Un an après les attentats terroristes de Nice et un an et demi après ceux de Paris, les médecins de premier recours* pensent de nouveaux modèles d'intervention, de formation et de coopération pour sauver encore plus de vies. Partant des procédures définies avant les attentats et évaluant les moyens qui ont été effectivement nécessaires pour traiter l'afflux de blessés, ils proposent de nouvelles mesures. Ils préconisent notamment l'adaptabilité des plans, le transfert de techniques de soins militaires dans le contexte civil, des exercices de simulation, le développement de la recherche... S’appuyant sur leurs travaux, un nouveau dispositif doit couvrir l’ensemble du territoire français. Leur étude est présentée dans un viewpoint publié dans la revue The Lancet mercredi 26 juillet 2017.
Un an après les attentats terroristes de Nice et un an et demi après ceux de Paris, les médecins de premier recours* pensent de nouveaux modèles d’intervention, de formation et de coopération pour sauver encore plus de vies. Partant des procédures définies avant les attentats et évaluant les moyens qui ont été effectivement nécessaires pour traiter l’afflux de blessés, ils proposent de nouvelles mesures. Ils notamment préconisent l’adaptabilité des plans, le transfert de techniques de soins militaires dans le contexte civil, des exercices de simulation, le développement de la recherche… S’appuyant sur leurs travaux, un nouveau dispositif doit couvrir l’ensemble du territoire français. Leur étude est présentée dans un viewpoint publié dans la revue The Lancet du mercredi 26 juillet 2017.
La formation des chirurgiens, des anesthésistes, des médecins d’urgence a été renforcée par les équipes militaires optimiser les interventions lors du tri des victimes ou des soins en zone dangereuse, en réanimation et en chirurgie. Ces démarches ont notamment abouti à un cours disponible en ligne sur demande pour les équipes via la plateforme du Service de santé des armées français. Des facultés ont déjà intégré cet enseignement et sa généralisation est attendue pour la prochaine année universitaire (2017-2018).
La formation sera aussi élargie aux médecins généralistes et être dispensée en formation initiale à tous les futurs praticiens. Il est aussi nécessaire de compléter la formation des équipes hospitalières sur certains points tels que la prise en charge d’un grand nombre de victimes pédiatriques ou encore la réponse à l’utilisation d’armes chimiques qui peuvent produire de très nombreuses victimes.
Sur le terrain, une coopération étroite entre les forces de l’ordre, les équipes du SAMU et des Pompiers est maintenant considérée comme indispensable. Elle permet à la fois la neutralisation rapide de la menace, mais aussi une prise en charge adaptée des victimes atteintes d’hémorragies massives.
Elle se concrétise par l’intervention, à proximité immédiate des zones de combat, de secouristes entraînés, protégés, appartenant à la police ou aux pompiers. Cette technique d’extraction des victimes et de secourisme « sous le feu » a fait l’objet de formations spécifiques et a été le thème d’exercices.
Il apparaît aussi que les grands centres hospitaliers, se sont adaptés à la prise en charge d’un afflux de blessés graves. Il faut maintenant que les hôpitaux de l’ensemble du territoire national puissent s’organiser pour faire face à de telles éventualités, y compris dans les zones où la densité médicale est beaucoup plus faible. Ainsi, dans les hôpitaux généraux, les équipes de bloc opératoire doivent maîtriser le principe du « Damage Control » chirurgical (qui consiste à réaliser une chirurgie d’urgence de courte durée pour stopper l’hémorragie puis à ré-intervenir un jour plus tard). Dès 2013, l’importance de disposer d’un protocole de soins et de matériels adaptés aux blessés par armes de guerre avait été anticipée à Paris et a été confirmée par les attentats de 2015. A cette technique militaire sont associées une organisation régionale des soins et une mise en place de transferts inter hospitaliers.
La recherche médicale joue aussi un rôle essentiel dans la réponse au terrorisme, avec le développement de nouveaux matériels, de nouvelles techniques de soins et organisations participant à l’amélioration du pronostic. Des études sont également en cours sur le traitement des états de stress post traumatique
Des améliorations sont aussi attendues sur la gestion de l’évènement. De nouvelles procédures permettent maintenant d’identifier mieux et plus vite les victimes pour informer leurs proches. La réconciliation des outils informatiques pré-hospitaliers et hospitaliers et la mise en place de nouvelles procédures ont été développées pour atteindre cet objectif.
Parallèlement, les moyens de l’urgence médico psychologique ont été adaptés pour permettre une prise en charge précoce d’un plus grand nombre de victimes afin de prévenir plus rapidement la survenue du syndrome de stress post traumatique.
Enfin, cette analyse souligne l’importance d’une coopération médicale internationale pour que tous les pays visés par le terrorisme puissent partager leurs expériences et ainsi intensifier leur préparation. Depuis novembre 2015, les échanges avec les médecins des services d’urgence d’Allemagne, de Belgique, du Danemark, des Etats-Unis, d’Israël et du Royaume-Uni se sont multipliés et ont été riches d’enseignement.
Les auteurs insistent dans leur conclusion sur la nécessité d’inscrire cette réponse médicale au terrorisme dans la durée. Son amélioration constante permettra à la fois de sauver des vies et de démontrer la détermination des équipes à faire face à cette agression.
*Le groupe d’étude est composé de praticiens de l’AP-HP (Samu 75 et Hôpitaux Pitié-Salpêtrière, Necker et HEGP), du Centre hospitalier universitaire de Nice, de la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris et du Service de Santé des Armées (Ecole du Val-de-Grâce) et d’enseignants des Universités Paris Descartes, Pierre et Marie Curie et Nice Sophia Antipolis.
Source :
The French emergency medical services after the Paris and Nice terrorist attacks : what have we learnt ? Pierre Carli, François Pons, Jacques Levraut, Bruno Millet, Jean-Pierre Tourtier, Bertrand Ludes, Antoine Lafont, Bruno Riou
The Lancet, 26 juillet 2017
En savoir plus :
Enquête Echos du CHU de Nice