En congrès à Toulouse les 8 et 9 décembre 2016, les CHU, principaux contributeurs au progrès médical, émettent des propositions visant à accroître la performance de la recherche en santé, mission fondatrice d’un modèle hospitalo-universitaire unique. Trois experts éclairent ce dossier complexe : Philippe Vigouroux, directeur général du CHU de Bordeaux et président de la commission recherche et innovation de la Conférence des directeurs généraux de CHU, du Pr Jean Sibilia, Doyen de la faculté de médecine de Strasbourg et du Pr Antoine Magnan, Président du Comité national de coordination de la recherche, président de la CME du CHU de Nantes.
En congrès à Toulouse les 8 et 9 décembre 2016, les CHU, principaux contributeurs au progrès médical, émettent trois propositions visant à accroître la performance de la recherche en santé, mission fondatrice d’un modèle hospitalo-universitaire unique. Les explications de Philippe Vigouroux, directeur général du CHU de Bordeaux et président de la commission recherche et innovation de la Conférence des directeurs généraux de CHU, du Pr Jean Sibilia, Doyen de la faculté de médecine de Strasbourg et du Pr Antoine Magnan, Président du Comité national de coordination de la recherche (CNCR), président de la CME du CHU de Nantes.
« Pour être performante, la recherche doit suivre un continuum rigoureux et original qui fait la spécificité de nos établissements : partir des apports fondamentaux, se poursuivre dans une démarche translationnelle, se vérifier par les études cliniques et se prolonger par l’amélioration des prises en charge des patients mais aussi par le transfert des découvertes vers des applications industrielles. Dans ce cadre, le CHU occupe une place unique par sa complémentarité avec l’université, les EPST et grâce à un corps médical tout entier mobilisé par la recherche. Sur le territoire régional, il se présente comme l’épicentre vers lequel convergent les patients, les experts qui interviennent en partenariat avec les autres acteurs de la recherche (Université, EPST, CLCC, SATT et partenaires industriels …). Pivot de la recherche en région, le CHU est porteur et animateur d’une stratégie de groupe en matière de recherche clinique et d’innovation » commente Philippe Vigouroux.
En effet, le CHU est bien souvent le seul à disposer de services professionnalisés, rares et coûteux réunis au sein de structures de support à la recherche clinique et de centres d’investigation (DRCI, CIC, CRC, CRB, plateformes hautement spécialisés, GIRCI…). Cet environnement contribue au bon déroulement de la recherche clinique et translationnelle dans des conditions optimales de qualité, de sécurité et de vigilance, d’éthique et de respect de la réglementation. Et si la recherche hospitalière se fait par définition au « lit du patient », elle doit dès aujourd’hui relever les défis du numérique et des nouveaux outils adossés aux plateformes de haut niveau ( omiques, biobanques, …) qui génèrent des données massives collectées, analysées et partagées en réseau.
Comment sanctuariser le financement de la recherche pour maintenir le haut niveau de qualification des équipes et permettre les investissements nécessaires dans le digital ?
Les responsables estiment nécessaire de penser l’organisation de la recherche en s’inspirant des modèles DHU/FHU et IHU, de revoir e et de clarifier les modes d’allocation des financements MERRI trop dispersés entre des bénéficiaires toujours plus nombreux. Ils plaident aussi pour un financement ambitieux relevant d’un grand programme politique de soutien à l’innovation et d’un ONDAM recherche.
Ainsi, ils souhaitent une enveloppe innovation mieux désignée, impliquant un effort de l’Etat mais aussi le développement « gagnant-gagnant » de projets partagés avec des industriels de tout calibre. Dans ce sens, il faut renforcer les initiatives FHU/DHU et RHU dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir 3 (PIA 3) et imaginer d’autres expériences pour développer les écosystèmes de recherche hospitalière qui sont la force de frappe élémentaire.
Comment articuler les différentes stratégies de recherche nationale et de territoire, forces de terrain et forces d’organisation ?
Selon le Pr Jean Sibilia, la stratégie nationale doit être discutée par le Comité National de Coordination de la recherche (CNCR) en collaboration avec l’université et les établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST) tels que l’Inserm, le CNRS. Au niveau des territoires, il faut une « stratégie de recherche » bien établie et partagée au sein d’un CHU et idéalement aussi d’un GHT et si possible en inter-CHU, en particulier pour des projets ambitieux. Cette stratégie de territoire (CHU-GHT) devrait se définir au sein des Comité de recherche biomédicale et santé publique (CRBSP) car ces comités rassemblent tous les acteurs de la recherche hospitalière (CHU, EPST, Université) et devraient intégrer les CH.
