Une équipe de cliniciens chercheurs du CHU et de l’Université de La Réunion a développé un programme de recherche, B-PEN, visant à améliorer la prescription hospitalière aux nouveau-nés, notamment en réanimation néonatale. Ces travaux sont à l’origine de la conception de Logipren, logiciel sécurisant les doses des médicaments administrés aux tout-petits. Ce système est déjà utilisé par 19 établissements sert aussi d’outil de benchmarking. Une première en néonatologie !
A terme, cette innovation concernera 1% des nouveau-nés soit 19 731 selon les données 2013. Pour l’heure Logipren sécurise les soins dispensés à près d’un tiers d’entre eux soit 5 525 nouveau-nés en réanimation.
Logipren répond à un besoin crucial car les nouveau-nés sont parmi les plus exposés aux erreurs médicamenteuses et aux effets secondaires des médicaments. Plus fragiles, ils ont souvent de poids inférieur à 1kg et les médicaments qu’ils reçoivent ne disposent pas encore d’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) et leurs conditionnements prévus pour des adultes ne sont pas adaptés. Parfois, les nouveau-nés doivent recevoir moins de 1% du contenu du flacon ce qui impose aux infirmières de multiples dilutions du médicament et complique le dosage.
Logipren : un succès rendu possible grâce à la collaboration étroite entre professionnels français, un CHU, une Région, une Université et entreprises.
La Société Française de Néonatologie (SFN), a confié à une équipe de cliniciens chercheurs du CHU et de l’Université de La Réunion le développement d’un logiciel sécurisant la prescription aux nouveau-nés. Le CHU et la Région Réunion ont soutenu financièrement les études et essais au travers de fonds européens. Une fois finalisé, Logipren a été mis à disposition des hôpitaux français par le CHU de la Réunion depuis juillet 2014. Actuellement il est utilisé au CHU de la Réunion et au CH de Mayotte, mais aussi dans 17 hôpitaux métropolitains (soit 30% des unités de réanimation néonatales françaises), et a vocation à équiper la majorité des services de néonatologie français.
Logipren : outil de benchmarking des établissements
Le logiciel Logipren dispose de toutes les fonctionnalités informatiques les plus modernes, il prescrit médicaments et nutrition… Et permet aussi de comparer les performances des services utilisateurs. Toutes les ordonnances rédigées à partir du logiciel d’aide à la prescription dans chaque établissement seront extraites mensuellement, anonymisées et envoyées vers une base commune. Ces données génèreront des analyses comparatives et seront renvoyées aux établissements. Ceux-ci pourront évaluer leurs pratiques et leurs résultats au regard des prises en charge de leurs pairs sans connaître l’identité des autres établissements. Ce benchmarking commencera au dernier trimestre 2015, dans plus de 20 établissements.
La base de données ainsi constituée permettra dès 2016 de surveiller l’efficacité et les effets secondaires des médicaments, d’avoir des informations précises sur l’utilisation des médicaments dans les hôpitaux.
La valeur de l’outil produit est attestée par la demande faite aux hôpitaux par la Direction Générale de l’Organisation des Soins de l’utiliser (ou équivalent) pour la prescription aux nouveau-nés hospitalisés (instruction DGOS publiée en avril 2015).
Le CHU de la Réunion n’ayant pas vocation à devenir éditeur de logiciel, la distribution et la maintenance de Logipren seront confiées dès 2016 à une entreprise réunionnaise déjà partenaire du projet. Preuve en est que la recherche en CHU est non seulement créatrice d’expertises nouvelles mais aussi de valeur économique, dans le respect de l’esprit des fonds européens. Ce projet ouvre la voie à des développements analogues dans d’autres disciplines médicales insatisfaites par leurs modalités actuelles de prescription.
«Magnifique exemple de concrétisation du projet hospitalo-universitaire porté par le CHU, l’Université et l’ensemble des acteurs de la recherche en santé, cette démarche démontre tout le potentiel de création de valeur ajoutée économique pour La Réunion permis par l’investissement dans la recherche en santé. Il faut saluer l’engagement des équipes autour du Pr Gouyon et remercier les autorités gestionnaires des fonds européens – et notamment la Région sur le volet recherche – pour leur soutien. » déclare David Gruson, Directeur Général du CHU de La Réunion,
Le Dr Béatrice Gouyon souligne l’envergure nationale de ce projet « qui tient à cœur aux pédiatres néonatologues français depuis plusieurs années. Nous espérons que ce projet bénéficiera au plus grand nombre possible de nouveau-nés en France et sera porté par de très nombreux cliniciens et chercheurs. »
Face à l’explosion des demandes de PMA, les CECOS dans l’inquiétude
Depuis la promulgation de la loi de bioéthique il y trois ans, les demandes d’aide à la procréation médicalisée ont explosé. En face de cette dynamique, le nombre de donneurs de spermatozoïdes, lui, est en baisse. Un constat aussi valable pour le don d’ovocytes et qui inquiète les professionnels des Centres d’études et de conservation des œufs et du sperme humain. Ces derniers n’ont que quelques mois pour reconstituer leurs banques de gamètes, désormais régies par la levée de l’anonymat des donneurs. Reportage au CHRU de Tours.