Maladies de l’intestin : Grenoble référent mondial en neurostimulation vagale

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En France, plus de 200 000 personnes souffrent de maladies chroniques de l’intestin. Les symptômes très invalidants altèrent lourdement le quotidien de ces patients. Pour traiter les inflammations, les équipes du CHU de Grenoble ont eu l'idée de stimuler électriquement les nerfs vagues. Les premiers résultats sont très prometteurs...

En France, plus de 200 000 personnes souffrent de maladies chroniques de l’intestin. Les symptômes très invalidants altèrent lourdement le quotidien de ces patients. Pour traiter les inflammations, les équipes du CHU de Grenoble ont eu l’idée de stimuler électriquement les nerfs vagues. Les premiers résultats sont très prometteurs…

Les Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin (MICI)
atteignent des sujets souvent jeunes et sont caractérisées par des lésions du tube digestif (ulcérations notamment) responsables de douleurs abdominales, diarrhées, sang dans les selles, amaigrissement, manifestations extra-digestives (peau, yeux, articulations) et des lésions anales (dans la maladie de Crohn). Les anti-TNF alpha sont des médicaments très efficaces des MICI mais ils ont des effets secondaires, notamment infectieux. 
 
La neurostimulation vagale pourrait être utilisée à visée anti-inflammatoire (anti-TNF) dans les MICI. C’est dans ce contexte que l’équipe du Pr Bruno Bonaz, de la Clinique Universitaire d’Hépato-Gastroentérologie, a développé, à l’Institut des Neurosciences de Grenoble (GIN), un modèle de neurostimulation vagale expérimentale qui a montré son efficacité dans un modèle de maladie de Crohn chez le rat. Cette équipe a ensuite développé cette technique de neurostimulation vagale chez des patients souffrant de maladie de Crohn en poussée.

L’intervention, qui dure environ une heure, consiste à implanter une électrode autour du nerf vague gauche au niveau du cou, reliée à un neurostimulateur (Cyberonics, Houston, Texas) situé sous la peau, au-dessous de la clavicule gauche. Au CHU de Grenoble, le Dr Dominique Hoffmann réalise l’opération.
Les patients sont pris en charge par une équipe mixte du CHU de Grenoble (des médecins, des chercheurs scientifiques, des attachés de recherche clinique et un pharmacien). A ce jour, six patients ont ainsi été implantés, avec des résultats encourageants. En particulier, le premier patient, implanté le 6 avril 2012 (recul de 31 mois), est actuellement en rémission clinique avec une cicatrisation des lésions digestives. Ce cas clinique a été le premier cas rapporté récemment dans la littérature. Cette étude se poursuit actuellement.
L’équipe du CHU de Grenoble est actuellement la seule équipe au monde à utiliser cette technique dans le traitement des MICI.
La neurostimulation vagale pourrait aussi être appliquée à d’autres maladies inflammatoires chroniques, telles que la polyarthrite rhumatoïde (rhumatisme inflammatoire chronique).
En savoir plus sur la neurostimulation des nerfs vagues
Les nerfs vagues (droit et gauche) sont les nerfs les plus longs de l’organisme. Ils assurent la liaison entre le cerveau et de nombreux organes du corps humain, et en particulier le tube digestif. Ce sont des nerfs mixtes constitués de fibres afférentes (80 %), qui véhiculent les informations en provenance du tube digestif vers le cerveau, et de fibres efférentes (20 %), qui naissent dans le cerveau (tronc cérébral) et qui véhiculent l’information du cerveau vers le tube digestif pour notamment stimuler la motricité du tube digestif et la sécrétion acide de l’estomac. Ces nerfs ont également un rôle anti-inflammatoire, classiquement via la stimulation de leurs fibres afférentes permettant la libération de glucocorticoïdes par les glandes surrénales, par activation de l’axe hypothalamus-hypophyse-surrénales (ou axe corticotrope).
Récemment, l’équipe de Kevin Tracey , aux Etats-Unis, a mis en évidence des propriétés anti-inflammatoires du nerf vague liées à ses fibres efférentesa. En effet, la stimulation électrique de ces fibres libère à leur extrémité un neuromédiateur, l’acétylcholine, qui va agir sur des récepteurs des macrophages pour inhiber la libération de TNFalpha (Tumor Necrosis Factor alpha) par ces mêmes macrophages. Le TNFalpha est une molécule impliquée dans l’inflammation et plus particulièrement dans les Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin (MICI) représentées par la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique.

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