La recherche doit reposer sur une Délégation à la recherche clinique et à l’innovation (DRCI) « bien armée » pour être opérationnelle avec des forces de terrain pour l’investigation c’est-à-dire pour la mise en place des études et leur réalisation. Ces forces doivent être partagées et déployées dans les établissements qui font de recherche « au lit du patient ». Il faut également des forces d’organisation pour la gestion des bases de données, des biobanques, des entrepôts de données et des aspects de promotion et de pharmaco-vigiliance qui doivent être partagées par les établissements à l’échelle souhaitée selon la « densité » recherche de l’écosystème.
Les actions doivent être coordonnées au plan national (CNCR) pour faire émerger une communication positive autour de la marque « recherche hospitalière » et pour proposer des fonctions support partagées pour les grands projets (Europe, Industries, …)
Enfin la présence « forte » des investigateurs de la recherche hospitalière doit être reconnue. Il faut leur "rendre la main" car ils sont la source de créativité des projets et les responsables du recrutement. Il est indispensable que la recherche hospitalière apparaisse comme une mission prioritaire des investigateurs médicaux et paramédicaux. Il ne faut pas leur donner l’impression que la gouvernance soit sous l’égide administrative de la DRCI. La force d’initiative et de décision doit être la commission de recherche HU qui rassemble tous les acteurs de la recherche d’un territoire. La même réflexion doit être faite au niveau national.
Comment le CNCR va-t-il aider les CHU à développer un label recherche ?
« Le label recherche et innovation des CHU doit permettre de garantir que si elle est réalisée dans un CHU, une activité de recherche clinique ou translationnelle revêt des critères de qualité et d’excellence comparables aux meilleurs standards internationaux. souligne le Pr Antoine Magnan Ce label est un facteur fort d’attractivité pour les patients qui doivent accéder à l’innovation, pour les praticiens qui cherchent un épanouissement professionnel et pour les industriels qui doivent être sûrs de la qualité de leurs centres investigateurs».
Et les CHU disposent de nombreux atouts :
– Le lien fort et renouvelé avec les EPST qui garantit un aller-retour de la science fondamentale à l’innovation : l’interface des chercheurs et des praticiens est une caractéristique des CHU
– Le lien fort et renouvelé avec les UFR de santé et les universités qui apportent les forces de formation et favorisent l’interdisciplinarité : sciences humaines, ingénierie, économie, droit…
– Une organisation de la recherche clinique performante et durable, dans les établissements mais aussi dans les GHT dont ils sont supports.
A leurs côtés, le CNCR promeut la culture de l’excellence de la recherche des CHU. Il contribue à la reconnaissance du label "recherche en CHU"
– Par le « faire savoir », en incarnant la recherche des CHU auprès des acteurs clés : ministères, EPST, AVIESAN, LEEM, Universités… et en faisant valoir l’excellence de cette recherche en termes de publications, innovations…
– Par la coordination, en favorisant le partage des bonnes idées des organisations performantes, à même de faciliter la recherche académique, d’attirer les essais cliniques industriels
– En défendant des financements dédiés à la recherche hospitalière auprès des tutelles, permettant un effet levier pour l’obtention de financements externes, et en facilitant l’obtention de financements Européens.
– En soutenant une organisation de la recherche dans les territoires, notamment dans les GHT.
Le but poursuivi est que de façon naturelle le chercheur, l’usager, le citoyen, le médecin pense : « Si c’est un CHU, alors on y trouve la meilleure recherche possible »
Ainsi, ils souhaitent une enveloppe innovation mieux désignée, impliquant un effort de l’Etat mais aussi le développement « gagnant-gagnant » de projets partagés avec des industriels de tout calibre. Dans ce sens, il faut renforcer les initiatives FHU/DHU et RHU dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir 3 (PIA 3) et imaginer d’autres expériences pour développer les écosystèmes de recherche hospitalière qui sont la force de frappe élémentaire.
Comment articuler les différentes stratégies de recherche nationale et de territoire, forces de terrain et forces d’organisation ?
Selon le Pr Jean Sibilia, la stratégie nationale doit être discutée par le Comité National de Coordination de la recherche (CNCR) en collaboration avec l’université et les établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST) tels que l’Inserm, le CNRS. Au niveau des territoires, il faut une « stratégie de recherche » bien établie et partagée au sein d’un CHU et idéalement aussi d’un GHT et si possible en inter-CHU, en particulier pour des projets ambitieux. Cette stratégie de territoire (CHU-GHT) devrait se définir au sein des Comité de recherche biomédicale et santé publique (CRBSP) car ces comités rassemblent tous les acteurs de la recherche hospitalière (CHU, EPST, Université) et devraient intégrer les CH.
