Le CHU de Lille met au point un dispositif innovant de traitement au laser des glioblastomes permettant à la fois de minimiser le risque chirurgical et celui de récidive de ces tumeurs cérébrales malignes. Le fruit d’un remarquable travail de recherche, réalisé avec l’Inserm et l’Université de Lille, du développement de la technique jusqu’au lit du patient. Par cette avancée le CHU de Lille inscrit une 118ème ligne au tableau des grandes premières mondiales réalisées par les CHU de France.
Evaluée dans le cadre de l’étude INDYGO lancée en janvier 2017 au CHU de Lille, cette association d’un nouveau dispositif d’illumination laser peropératoire à une molécule photosensibilisatrice pour le traitement de glioblastomes est unique au monde. Elle a été mise au point par l’unité ONCO-THAI 1189*, associant l’Inserm, l’université et le CHU de Lille, dirigée par le Pr Serge Mordon en collaboration avec le Pr Nicolas Reyns et le Dr Maximilien Vermandel du CHU de Lille.
1)Pr Serge Mordon, directeur de l’unité ONCO-THAI 1189 (Inserm)- 2)Pr Nicolas Reyns, coordonnateur de l’étude INDYGO (CHU de Lille)- 3)Dr Maximilien Vermandel (CHU de Lille) (crédit photo CHU de Lille)
Le glioblastome, 3e cause de décès par cancer cher le jeune adulte
Le glioblastome est la tumeur cérébrale primitive maligne la plus fréquente chez l’adulte, avec une incidence de 4/100 000 (20.000 cas/an en Europe). 3ème cause de décès par cancer chez le jeune adulte (entre 15 et 35 ans), cette tumeur incurable est associée à une survie très limitée (médiane inférieure à 18 mois avec le traitement conventionnel).
Réduire le risque de récidive et améliorer la survie
Aussi l’optimisation de la chirurgie reste un enjeu significatif afin d’améliorer la survie sans progression et la survie globale. En effet, même en cas de traitement chirurgical satisfaisant, le risque de récidive tumorale est très élevé et le pronostic demeure très péjoratif.
«Face à la progression rapide du glioblastome, une stratégie thérapeutique agressive est recommandée par les experts européens qui ont établi un standard de soin. Ce standard inclut la chirurgie, lorsqu’elle est possible, une radiothérapie et chimiothérapie concomitantes et adjuvantes afin de retarder la récidive qui reste inéluctable», expliquent les trois chercheurs de l’unité ONCO-THAI 1189.
Un traitement sélectif des cellules tumorales
Le développement d’une technique permettant de minimiser le risque chirurgical en associant la chirurgie à une procédure de thérapie peropératoire complémentaire est un enjeu important dans la prise en charge du glioblastome. Car, même dans le cas d’une chirurgie complète contrôlée par IRM, les tissus sains avoisinants restent envahis par des cellules tumorales éparses et non visibles lors de l’intervention. « Ces cellules sont le siège de la récidive, soulignent les chercheurs. L’idée portée par notre approche est de traiter sélectivement ces cellules résiduelles, en épargnant le tissu cérébral sain ».
La juste dose de lumière laser au sein de la cavité opératoire
L’unité ONCO-THAI 1189 travaille spécifiquement au développement de nouvelles prises en charge grâce à la thérapie photodynamique (PDT). La technique consiste en l’administration d’un photosensibilisateur qui s’accumule spécifiquement au niveau des cellules tumorales. Une fois activé par une illumination laser à une longueur d’onde spécifique, il permet la destruction des tumeurs tout en préservant les tissus sains.
Le nouveau dispositif médical imaginé et développé par les chercheurs lillois permet de déposer la juste dose de lumière laser au sein de la cavité opératoire pour illuminer de façon homogène les parois et ainsi traiter les cellules résiduelles échappant à la chirurgie. Il se compose d’un ballonnet remplissable, d’un guide afin de sécuriser à la fois le dispositif et de faire passer la lumière laser directement dans le cerveau grâce à une fibre optique et d’un laser médical dédié.
Le dispositif développé par les chercheurs lillois permet de déposer la juste dose de lumière laser au sein de la cavité opératoire (crédit photo : CHU de Lille)
Une première étude clinique programmée
Le protocole INDYGO vise à évaluer la thérapie photodynamique pour traiter des glioblastomes nouvellement diagnostiqués. Une technique qui n’a jamais été proposée auparavant. Dix patients seront inclus dans cette étude pour vérifier dans un premier objectif la faisabilité et l’innocuité de la méthode.
Secondairement et en amont d’une étude à plus grande échelle, elle doit permettre d’observer les premiers effets sur la survie sans progression et la survie globale des patients ainsi que leur qualité de vie. Les patients inclus dans l’étude bénéficieront en parallèle du traitement conventionnel afin d’observer les synergies éventuelles avec cette nouvelle solution thérapeutique.
Outre l’innovation méthodologique, l’application de cette thérapie à cette population de patients constitue une autre originalité du projet puisqu’il s’agit de la 1ère étude de thérapie photodynamique réalisée pendant la chirurgie et en complément du standard de soin.
Puis une étude à l’échelle européenne…
Après l’étude INDYGO, une étude est prévue à l’échelle européenne pour démontrer le bénéfice de la thérapie et espérer l’intégrer dans la prise en charge courante. L’équipe de recherche ONCO-THAI, coordonne un réseau de partenaires scientifiques, SYNAPS visant à déployer cette recherche au niveau européen. Ce réseau associe des équipes de recherche, des industriels et des cliniciens experts et sensibilisés à la prise en charge de cette maladie.
Pour en savoir plus : Une technique laser innovante…
*Unité Inserm 1189 Thérapies Laser Assistées par l’Image en Oncologie