La Cour des Comptes vient d’alerter le ministère de la Défense sur « le déficit d’exploitation hors norme (…) » des neufs hôpitaux militaires qui atteint la somme extravagante de 280 millions d’euros par an – montant qui correspond au déficit cumulé des CHRU de Paris, Lyon et Marseille. Dans le même rapport la Cour des Comptes recommande aux Hôpitaux d’Instruction des Armées (HIA) de se rapprocher des hôpitaux publics de leur secteur. Le partenariat initié en 2007 par le CHRU de Brest et l’HIA Clermont-Tonnerre révèle aujourd’hui toute sa pertinence.
De nombreuses similitudes entre les deux établissements
Remplissant tous deux des missions de service public, le CHRU et l’HIA étaient confrontés aux mêmes défis médicaux, aux mêmes contraintes économiques et géographiques. Soucieux de garantir la même qualité de traitement et de suivi aux patients quelle que soit leur porte d’entrée dans le système de soins, ils ont constitué des filières notamment en chirurgie ambulatoire, au niveau des urgences, de l’oncologie, des maladies de l’appareil digestif, des consultations multidisciplinaires de la douleur et de la mémoire? Une organisation qui s’inscrit dans la logique de la loi HPST qui vise à rationaliser les parcours de soins entre les hôpitaux de proximité et les centres de recours.
Les coopérations développées parle CHRU et l’HIA
– Réunions de concertation en oncologie des équipes de pneumologie, médecine interne, gastro-entérologie, ORL, chirurgie digestive, dermatologie ; les équipes de deux hôpitaux participant aux mêmes réseaux de soins.
– Collaborations techniques (sans renoncer aux activités assurées par les praticiens sur l’un ou l’autre site): vacations en place ou en projet dans le domaine des explorations complémentaires et dans celui de la consultation en médecine physique et réadaptation, cardiologie, gynécologie, urologie.
– Exploitation commune de structures comme la chirurgie ambulatoire et d’équipements en odontologie, ORL, pharmacie hospitalière, SAU, ophtalmologie, imagerie médicale.
– Constitution d’équipes mixtes incluant praticiens et personnels paramédicaux des deux établissements. Plusieurs disciplines déjà engagées ou sur le point de s’engager: neurologie, chirurgie orthopédique et traumatologie, chirurgie digestive, chirurgie thoracique, chirurgie vasculaire, chirurgie gynécologique.
– Développement d’activités multidisciplinaires pour répondre à la demande croissante des patients: SAU, SAMU, Centre 15, oncologie, lutte contre la douleur, lutte contre les troubles de la mémoire
Dans le domaine de la formation, le CHRU et l’HIA travaillent sur un projet d’ouverture de l’HIA aux stages des étudiants. Les internes ont par exemple la possibilité de valider certains stages de spécialité à l’HIA (ORL, ophtalmologie). Les praticiens de l’HIA sont parallèlement impliqués dans des enseignements dispensés par la Faculté de médecine de Brest sur l’arthroscopie, la médecine maritime, la médecine tropicale, la cancérologie, la chirurgie, pathologie infectieuse, les soins palliatifs, la douleur, la mémoire.
Pour les praticiens de ville, les médecins du CHRU et de l’HIA co-organisent des EPU consacrés à l’endocrinologie, l’imagerie ou la pharmacie hospitalière…
Demain, l’application de la loi HPST et l’évolution du Service de Santé des Armées inciteront les équipes à poursuivre ce rapprochement dans le cadre d’une nouvelle structure juridique. Objectifs : Organiser et gérer des activités techniques ou médico-techniques, créer des équipes mixtes, gérer des interventions communes et exploiter en commun certaines structures et équipements et répartir de manière structurelle les activités sur les différents sites.