Crise aux urgences : les 10 propositions des directeurs d’hôpitaux publics

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Face à une crise persistante des urgences, les conférences des Directeurs Généraux de CHU et de CH ont proposé le 6 mai un nouveau pacte de responsabilité afin de repenser en profondeur le sens, les conditions d’accès et l’organisation de ces services.

Sortir d’une crise qui dure depuis trop d’années. C’est la volonté des directeurs de CHU et de CH français. Dans un communiqué publié cette semaine, ils ont donné leurs solutions pour sauver des services d’urgences en réelles difficultés, dont le taux de fréquentation est passé de 14 millions de personnes en 2002 à 20,9 millions en 2022 . « Ce doublement aboutit à une dénaturation du rôle initial des urgences, qui sont trop souvent devenues une modalité d’accès aux soins utilisée en dehors des situations graves et exceptionnelles pour lesquelles elles ont été conçues.«  En d’autres mots, les Urgences doivent redevenir un lieu de prise en charge…des urgences ! 

Pour ce faire, 10 propositions, « fruit d’un travail commun mené par des personnalités de terrain«  sont mises sur la table, avec l’ambition « d’associer et responsabiliser toutes les parties prenantes (établissements, médecine de ville et population) pour permettre un usage adapté des urgences et sauvegarder ainsi l’accès aux soins et la qualité des prises en charge.« 

Répartition de la permanence des soins et transparence sur les lits

Pas de liste à la Prévert, plutôt un ensemble de points nourris et présentés par axes. Le premier : une permanence des soins partagée de façon équitable entre les établissements de santé et la médecine de ville tous les jours de l’année. Aux yeux des DH, le fait que le secteur public assure presque à lui seul « la permanence des soins en établissements de santé, avec des gardes la nuit, le week-end et les jours fériés « (85%) a conduit à une saturation des professionnels et des services d’urgences. Deux pistes pour remédier à cette situation et alléger la barque des services d’Urgences du public : 

  • donner aux Agences régionales de santé (ARS) des moyens de régulation afin que tous les établissements du territoire national assure une permanence des soins. Une notion qui “implique que les blocs opératoires et les lits d’aval des établissements qui ont une autorisation d’urgences puissent être en pratique déclenchés, y compris la nuit et le week-end, ce qui n’est pas toujours le cas aujourd’hui.
  • mobiliser la médecine de ville (généralistes, SOS Médecins, maisons médicales de garde etc.), pour assurer l’accès à une permanence des soins ambulatoires, quelles qu’en soient les modalités pratiques selon les territoires, avant minuit tous les jours de l’année. 
Crédit Photo : Adrien Morcuende

Deuxième axe de réflexion : une transparence sur la disponibilité des lits dans tous les établissements de santé et une adaptation aux besoins actuels de santé de la population. 

« Les établissements de santé ont aussi un travail à mener pour adapter leur organisation aux contraintes liées à la saturation des urgences et à l’évolution des besoins de santé (pathologies chroniques, vieillissement de la population). »

Sur ce sujet, les deux conférences plaident pour : 

  • une transparence sur la disponibilité des lits dans les établissements publics et privés lorsque l’hospitalisation est nécessaire pour des patients qui sortent des urgences. Une transparence qui doit être assurée, comme cela avait été fait lors de la période COVID, de manière coordonnée et sous le contrôle des ARS, “pour éviter des attentes ou des pertes de chance injustifiées”.
  • une adaptation du nombre et du type de lits de spécialités pour avoir des capacités d’hospitalisation en mesure de faire face aux besoins des patients non programmés, particulièrement en gériatrie et en traumatologie. 
  • une augmentation du nombre d’infirmiers en pratique avancée (IPA), qui peuvent proposer une orientation préalable aux patients. Seul 1% de ces derniers sont mobilisés dans les services d’urgences.
urgences CHU
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Une régulation plus forte en amont et en aval

Les Conférences appellent enfin à une régulation renforcée en amont des urgences, afin d’y orienter uniquement les cas qui le justifient. Concrètement, il s’agit de réguler officiellement l’accès aux urgences, via le Service d’accès aux soins (SAS), qu’il faut désormais, après de nombreuses expérimentations un peu partout en France, généraliser, y compris dans ses formats spécialisés (psychiatrie, pédiatrie, dentaire). « Cette mesure vise à sécuriser les prises en charge des patients les plus graves, orienter au mieux en fonction de leur besoin l’ensemble des patients et préserver les conditions de travail des professionnels des urgences c’est-à-dire l’attractivité médicale et paramédicale des métiers de l’urgence. », peut-on lire en fin de communiqué.

Si les services d’urgences voient arriver de nombreux patients chaque année, la question de la fluidification des sorties, en particulier celles qui concernent les plus âgés, constitue également un enjeu pour résoudre la crise. En témoigne le 3e axe proposé dans le communiqué : une régulation en aval des urgences pour faciliter le maintien ou le retour à domicile. Les points sur lesquelles les DH demandent une action : 

  • travailler à un modèle économique viable pour les services à domicile, dans un contexte où 80% des sorties à l’hôpital se font à domicile. 
  • proposer des mesures pour remédier à la dégradation de l’accès aux soins en psychiatrie. Une situation qui pèse sur les urgences, mettant parfois en danger les patients mais aussi les personnels qui n’ont pas toujours la compétence pour y faire face. 

Enfin, les Conférences « appellent à une régulation renforcée en amont des urgences, afin d’y orienter uniquement les cas qui le justifient. »

La rédaction

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