Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Médecine personnalisée « le bon médicament à la bonne dose pour le bon patient » Pr Bruno Lacarelle

En pointe sur les traitements personnalisés, Marseille explique l’intérêt pour le patient d’une médecine qui conjugue avancées pharmaco-génomiques et intelligence artificielle. Premiers bénéficiaires de ces biothérapies sur mesure, les personnes soignées pour un cancer, une infection au VIH et ou greffées. Décryptage par le Pr Bruno Lacarelle…

En pointe sur les traitements personnalisés, Marseille explique l’intérêt pour le patient d’une médecine qui conjugue avancées pharmaco-génomiques et intelligence artificielle. Premiers bénéficiaires de ces biothérapies sur mesure, les personnes soignées pour un cancer, une infection au VIH et ou greffées.  Décryptage par le Pr Bruno Lacarelle…
La notion de « médecine personnalisée » est un concept qui a émergé dans les années 80, on sait qu’un même médicament, avec la même posologie, ne convient pas à tout le monde », explique le Pr Bruno Lacarelle, responsable du laboratoire de pharmacocinétique-et toxicologie et du pôle Biologie de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille, qui avait consacré sa thèse à ce sujet en … 1985. « One size does not fit all », résument les Anglo-Saxons.
« La médecine personnalisée a bénéficié du développement de nouveaux outils», notamment les  tests de génétique constitutionnelle qui déterminent les facteurs de susceptibilité d’un individu en fonction de son patrimoine génétique, ou la pharmaco-génomique qui prédit la réponse à un traitement ou les risques d’effets secondaires. « Il y a 30 ans, on n’avait pas accès aux données génétiques individuelles aussi facilement. Aujourd’hui, nous sommes beaucoup plus réactifs : de nouveaux marqueurs biologiques sont accessibles rapidement, pour le diagnostic et le pronostic d’évolution de la maladie ».
Depuis 5 ans, on assiste à une accélération spectaculaire des innovations, comme le recours aux biothérapies pour les maladies inflammatoires et le cancer. Des algorithmes décisionnels, outils mathématiques de plus en plus pointus, permettent d’interpréter les résultats d’analyses biologiques et de guider le clinicien dans sa stratégie thérapeutique. « Ces nouveaux développements technologiques aident les médecins à personnaliser les traitements et à optimiser les schémas thérapeutiques (dose, horaires d’administration…), pour améliorer l’efficacité et limiter les effets secondaires », souligne le Pr Lacarelle.
La médecine de précision/personnalisée s’appuyant de plus en plus sur l’intelligence artificielle est majoritairement utilisée pour le cancer, « une pathologie qui est loin d’être vaincue aujourd’hui et qui compte le plus d’espoirs d’évolution » :  cancer du sein, oncologie digestive (cancer colorectal notamment), oncologie thoracique (cancer du poumon non à petites cellules), etc. Mais elle s’applique aussi aux traitements des infections par le VIH ou aux transplantations d’organes, en particulier la greffe rénale. 
Chaque patient de l’AP-HM bénéficie de tout le panel possible de tests pharmaco-génomiques. Grâce à un « profilage moléculaire » identifiant la mutation des gènes, il pourra recevoir le traitement le plus adapté.
« Un coup d’avance »
Grâce aux outils de la biologie moléculaire, mais aussi au dosage des médicaments dans le sang, le clinicien peut prévoir la réaction du patient, et ainsi choisir la bonne molécule ou en modifier la posologie. « Il faut aller vite pour anticiper la réponse clinique, avoir un coup d’avance, optimiser la thérapeutique sans attendre les effets secondaires ou la non-adéquation d’un traitement à un patient donné », résume le Pr Lacarelle.
Cette médecine dite prédictive a d’autres atouts : les arguments pharmaco-économiques ne sont pas à négliger, quand on connaît le coût très élevé des traitements de biothérapie et d’immunothérapie (environ 100 000 euros par an et par patient en moyenne). Au-delà du choix des molécules, des schémas d’administration adaptés sont définis pour chaque patient. Les biomarqueurs permettent de décider quel patient est éligible ou non à tel traitement, selon la formule : « le bon médicament à la bonne dose pour le bon patient ». 
Les équipes de l’AP-HM ont mis en place ces stratégies depuis le début des années 2000, en particulier dans la prévention de la toxicité des traitements. « De nombreux essais cliniques nous ont permis d’adapter les médicaments anciens, très toxiques, de sécuriser les traitements en personnalisant les schémas thérapeutiques (modélisation et dosage), par exemple pour les greffes de moelle », se félicite le Dr Joseph Ciccolini. « La nouveauté réside dans la réactivité, la précision, l‘extrême rapidité des résultats ».
Les tests pharmacogénétiques permettent une approche plus intégrative, avec le dosage et le suivi des biothérapies, pour les patients du CHU mais aussi d’autres structures régionales. « Nous progressons rapidement car une nouvelle génération de médecins oncologues, très demandeuse, insuffle une dynamique spécifique ».
La renommée du laboratoire dépasse les frontières : il lui arrive de recevoir des demandes de tests de la part de patients vivant aux USA. Les Français, eux, ont l’avantage de bénéficier de ces dernières innovations dans les Centres hospitalo-universitaires, sans distinction de ressources.

