Le Pr Marc Vérin et son équipe du service de neurologie ont réalisé, pour la première fois au CHU de Rennes, une intervention visant à implanter des électrodes au niveau de différentes régions profondes du cerveau pour traiter la maladie de Parkinson.
D’autres indications (tremblements, dystonie, maladies neuropsychiatriques) peuvent bénéficier de cette technique.
La maladie de Parkinson
La maladie de Parkinson est une affection fréquente (2 % des personnes de plus de 60 ans : 150 000 patients en France) et invalidante (deuxième cause de handicap après les accidents vasculaires cérébraux). Une telle maladie n’est pas sans impact économique, en particulier lorsqu’elle débute avant 60 ans (chez ces patients, le seul coût médical représente 12 K€/an après 10 ans d’évolution). Des médicaments existent et sont très efficaces mais un « échappement thérapeutique » survient fréquemment après quelques années d’évolution, d’où la recherche et la mise au point de nouveaux outils thérapeutiques.
De nouveaux outils thérapeutiques
Parmi ceux-ci la stimulation cérébrale profonde, découverte française, a une efficacité rarement rencontrée en médecine. Cette technique permet de faire disparaître presque tous les signes de la maladie. Des patients ayant « échappés » au traitement médicamenteux et devenus lourdement handicapés, ont vu leur état transformé après un tel traitement ; certains patients jeunes ont pu reprendre une activité professionnelle.
La stimulation cérébrale profonde
Le traitement consiste en l’implantation d’une à deux électrodes au niveau de différentes régions profondes du cerveau au moyen de la stéréotaxie. Celle-ci désigne une technique de repérage radiologique des structures intracrâniennes au moyen d’un dispositif placé à l’extérieur du crâne. La stéréotaxie permet de cibler avec une grande précision les structures intracérébrales. Dans un second temps, chacune des électrodes est reliée, via une extension à son propre neurostimulateur placé en sous cutané au dessous de la clavicule. Il fonctionne avec une pile qui induit une stimulation électrique jusqu’à l’électrode et donc jusqu’à la cible sélectionnée au niveau du cerveau.
Le traitement est basé sur une stimulation électrique à bas voltage (2 à 3 volts) mais à haute fréquence (130 impulsions par seconde) qui va modifier le signal cérébral causant les symptômes (la douleur, le tremblement, la rigidité, le blocage ou les dyskinésies) devenus gênants. Le degré de stimulation est adapté selon les besoins afin d’obtenir le meilleur contrôle des symptômes avec le moins d’effets secondaires. Ce traitement ne vise cependant pas à guérir la pathologie mais à en diminuer, atténuer les symptômes.
Une technique sophistiquée
La mise en place des électrodes nécessite une technique sophistiquée et une approche multidisciplinaire. Une erreur d’un millimètre dans le positionnement final de l’électrode peut être responsable d’un échec partiel voire total de l’intervention. La qualité de réalisation de ce geste opératoire nécessite une expertise en neurochirurgie stéréotaxique, neuroradiologie, neurophysiologie et neurologie. Une fois les électrodes cérébrales implantées, le réglage des stimulateurs est une opération souvent longue et délicate, nécessitant là aussi des neurologues experts dans cette nouvelle technique.
Un traitement chirurgical
Tous les patients atteints de la maladie de Parkinson ne sont pas concernés par ce traitement chirurgical. Le traitement médicamenteux seul peut suffire dans un grand nombre de cas. De plus, certaines formes particulières de maladie (avec atteinte des fonctions supérieures ou troubles de l’équilibre, par exemple) ne répondent pas ou mal au traitement chirurgical. C’est en fait chez des patients ayant généralement débuté leur maladie avant l’âge de 60 ans et qui présentent un « échappement » thérapeutique que ce traitement est indiqué avec de grandes chances de succès. En France, le nombre de ces patients peut être évalué à 1 000 par an.
De nouvelles indications
Plusieurs CHU pratiquent cette technique novatrice en France. Pour le Grand Ouest, Rennes la réalisait en étroite collaboration avec Nantes, où étaient placées les électrodes, depuis plus de dix ans. Corrigeant sélectivement des dysfonctionnements très localisés dans le cerveau, cette technique est désormais utilisée dans d’autres indications : tremblements, dystonie (contractions musculaires anarchiques de tout le corps) mais aussi maladies neuropsychiatriques comme les troubles obsessionnels compulsifs, le syndrome de Gilles de la Tourette (maladie des tics) voire dans les années à venir les dépressions sévères résistantes au traitement médical.
Le centre de stimulation rennais
Il était donc apparu indispensable d’augmenter les possibilités chirurgicales dans l’Ouest pour une meilleure prise en charge des patients bretons. C’est pourquoi le CHU de Rennes a pris la décision de développer la chirurgie d’implantation sur son site. Cette nouvelle activité, coordonnée par le Pr Marc Vérin, s’inscrit dans le cadre du Pôle des Neurosciences Cliniques de Rennes.
Le centre de stimulation rennais se distingue des autres sur les points suivants. Le service de psychiatrie universitaire est directement impliqué dans cette activité faisant d’emblée de l’équipe rennaise l’un des précurseurs dans le domaine des indications neuropsychiatriques. En parallèle de l’activité clinique, l’équipe de recherche « Comportement et noyaux gris centraux » s’est créée sur le Campus de Rennes, travaillant spécifiquement sur le modèle exceptionnel d’exploration des structures centrales du cerveau de l’homme qu’est la stimulation cérébrale profonde.