C’est donc au tour de Montpellier de rejoindre le cercle relativement fermé des villes à avoir sur leur territoire un Institut Hospitalo-Universitaire. Mardi dernier, dans les locaux de la métropole héraultaise, les représentants du CHU, de l’Université, de l’Inserm et de plusieurs institutions partenaires se sont réunis pour le lancement officiel de l’Immun4Cure. Labellisé IHU en 2023 dans le cadre du plan France 2030, ce nouvel institut porte, à l’instar de ses différents homologues répartis sur le territoire français, une promesse d’excellence scientifique et médicale pour inventer la médecine et les traitements de demain. Au centre du projet : les maladies auto-immunes, dont l’accroissement représente un véritable enjeu de santé publique. « Nous comptons tous dans notre entourage un proche touché par une des nombreuses maladies auto-immunes dont souffrent environ 5 millions de personnes en France. C’est d’ailleurs, l’une des premières causes de morbidité ou de douleurs chroniques chez les femmes, les plus touchées « , a notamment déclaré Carole Delga, Présidente de la Région Occitanie/Pyrénées-Méditerranées, partenaire de l’IHU.
80 types de maladies auto-immunes connues
Parmi les 80 maladies auto-immunes connues, on trouve notamment le lupus érythémateux systémique, la polyarthrite rhumatoïde, la sclérose en plaques, la maladie de Crohn et le diabète de type 1. Ces affections chroniques, dans lesquelles le système immunitaire, normalement chargé de protéger le corps contre les infections, se dérègle et attaque par erreur les cellules saines (provoquant des lésions tissulaires et une inflammation persistante), touchent presque n’importe quel organe ou système du corps. La polyarthrite rhumatoïde cible par exemple les articulations, la myosite les muscles, le lupus les reins etc. Quant à leurs origines, les maladies auto-immunes sont, dans leur grand majorité, multifactorielles. A quelques exceptions près, on estime qu’elles reposent sur l’association de facteurs génétiques, hormonaux (d’où une atteinte plus importantes chez les femmes que chez les hommes), exogènes ou environnementaux.
Autres données importantes : depuis dix ans, on constate une augmentation de l’incidence de ces maladies qui touchent donc 5 à 8% de la population française, 15 millions de personnes à l’échelle européenne – et pour lesquelles il n’existe bien souvent aucun traitement. De la même manière qu’il existe une volonté partagée d’accélérer sur le sujet des maladies cardiaques ou des cancers, l’Immun4Cure vient aujourd’hui répondre à un besoin de santé essentiel pour les années à venir.
Trois pathologies priorisées
Avec l’ambition de devenir le premier pôle européen de recherche et de développement de l’immunothérapie appliquée aux maladies auto-immunes, l’IHU montpelliérain se fixe plusieurs objectifs : approfondir la compréhension en particulier de trois pathologies induites par l’emballement du système immunitaire : la polyarthrite rhumanoïde, la sclérodermie et le lupus ; détecter ces maladies de manière plus précoce et améliorer le parcours de soins pour les patientes et les patients ; développer des stratégies thérapeuthiques innovantes et ciblées dans le but de les traiter et, à terme, de les guérir. « Immun4Cure propose un programme de soins novateurs « , explique son directeur, le Pr Christian Jorgensen. Pour lui, c’est dans la rupture avec « les programmes thérapeuthiques conventionnels « et dans la proposition « de nouveaux outils thérapeutiques cellulaires et biologiques visant à restaurer l’équilibre immunitaire (homéostasie) dans les maladies auto-immunes » que réside la raison d’être de l’IHU.
Un chapitre inédit s’ouvre donc pour les acteurs du soin et de la recherche montpelliéraine, mais pas seulement. Le projet IHU ne saurait entrer dans cette « nouvelle ère » sans la participation d’entreprises de biotechnologies spécialisées dans les biothérapies, dont on souhaite encourager l’implantation locale afin de contribuer à l’essor des thérapies cellulaires. Cette association dans l’excellence ne part pas de zéro. Au cours de la dernière décennie, un solide écosystème scientifique et médical centré sur les biothérapies et la bioproduction s’est développé en région Occitanie. Montpellier elle-même jouit déjà d’une réputation en matière de recherche médicale, hébergeant depuis 2014 l’IRMB (Inserm, Université de Montpellier, CHU de Montpellier), ses 160 chercheurs, ingénieurs et médecins et le pôle mondial MEDVALLÉE dédié à l’excellence en santé globale.
Sur le plan des avancées locales des thérapies, le CHU a été, en 2018, l’un des premiers centres français à obtenir la qualification pour l’utilisation des cellules CAR-T, suivie de la certification des autorités françaises l’année d’après. Depuis, pas moins de dix essais cliniques sur des thérapies innovantes ont été menées. Et ce sont des succès majeurs, comme la rémission de patients atteints de lupus sévère après traitement CAR-T, témoignant des avancées dans l’utilisation des immunothérapies, qui renforcent la position de Immun4Cure aujourd’hui. « Comme le CHU de Montpellier assume une triple mission de soins, d’enseignement, de recherche et d’innovation, l’IHU s’avère lui aussi multi-dimensionnel avec des axes de développement de soins, de recherche, d’enseignement et de valorisation, auxquels participent de nombreux services hospitaliers, notamment avec le lancement d’un essai clinique et d’une cohorte dès 2025 « , annonce Anne Ferrer, Directrice générale du CHU de Montpellier.
Les IHU, bastions de la médecine de demain
En mai 2023, Emmanuel Macron annonçait la création de 12 nouveaux IHU – venant s’ajouter aux existants. Depuis, plusieurs d’entre eux ont été lancés dont l’IHU de Toulouse dédié au vieillissement en bonne santé ou encore celui de Bordeaux sur les AVC et la démence (VBHI).
La rédaction avec le CHU de Montpellier