Alors que la France se prépare à l’arrivée prochaine d’un vaccin contre le Covid-19, les responsables hospitaliers attendent des réponses et des directives claires pour encadrer une distribution massive et régulée.
Comment conserver un vaccin à -80°C quand on ne dispose pas de pharmacie à usage intérieur (PUI)? C’était l’une des questions à l’ordre du jour lors du dernier point d’information de la Fédération hospitalière de France (FHF), ce mardi 2 décembre. Et avec elle, d’autres interrogations fortes des dirigeants hospitaliers quant à la stratégie d‘approvisionnement, de conservation et de distribution du vaccin anti-covid19 dont 3 millions de doses seront livrées par Pfizer en janvier.
Le respect de la chaîne du froid
Un vaccin dont les conditions de conservation particulièrement exigeantes ne sont pas du ressort de tous les établissements de santé et autres distributeurs potentiels. Celui-ci se doit d’être entreposé à très basse température. Soit à -80°C. Et sa stabilité hors-congélation s’avère d’une durée limitée. Or, peu de PUI disposent de congélateurs adaptés. L’urgence s’impose, comme le relève Zaynab Riet, de définir une organisation logistique qui tienne compte de ces contraintes «depuis la réception des doses chez les grossistes-répartiteurs, lors de leur acheminement vers les établissements de santé, jusqu’aux populations ciblées».
Rapprocher les lieux de stockage des lieux de vaccination
« Pour une distribution dans l’impératif respect de la chaîne du froid, l’enjeu sera de rapprocher autant que possible le lieu de stockage de l’endroit où les patients se verront administrer le vaccin», explique Jean-François Husson, pharmacien à l’hôpital de Blois. Raison pour laquelle le gouvernement a déjà passé commande pour la fabrication en urgence d’une cinquantaine de ces "super-congélateurs" capables d’atteindre -87°C. Soit un par département. Ils feront office de "centres de stockage".
L’importance d’une planification territoriale
Pour le reste, l’organisation de cette vaccination interroge. A savoir: qu’en est-il de sa planification? Quelles seront les modalités de distribution du vaccin? Les établissements référents en charge des commandes? «Il nous faudrait avoir vite une idée de la stratégie adoptée par le gouvernement pour pouvoir réussir au mieux cette campagne de vaccination», souligne Zaynab Riet. La déléguée de la FHF insiste en outre sur «l’importance de planifier cette politique vaccinale à l’échelle territoriale», sous le pilotage des agences régionales de santé (ARS), via les groupements hospitaliers de territoire et les collectivités locales, et en lien avec les médecins de ville.
Dans cette attente, les responsables hospitaliers en appellent à une vigilance accrue de tous, malgré les indicateurs récents à la baisse, pour favoriser la reprise d’une activité hospitalière "normale" et repousser le risque d’une virulente troisième vague.
Sophia Bouchour