En France, la prévalence de l’obésité infantile a été multipliée par deux entre 1980 et 2000, avec de fortes disparités liées aux inégalités sociales. Aujourd’hui, environ 18% des enfants sont en surpoids, parmi eux, près de 4% sont obèses. L’obésité, souvent considérée comme une faiblesse, un manque de volonté, est pourtant bien souvent une maladie, dont l’enfant n’est que peu ou pas responsable, et dont l’origine est le plus souvent précoce et multifactorielle.
Dans l’obésité « commune », le déséquilibre de la balance énergétique est provoqué par des facteurs externes souvent bien connus (mode de vie, environnement) mais aussi par des facteurs internes (déterminants biologiques et/ou psychologiques).
L’obésité « secondaire », très rare, peut être d’origine génétique (syndrome de Prader Willi notamment), endocrinienne (mauvais fonctionnement de la glande thyroïde, déficit en hormone de croissance ou excès de cortisol) ou iatrogène (provoquée par la prise prolongée d’un traitement médicamenteux).
Dans tous les cas, les conséquences sont nombreuses : psychologiques (mauvaise estime de soi, troubles anxieux voire dépressifs), physiques (essoufflement, réduction de la mobilité, puberté précoce, troubles du sommeil, risques cardio-vasculaires et diabète) et sociales (problèmes d’insertion, décrochage scolaire).
L’obésité doit faire l’objet d’une prise en charge médicale pluridisciplinaire. Mais elle est aussi, et particulièrement celle des jeunes, une problématique que la société dans son ensemble se doit de prendre en compte, notamment le système éducatif.
Partant de ce constat, le RePPOP* de Franche-Comté (RePPOP-FC) a travaillé, en collaboration avec les différents publics directement concernés (médecins pédiatres et généralistes, professionnels de la santé scolaire, psychologues, diététiciennes, cuisiniers, enseignants…) à l’identification des forces et faiblesses du système éducatif pour cette population.
Des pistes d’action ont été définies: comment aider au mieux, en fonction de sa place professionnelle, l’enfant et sa famille à lutter contre l’excès de poids ?
Avec le soutien de l’ARS et de l’INPES, 200 témoignages de jeunes obèses et spécialistes ont été recueillis et réunis dans un DVD et ont aussi fait l’objet d’un site internet accessible aux professionnels de santé : http://www.obesitedesjeunes.org.
Ces vidéos permettent, en éducation thérapeutique avec les jeunes et/ou la famille d’introduire par exemple une discussion collective, de répondre à une difficulté de parole… dans la formation des professionnels de santé, d’analyser des témoignages d’enfants ou de parents, d’évaluer sa pratique grâce aux interviews de spécialistes… Tous les aspects de l’obésité pédiatrique y sont abordés : le diagnostic, la famille, l’alimentation, l’activité, le rapport aux autres et la prise en charge.
Ces travaux, coordonnés par le Dr Véronique Nègre, alors pédiatre au CHRU de Besançon et responsable du RePPOP-FC, ont fait l’objet d’un livre à destination des professionnels de santé et du monde enseignant : « L’obésité des jeunes, faut qu’on en parle ! ». Il est destiné à changer le regard et les pratiques des professionnels sur les enfants et les adolescents atteints de surpoids ou d’obésité, souvent stigmatisés (volontairement ou non) au cours de leur scolarité… pour éviter d’entretenir un cercle vicieux où le mal-être peut être cause et conséquence du surpoids
Paru aux éditions Canopé, spécialistes de la documentation pédagogique, il vient de recevoir le Prix Prescrire 2015. Ce prix récompense des ouvrages « particulièrement remarquables par la qualité et par l’utilité de l’information apportée aux professionnels, aux patients, et plus généralement au public ».
*Reppop-FC = Réseau de Prévention et de Prise en charge de l’Obésité Pédiatrique en Franche-Comté