La réorganisation des laboratoires de l’AP-HM dans le cadre de la création du biogénopôle à La Timone, a renforcé la coopération entre les différents services de biologie impliqués dans la médecine personnalisée :
Plateforme moléculaire cancer/service de transfert d’oncologie biologique  (Pr L’Houcine Ouafik)
Département de génétique médicale- hôpital de la Timone (Pr Nicolas Levy)
Service de biologie moléculaire – hôpital de la Conception (Pr Anne Barlier)
Service pharmacocinétique-toxicologie – hôpital de la Timone  (Pr Bruno Lacarelle)

Perrine Séguier, Délégation à la Communication et à la Culture de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille

Sur le même sujet

CHU Grenobles Alpes : vers un hôpital vert

Les hôpitaux sont des acteurs non négligeable en termes d’impact sur l’environnement. En effet, le monde de la santé produit 8 % de l’empreinte carbone française. Afin de sensibiliser à la question du développement durable, est organisée chaque année, et dans de nombreux CHU, les semaines du développement durable du 17 septembre au 08 octobre. Retour sur les actions menées au CHU de Grenoble Alpes.

A Montpellier, les maladies auto-immunes ont leur IHU

L’Institut Hospitalo-universitaire Immun4Cure, porté par l’Inserm, le CHU et l’Université de Montpellier, a officiellement été lancé ce mardi 16 septembre. Conçue pour répondre au défi de santé publique que représente l’accroissement des maladies auto-immunes, l’institution naissante souhaite se focaliser sur trois d’entre elles : la polyarthrite rhumatoïde, la sclérodermie et le lupus.

Septembre en Or : un mois dédié aux cancers pédiatriques

En France, près de 1 700 nouveaux cas de cancers chez l’enfant de moins de 15 ans et 800 chez les adolescents de 15 à 18 ans sont diagnostiqués chaque année. Malgré des progrès importants ces dernières années, le cancer reste la deuxième cause de mortalité chez les jeunes, après les accidents de la route. Tout au long du mois de septembre, les CHU se mobilisent pour sensibiliser sur ce sujet.

Cancer de la grossesse : un traitement efficace à 96% dévoilé par les HCL

Après quatre ans d’étude, le Centre national de référence des maladies trophoblastiques
des HCL, basé à l’hôpital Lyon Sud, vient de valider un traitement qui a permis d’éradiquer entièrement les tumeurs de 25 des 26 patientes enceintes suivies dans le cadre d’un essai clinique. Une avancée majeure contre une forme de cancer de la grossesse qui a été présentée lors du congrès annuel de la Société Européenne d’Oncologie Médicale, à Barcelone.