est coordonnée par le Pr Dominique Mazier (AP-HP, UPMC, Unité Inserm 1135, CNRS ERL 8255) et le Dr Georges Snounou, Directeur de recherche au CNRS (UPMC, Unité Inserm 1135, CNRS ERL 8255)
La prise en charge du paludisme aujourd’hui
Après la piqûre d’un moustique infecté, le parasite responsable du paludisme gagne le foie où il se multiplie. Ensuite, il se propage dans le sang où sa prolifération provoquera une maladie potentiellement mortelle. Dans certains cas, dont celui du parasite Plasmodium vivax chez l’homme, une fraction des parasites hépatiques peut rester « dormante » un an ou plus, d’où leur nom d’hypnozoïte. Ensuite ceux-ci se « réveillent » au cours du temps et provoquent une infection sanguine. Cette caractéristique est probablement à l’origine de la croyance que le paludisme persiste à vie.
L’hypnozoïte représente, dans le cadre du contrôle/élimination du paludisme, une double difficulté : un plus grand nombre de cas à traiter et une transmission accrue. Malheureusement la primaquine (et son équivalent récemment développé, la tafénoquine), seuls médicaments capables de tuer les hypnozoïtes, ont des effets indésirables parfois graves pour l’organisme. C’est pourquoi l’identification de molécules sûres pour les remplacer constitue une urgence de santé publique.
Jusqu’à présent, la recherche de nouveaux médicaments anti-hypnozoïtes s’est appuyée sur des observations faites chez chez l’homme infecté avec P. vivax, ou chez les singes infectés avec un parasite proche de P. vivax, P. cynomolgi.

Grâce à une collaboration avec les équipes de l’infrastructure nationale IDMIT (Infectious Diseases Models For Innovative Therapies) au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et celles du Biomedical Primate Research Centre (BPRC) aux Pays-Bas, l’équipe du Pr Dominique Mazier et du Dr Georges Snounou ont d’abord réussi à maintenir en culture des cellules hépatiques infectées jusqu’à 40 jours, soit près de quatre fois plus longtemps que ce qui est généralement obtenu. Elle a ensuite montré la persistance des formes dormantes tout au long de la culture, certaines se réveillant au fil du temps, mimant ainsi ce qui se passe chez l’homme. Elle a également testé sur ces hypnozoïtes de nouvelles molécules inhibitrices des facteurs épigénétiques qui ciblent des méthyltransférases d’histones, capables de tuer la forme sanguine du parasite (découvertes à l’Institut Pasteur, Paris). Paradoxalement, l’une d’entre elles induisait le réveil des hypnozoïtes. Ce résultat inattendu a amené l’équipe à formuler une nouvelle stratégie: « Wake & Kill » consistant à associer une molécule capable de réveiller le parasite dormant à un des nombreux traitements disponibles et qui a fait ses preuves d’efficacité sur le parasite en cours de multiplication.
Des résultats porteurs d’espoir dans la prise en charge du paludisme
Grâce à cette méthodologie développée via une collaboration internationale et multi-instituts (Inserm, CNRS, CIMI, CEA, UPMC, AP-HP, Institut Pasteur Paris), il est désormais possible de cribler in vitro des médicaments pour leur effet anti-hypnozoïte, limitant ainsi le recours aux animaux. Le défi consiste à adapter cette technique au criblage d’un grand nombre de composés. En outre, la possibilité de cultiver des hypnozoïtes va enfin permettre aux scientifiques d’étudier cette forme parasitaire énigmatique décrite 100 ans après la découverte de l’agent du paludisme par Laveran en 1880.
Pour en savoir plus

Contact chercheurs :
Pr. Dominique Mazier, Université Pierre et Marie Curie (UPMC)
Service de Parasitologie-Mycologie, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière AP-HP, 47-83 Boulevard de l’Hôpital,
75651 Paris Cedex 13, France. Tel : +33 1 42 16 41 17 ; Fax : +33 1 42 16 06 26;
Email : dominique.mazier@psl.aphp.fr

Dr Georges Snounou, UPMC INSERM U1135 (CIMI-Paris), CNRS ERL 8255
Université Pierre & Marie Curie, 91 Boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France. Tel : +33 1 40 77 81 01; Fax : + 33
1 45 83 88 58 ;
Email : georges.snounou@upmc.fr

*Source publication : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24509527
Persistence and activation of malaria hypnozoites in long-term primary hepatocyte cultures
Laurent Dembélé1,2,13, Jean-François Franetich1,2,13, Audrey Lorthiois1,2, Audrey Gego1,2, Anne-Marie Zeeman3, Clemens H M
Kocken3, Roger Le Grand4,5, Nathalie Dereuddre-Bosquet4,5, Geert-Jan van Gemert6, Robert Sauerwein6, Jean-Christophe
Vaillant7, Laurent Hannoun7, Matthew J Fuchter8, Thierry T Diagana9, Nicholas A Malmquist10,11, Artur Scherf10,11, Georges
Snounou1,2 ,11& Dominique Mazier1,2,12,13
1-Sorbonne Universités, Université Pierre et Marie Curie Paris 6, UMR S945, Paris, France.
2-Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale, U945, Paris, France.
3-Department of Parasitology, Biomedical Primate Research Centre, Rijswijk, The Netherlands.
4-Division of Immuno-Virology, Institute of Emerging Diseases and Innovative Therapies, Commissariat à
l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives, Fontenay-aux-Roses, France.
5-Université Paris-Sud XI, UMRE01, Orsay, France.
6-Department of Medical Microbiology, Radboud University Nijmegen Medical Centre, Nijmegen, The
Netherlands.
7-Service de Chirurgie Digestive, Hépato-Bilio-Pancréatique et Transplantation Hépatique, Hôpital Pitié-
Salpêtrière, Paris, France.
8- Department of Chemistry, Imperial College London, South Kensington Campus, London, UK.
9- Novartis Institute for Tropical Diseases, Singapore.
10- Unité de Biologie des Interactions Hôte-Parasite, Institut Pasteur, Paris, France.
11-Centre National de la Recherche Scientifique, Unité de Recherche Associée 2581, Paris, France.
12-Assistance Publique–Hôpitaux de Paris, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière, Service Parasitologie-
Mycologie, Paris, France.
13- CIMI Campus de Jussieu – Tour Zamansky – 4, place Jussieu 75005 Paris

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