Marion Bourrel est infirmière. Sylvie Argence est aide-soignante au service des grands brûlés. Charlotte Martin est anesthésiste réanimatrice et à l’origine du projet Green Bloc. Peut-être avez-vous vu passer leur visage sur les réseaux la semaine dernière. Comme d’autres professionnelles du CHU de Toulouse, ces trois femmes ont vu leur parcours mis en avant dans la série de portraits « Sortir du cadre », dévoilée notamment sur le compte twitter du CHU. A l’image de celle-ci, d’autres initiatives ont fleuri dans les CHU dès le 8 mars, date de la journée internationale des droits des femmes.
A Tours, un plan collectif et ambitieux
La valorisation des compétences et des parcours des professionnelles des CHU s’inscrit dans la durée avec, depuis plusieurs années, la volonté des CHU à défendre l’égalité femme – homme. De ce point de vue, le CHRU de Tours vient de franchir un cap important. Le 8 mars, date symbolique, se sont réunis à l’hôpital Bretonneau la Directrice du CHRU, le Doyen de la Faculté de Médecine et la Doyenne de la Faculté de Pharmacie pour signer une Charte de promotion de l’égalité entre les femmes (près de 80% des métiers du soin) et les hommes qui évoluent au sein du CHU. Et ce n’est pas tout. A la présence des trois cosignataires s’est ajoutée celle des représentants de trois associations, Donnez des ELLES à la santé , Femmes de Santé, et le SOMET (SOrorité MEdicale Tours). Un travail commun qui renforce la dimension innovante et inédite de ce texte. Car au-delà des mots, cette charte engage les différentes parties prenantes à agir ensemble. Cinq axes ont été retenus pour traduire les intentions en actions.
Le premier d’entre eux, incontournable, relève de la formation des professionnels à la gestion des discriminations et des situations de violence. Désormais, le CHRU de Tours, et les deux Facultés précédemment citées, en tant que composantes de l’université, travailleront à une mutualisation des formations sur ces sujets. Des professionnels de la Faculté de Médecine et/ou de Pharmacie pourront ainsi suivre des formations proposées par le CHRU – par exemple, concernant la conduite d’enquêtes administratives internes dans le cadre de la procédure de signalement des violences -, et vice versa. Aussi, tout nouveau praticien et cadre, qu’il soit soignant, technique, logistique ou administratif devra suivre la formation à la prévention des violences sexistes et sexuelles, et ce dès son arrivée dans l’établissement.
Autres axes forts du plan : l’accès des femmes à des postes à responsabilité (au CHRU de Tours, 24% des chefs de pôles sont des femmes ; 22% d’entre-elles sont chefs de service) et un travail progressif pour tendre à la parité dans les instances. Le suivi d’indicateurs sur le long terme et la conduite d’un vaste plan conjoint d’information et de communication (composé notamment d’une série de vidéos de sensibilisation réalisées par des étudiants et diffusées à partir de juin 2022, de conférences dédiées à la promotion de l’égalité femme-homme etc.) ferment la marche de ces initiatives auxquelles tenait particulièrement Marie-Noëlle Gerain Breuzard, Directrice générale du CHRU de Tours et Présidente de la Conférence des Directeurs Généraux de CHU.
Les signalements de violences sexistes et sexuelles à l’heure d’un premier bilan
Et pour s’assurer que l’ambition ne se transforme en vœux pieux, un comité de suivi de la charte, réunissant des membres du CHRU, de la Faculté de médecine et de la Faculté de Pharmacie, ainsi qu’un représentant des associations Donner des ELLES, Femmes de santé, SOMET, a été spécialement constitué. Un bilan sera présenté chaque année aux instances internes du CHRU (CHSCT et CME), au conseil de faculté et au COCOHU. Pour autant, le CHRU n’a pas attendu 2022 pour conjuguer les idées aux actes. Un premier bilan annuel de la procédure de mise en place pour le signalement des violences (articulé autour d’une adresse mail unique : signalement-violence@chu-tours.fr) a été communiqué. Les violences à caractère sexiste et sexuel constituent une minorité des signalements (deux sur douze), la majorité de ces derniers faisant plutôt état de harcèlement moral.
A Clermont-Ferrand, une stratégie « réaliste et pragmatique »
Bien que le plan tourangeau ait marqué l’actualité du 8 mars, il n’est pas le seul à alimenter la dynamique des CHU sur ce sujet de l’égalité entre salariées et salariés. Autre exemple que nous avons choisi de citer, le CHU de Clermont-Ferrand. Si la proportion de femmes et d’hommes parmi les personnels médicaux y reste relativement équilibrée (48.16% d’hommes, 51.84% de femmes), et que pour la première fois, la Commission Médicale d’Etablissement a élu à sa présidence une femme en la personne du Professeur Barthélémy, les chiffres concernant les personnels non médicaux traduisent une tout autre réalité, avec 80% de femmes. Idem du côté de la répartition des temps de travail partiels qui concerne à 95% des femmes (chiffre équivalent à ce qu’il se passe à Tours).
Pour tendre vers une plus grande égalité professionnelle, le CHU a déployé sur l’ensemble de l’établissement un plan d’action dès 2021, d’une durée de trois ans. Deux mois ont été nécessaires pour bâtir ce programme triennal reposant sur quarante actions. A défaut de toutes les citer, on retiendra, entre autres, la volonté « d’intégrer la notion femme – homme dans les indicateurs RH au maximum des possibilités », de « s’assurer de l’absence d’écarts de rémunération non légitimes », « de favoriser l’articulation entre activité professionnelle et vie personnelle et familiale », de « sensibiliser les professionnels chargés du recrutement à la lutte contre les stéréotypes », ou encore « de créer et mettre en œuvre un dispositif de signalement des différentes formes de harcèlement. » Vaste chantier donc. Rendez-vous en 2023…
La rédaction