« Rendre le Grand Ouest incontournable sur les enjeux de santé»: Philippe El Saïr, administrateur de HUGO

Plus d’une centaine de responsables médicaux et institutionnels étaient réunis ces 28 février et 1er mars 2019 pour le 1er séminaire des Hôpitaux universitaires du Grand Ouest qui constituent le groupement HUGO. Objectif: approfondir le travail en réseau des neuf établissements membres et dessiner les priorités pour l’avenir. Le principal enjeu étant de «rendre le Grand Ouest incontournable sur les enjeux de santé», affirme Philippe El Saïr, directeur général du CHU de Brest et administrateur du groupement HUGO. Il s’en explique précisément dans une interview à Réseau CHU.

Plus d’une centaine de responsables médicaux et institutionnels étaient réunis ces 28 février et 1er mars 2019 pour le 1er séminaire des Hôpitaux universitaires du Grand Ouest qui constituent le groupement HUGO. Objectif: approfondir le travail en réseau des neuf établissements membres et dessiner les priorités pour l’avenir. Le principal enjeu étant de «rendre le Grand Ouest incontournable sur les enjeux de santé», affirme Philippe El Saïr, directeur général du CHU de Brest et administrateur du groupement HUGO. Il s’en explique précisément dans une interview à Réseau CHU.

Hugo a aujourd’hui plus de 10 ans d’existence, quels grands bilans en faites-vous?

Le constat est extrêmement positif. HUGO est un GCS créé en 2013*, à partir d’une coopération démarrée en 2005. Portée par une logique fédérative, il peut se prévaloir aujourd’hui de réalisations concrètes en soin, enseignement et recherche, grâce aux nombreuses initiatives des professionnels et des médecins de l’interrégion. Pour exemple, le groupement a concrétisé 1000 échanges d’internes depuis sa création, compte 14 disciplines médicales fonctionnant et est à l’origine du premier entrepôt de données de santé européen. Dans le domaine de l’enseignement, HUGO a permis la création d’une école de management pour les dirigeants médicaux.
Dans le cadre du schéma interrégional d’organisation sanitaire (SIOS), le groupement joue du reste un rôle crucial dans la répartition des activités de recours. Enfin, sur le plan socio-économique, il faut rappeler le poids représenté par les établissements membres, au sein d’un territoire peuplé de 10 millions d’habitants, soit 17% de la population nationale. Les 6 CHU-CHR membres comptent plus de 55 000 professionnels, et cumulent 4,5 milliards d’euros de budget, pour un impact économique total estimé à plus de 8 milliards d’euros.

Quel était l’objectif de ce premier séminaire? A-t-il été atteint?

Il nous a semblé qu’il fallait s’appuyer sur ce bilan encourageant pour décliner de nouvelles ambitions. Il s’agissait d’abord pour cela de vérifier que les axes stratégiques de HUGO étaient bien partagés et à partir de là de faire émerger des idées pour favoriser son développement. Le séminaire a été mis sous le signe de l’approfondissement du groupement HUGO, conformément à son projet stratégique adopté en juin 2018.
Cet événement a permis aux gouvernances, aux équipes de direction, aux responsables médicaux de partager un temps de réflexion, d’effectuer des retours d’expériences et de bénéficier d’apports d’experts extérieurs. Notre projet vise à accroître résolument la complémentarité entre nos établissements en phase avec les nouveaux enjeux de santé publique.

Le « réseau de CHU », sur le modèle d’HUGO, est-il une solution d’avenir de l’organisation hospitalo-universitaire?

L’époque impose un principal défi: comment accroître notre visibilité recherche dans la compétition mondiale tout en étant plus complémentaire en soin et enseignement? Y répondre par la fusion des établissements poserait des difficultés de gouvernance et de masse critique de soins. Il faut pouvoir résoudre la question de la masse critique «Recherche» qui se pose aux CHU sans générer des déséconomies d’échelle sur le soin. A cet égard le «réseau de CHU», doté de compétences obligatoires et de compétences facultatives, apparaît comme une réponse originale.
Cette solution peut nous rendre à la fois plus forts sur les territoires en harmonisant la qualité des soins de recours et plus forts à l’international en améliorant la visibilité de notre recherche. La Cour des comptes a récemment préconisé le développement de réseaux de CHU ainsi que les six conférences hospitalo-universitaires dans le rapport sur le «CHU de demain». Le groupement HUGO considère qu’il a la responsabilité particulière de servir d’aiguillon à cette évolution.

Ce séminaire a aussi été l’occasion de relever des retours d’expériences de situations de crise vécues au sein des établissements: quels principaux enseignements en ont été tirés?

Une demi-journée a été consacrée à ces retours d’expériences sur des situations de crise par les médecins, cadres de santé et directeurs impliqués directement dans ces événements. Et je tiens tout d’abord à saluer le courage et la sincérité de leurs témoignages.
Leurs présentations ont livré des enseignements précieux pour l’avenir, parmi lesquels deux points capitaux: l’importance de bien soutenir les équipes concernées en interne et l’extrême attention qu’il faut porter à la communication autour des événements indésirables afin d’assurer la plus grande transparence possible.

Quels sont maintenant les principaux enjeux pour le Groupement du Grand Ouest?

Nous avons adopté à l’unanimité un projet en quatre axes. Le premier vise à développer le partage de réalisations et de bonnes pratiques afin de renforcer le sentiment d’appartenance à HUGO.
Le deuxième ambitionne d’accroître nos complémentarités en soins, enseignements et recherche. Il s’agit de réaliser une révision coordonnée des effectifs hospitalo-universitaires qui s’accompagne d’un plan d’actions visant à traiter les situations de faiblesse.
Il est capital en troisième lieu de conforter la place d’HUGO dans la recherche au niveau européen. Ce, en démultipliant la présence de nos équipes dans les appels à projet européens.
Enfin, le dernier axe déterminant vise à rendre le Grand Ouest incontournable sur les enjeux de santé de demain. Il s’agit notamment de rester le leader européen sur les entrepôts de données de santé, et concrétiser la plateforme génomique du Grand Ouest.
Plus globalement, il est essentiel que les participants inscrivent leurs projets dans la dimension interrégionale en s’appuyant sur le groupement, car HUGO doit être un espace où s’exprime la capacité d’initiatives des professionnels pour leur permettre de donner le meilleur d’eux-mêmes.
Betty Mamane
A lire pour en savoir plus : "Une Ambition pour les Hôpitaux du Grand Ouest" (HUGO-Novembre 2018)
* HUGO regroupe les CHU-CHR de trois régions Bretagne, Pays-de-Loire, Centre-Val de Loire, en qualité de membres fondateurs (Angers, Brest, Nantes, Orléans, Rennes et Tours) et trois membres associés (le CLCC de Nantes-Angers, le CH du Mans et le Centre Hospitalier Départemental de Vendée).

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