La recherche doit reposer sur une Délégation à la recherche clinique et à l’innovation (DRCI) « bien armée » pour être opérationnelle avec des forces de terrain pour l’investigation c’est-à-dire pour la mise en place des études et leur réalisation. Ces forces doivent être partagées et déployées dans les établissements qui font de recherche « au lit du patient ». Il faut également des forces d’organisation pour la gestion des bases de données, des biobanques, des entrepôts de données et des aspects de promotion et de pharmaco-vigiliance qui doivent être partagées par les établissements à l’échelle souhaitée selon la « densité » recherche de l’écosystème.
Les actions doivent être coordonnées au plan national (CNCR) pour faire émerger une communication positive autour de la marque « recherche hospitalière » et pour proposer des fonctions support partagées pour les grands projets (Europe, Industries, …)
Enfin la présence « forte » des investigateurs de la recherche hospitalière doit être reconnue. Il faut leur "rendre la main" car ils sont la source de créativité des projets et les responsables du recrutement. Il est indispensable que la recherche hospitalière apparaisse comme une mission prioritaire des investigateurs médicaux et paramédicaux. Il ne faut pas leur donner l’impression que la gouvernance soit sous l’égide administrative de la DRCI. La force d’initiative et de décision doit être la commission de recherche HU qui rassemble tous les acteurs de la recherche d’un territoire. La même réflexion doit être faite au niveau national.
Comment le CNCR va-t-il aider les CHU à développer un label recherche ?
« Le label recherche et innovation des CHU doit permettre de garantir que si elle est réalisée dans un CHU, une activité de recherche clinique ou translationnelle revêt des critères de qualité et d’excellence comparables aux meilleurs standards internationaux. souligne le Pr Antoine Magnan Ce label est un facteur fort d’attractivité pour les patients qui doivent accéder à l’innovation, pour les praticiens qui cherchent un épanouissement professionnel et pour les industriels qui doivent être sûrs de la qualité de leurs centres investigateurs».
Et les CHU disposent de nombreux atouts :
– Le lien fort et renouvelé avec les EPST qui garantit un aller-retour de la science fondamentale à l’innovation : l’interface des chercheurs et des praticiens est une caractéristique des CHU
– Le lien fort et renouvelé avec les UFR de santé et les universités qui apportent les forces de formation et favorisent l’interdisciplinarité : sciences humaines, ingénierie, économie, droit…
– Une organisation de la recherche clinique performante et durable, dans les établissements mais aussi dans les GHT dont ils sont supports.
A leurs côtés, le CNCR promeut la culture de l’excellence de la recherche des CHU. Il contribue à la reconnaissance du label "recherche en CHU"
– Par le « faire savoir », en incarnant la recherche des CHU auprès des acteurs clés : ministères, EPST, AVIESAN, LEEM, Universités… et en faisant valoir l’excellence de cette recherche en termes de publications, innovations…
– Par la coordination, en favorisant le partage des bonnes idées des organisations performantes, à même de faciliter la recherche académique, d’attirer les essais cliniques industriels
– En défendant des financements dédiés à la recherche hospitalière auprès des tutelles, permettant un effet levier pour l’obtention de financements externes, et en facilitant l’obtention de financements Européens.
– En soutenant une organisation de la recherche dans les territoires, notamment dans les GHT.
Le but poursuivi est que de façon naturelle le chercheur, l’usager, le citoyen, le médecin pense : « Si c’est un CHU, alors on y trouve la meilleure recherche possible »
LES PROPOSITIONS
Les CHU, chercheurs – innovateurs, tirent vers le haut l’ensemble du système de santé
Proposition 8 : Développer les structures collaboratives de soins et recherche intra et inter-CHU par grandes thématiques liées aux parcours patient sur le modèle DHU/FHU-IHU
Proposition 9 : Développer le label CHU Promoteur en matière de recherche, notamment au travers du CNCR (Comité National de Coordination de la Recherche), concentrer dans les CHU les financements des services-support et d’expertise, au service de l’ensemble du territoire
Proposition 10 : Créer une véritable politique structurée d’innovation avec des CHU moteurs de l’écosystème (plateforme innovation du CHU, start-up), assurer son financement par une dotation dédiée de l’ONDAM, développer des équipements innovants par un fond d’amorçage et stimuler l’évaluation des technologies de santé à l’hôpital pour l’aide à la décision.