Un nouveau pas franchi pour la recherche et l’innovation médicale de demain. Jeudi 11 juillet, les représentants de l’Université de Bordeaux, du CHU de Bordeaux, de l’Inserm, de l’Inria et de la Région Nouvelle-Aquitaine se sont retrouvés dans l’amphithéâtre du Centre Broca Nouvelle-Aquitaine, à deux pas de l’hôpital Pellegrin, pour le lancement officiel de l’IHU VBHI. Derrière ces sept lettres, une nouvelle institution à l’ambition majuscule. Sur le powerpoint qui défilera durant trois heures dans un amphithéâtre comble, les participants ont notamment pu lire toute la volonté du deuxième IHU bordelais après Lyric – L’Institut des maladies du rythme cardiaque, créé en 2011 – à se positionner comme un acteur incontournable en termes de prévention des AVC et de la démence. En effet, le « bien vieillir cérébral » est au centre du projet.
C’est le Pr Stéphanie Debette, neurologue et Directrice de l’Institut, qui a assuré la présentation de l’événement. Elle est d’abord revenue sur la genèse de cet IHU naissant, avant de remercier les invités d’honneur assis à quelques mètres d’elle – Dean Lewis, président de l’Université de Bordeaux, Michel Dubarry, Président de la Fondation Bordeaux Université, Raphaël Yven, Secrétaire général du CHU de Bordeaux, Nicolas Roussel, Directeur du centre Inria de l’Université de Bordeaux, Richard Salives, Délégué régional Inserm Nouvelle Aquitaine, Alain Rousset, Président du Conseil Régional de Nouvelle Aquitaine – lesquels ont, chacun leur tour, pris la parole. Tous ont dit leur fierté d’être associé à ce projet d’excellence renforçant le lien entre la recherche fondamentale et clinique. « Une pépite dans le secteur de la santé « , résumera le Pr Christine Clerici, Présidente du Conseil de gestion de l’IHU.
Un IHU, trois défis et de nombreux atouts
L’IHU Vascular Brain Health Institute, dont les différents acteurs (chercheurs, cliniciens, partenaires privés, décideurs) seront à moyen terme accueillis dans un seul et même lieu, cherche à répondre à un enjeu de santé public majeur. En France, 140 000 personnes sont touchées par un AVC chaque année. Elles sont 100 millions dans le monde. Autre chiffre global : 57 millions de personnes vivent avec une démence. Si ces données disent la réalité préoccupante que représentent les maladies vasculaires cérébrales et leurs conséquences, elles ne sont que la partie immergée de l’iceberg cérébral mondial. En effet, on estime à 400 millions le nombre de personnes dans le monde à vivre avec une maladie des petits vaisseaux cérébraux.
Devant ce défi scientifique et médical, l’IHU VBHI, qui se veut comme un accélérateur d’innovation résolument tourné vers la médecine du futur, vise trois objectifs majeurs : changer de paradigme pour aller vers davantage de prévention ; contribuer au développement de nouveaux médicaments basés sur des mécanismes spécifiques pour les stades précoces ; permettre une réduction des inégalités en santé vasculaire cérébrale – la prévalence et la sévérité de ces maladies étant plus élevées pour des populations défavorisées.
Porteur d’une approche holistique, l’IHU, qui se positionne « à l’intersection de trois pôles d’excellence que sont la santé publique, les neurosciences et le domaine cardiovasculaire « , peut se targuer d’avoir d’ores et déjà de solides arguments pour tendre vers cet horizon, dont : des partenaires reconnus (AP-HP, Institut de Recherche pour le Développement, CNRS), des outils d’imagerie et d’IA de haute technologie pour des diagnostics plus précoces, précis et développer des thérapies de nouvelle génération ; des partenariats public-privé (dont une cohorte et biobanque prête pour des essais thérapeuthiques innovants) ; une capacité à former étudiants et professionnels de santé de demain ; cent-cinquante chercheurs pluridisciplinaires. Pour rester sur cette dimension recherche, on notera que neuf publications ont déjà été publiées dans diverses revues scientifiques renommées.
A noter qu’une première table ronde, consacrée à l’innovation biomédicale et technologique par VBHI, a complété la présentation de l’IHU, en développant notamment, outre ses points forts et les apports qu’il porte, le développement des nouvelles technologies d’imagerie médicale.
L’AVC, encore mal connu
Une deuxième table ronde intitulée, L’innovation pour la prévention et les soins vue par le VBHI, est venue conclure cette après-midi du 11 juillet. Parmi les participants, Philippe Meynard, Président de l’association AVC tous concernés. L’ancien maire de Barsac (Gironde), qui avait raconté le « seisme corporel, moral, psychologique et social » qu’il avait vécu en 2014 dans son livre L’AVC qui m’a sauvé la vie, est notamment intervenu sur le manque d’information autour de l’AVC (« 40% des gens ne s’estiment pas informés« ), l’importance de reconnaître les signes d’un AVC pour sauver des vies, les différentes actions de prévention menées actuellement dans la région bordelaise, via des campagnes d’affichages sur les tram ou des actions sur les plages. Une intervention qui aura contribué à quelque peu humaniser une après-midi riche en discours institutionnels et données scientifiques.
Adrien Morcuende
Pour aller plus loin…
Les missions de l’IHU VBHI dans le détail
- Développer une science fondamentale et translationnelle de pointe permettant de décrypter les mécanismes des maladies vasculaires cérébrales et d’identifier les stratégies de prévention et traitement efficaces.
- Proposer un nouveau paradigme visant à transformer la prévention des accidents vasculaires cérébraux et de la démence grâce à des innovations organisationnelles et technologiques.
- Offrir un enseignement et une formation fondés sur les défis concrets rencontrés par les praticiens, entre autre autour de la santé publique de précision appliquée aux maladies vasculaires cérébrales et une recherche d’excellence.
- Créer un hub tourné vers l’innovation et l’impact dans un bâtiment dédié, accueillant des initiatives favorisant les partenariats public-privé, la veille technologique, la création d’entreprises et l’émergence de méthodes innovantes pour faciliter la traduction des résultats de la recherche dans les politiques de santé et la pratique clinique.
- Mettre en place une coalition nationale et internationale, englobant les pays des Suds, pour la santé vasculaire cérébrale afin de renforcer et élargir l’impact des travaux de recherche et de stimuler l’innovation.
Focus sur le CHU de Bordeaux, membre fondateur de l’IHU
Dans son n° 112, le magazine Passerelles, journal interne du CHU de Bordeaux, a fait le portrait du Dr Grégoire Cane, passionné de recherche et qui innove dans le domaine de l’AVC. En 2023, son projet CVSBIODIAG, qui cherche à développer un modèle statistique pour un diagnostic précoce du vasospasme (complication tardive après une rupture d’anévrisme), chez les patients en neuro réanimation, a reçu un financement de 40 000 euros. Un article d’Amandine Mariotto à lire ici !