La Fédération hospitalière de France (FHF) a organisé une conférence de presse le 18 septembre dernier afin de détailler les enjeux de la responsabilité populationnelle.
« La responsabilité populationnelle cherche à répondre à différents défis : la fragmentation du système de santé, l’augmentation des pathologies chroniques et celle des coûts. Ce concept, entré dans la loi santé de 2019, rend chaque acteur responsable de la santé sur un territoire », a rappelé Antoine Malone, responsable du pôle Prospective, Europe, International de la FHF. Le modèle d’intégration clinique développé par la Fédération répond donc à un triple objectif : une meilleure santé pour tous, une meilleure prise en charge des patients, et ce au meilleur coût.
« Tous les acteurs de santé d’un territoire développent des programmes cliniques basés sur l’état de la population et l’état de l’art médical. Des réunions cliniques réunissant régulièrement trente à quarante personnes : soignants libéraux et hospitaliers, assistants sociaux, responsables associatifs… », a poursuivi Antoine Malone.
Cinq territoires
La responsabilité populationnelle est à ce jour développée sur cinq territoires regroupant un million et demi de personnes et elle vise deux populations cibles : les personnes atteintes ou à risque de diabète de type 2 et les personnes atteintes ou à risque d’insuffisance cardiaque.
« Le premier enjeu consiste à identifier la population cible grâce à des algorithmes du PMSI. Ensuite, il faut identifier des profils cliniques et agir pour éviter l’entrée ou la progression dans la maladie », a expliqué le responsable du pôle Prospective, Europe, International de la FHF.
Cyrille Politi, conseiller numérique de la FHF, a pour sa part exprimé les attentes des professionnels en matière d’outils pour les accompagner au quotidien dans leur métier. « Nous avons des atouts : les professionnels sont de plus en plus habitués aux systèmes d’information, lesquels deviennent de plus en plus matures et permettent que soit créé davantage de lien entre ville et hôpital. L’idée est maintenant d’aller plus loin en utilisant les programmes nationaux, tels que e-parcours. Ce programme doit aussi être enrichi des propositions des acteurs des cinq territoires concernés. Et nous souhaitons aussi que d’autres territoires s’emparent de cette réflexion et de cet outil », a-t-il expliqué.
Points d’attention
Olivier Zmirou, Général Manager France Orion Health, une société internationale qui a mis en place plus de 55 plateformes de santé populationnelle dans le monde, a pour sa part insisté sur l’implication dans la démarche des premiers concernés, les patients. « Plus on monte haut dans la pyramide, plus il important de les associer ainsi que les aidants familiaux. Car ils deviennent de véritables acteurs de soins ». Il a également plaidé pour l’intégration des composantes sociales et médico-sociales. « Les acteurs du social vont aussi contribuer grandement à l’amélioration des soins », a-t-il conclu. Francis Mambrini, Vice-Président du CGM et Président la FEIMA, a pour sa part mis en garde contre deux freins majeurs : le manque de temps des professionnels pour la saisie des données et leur capacité à s’engager dans des démarches de prévention consommatrices de temps d’une part, et l’impératif de faire converger les outils numériques sur le terrain d’autre part.
Sur le terrain
Une illustration concrète de la responsabilité populationnelle a ensuite été fournie par André Bernay, Directeur GIP Pulsy, chargé de déployer les usages des professionnels sur le terrain dans le Grand Est, et le Dr Anne Mohn, endocrinologue au groupe hospitalier de la Haute-Saône. André Bernay a souligné la nécessité d’un accompagnement au plus proche du territoire et le rôle d’animation que doivent jouer les « Hubs fédérateurs ». « Il ne faut pas coller des outils supplémentaires aux outils existants mais travailler sur l’inter-opérabilité », a t-il exprimé. Pour le Dr Anne Mohn, la meilleure coopération et le meilleur lien entre acteurs de santé sont essentiels. « Pour mieux accompagner les patients ayant un diabète de type 2, nous avons organisé six réunions cliniques à Vesoul réunissant soignants, patients, acteurs institutionnels, associations… Et un premier hôpital de jour a ouvert ses portes en septembre. Un autre point majeur tient à la difficulté de communiquer entre les mondes libéral et hospitalier. Nous avons besoin pour partager l’information d’un numéro unique et d’une messagerie sécurisée », a-t-elle conclu.
Hélène Delmotte