Apporter une réponse à la catastrophe, tel est l’objectif du CHU de Toulouse qui cherche à renforcer encore un peu plus son expertise des situations d’urgence. C’est en tous cas ce que nous confie Jean-Francois Lefebvre, son Directeur Général du CHU, lorsque nous l’interrogeons sur le curieux dôme qui vient tout juste d’être dévoilé : « La médecine de catastrophe est la spécialité du CHU, elle s’est révélée il y a cinquante ans par la création du premier SAMU en France. Il y a une vraie culture de l’urgence et de la gestion de situations exceptionnelles. »
Le dôme SENS en est donc une nouvelle fois la preuve puisqu’on parle ici d’un bâtiment conçu dans le but de simuler divers scénarios de danger imminent ou d’urgence extrême (catastrophes naturelles, attentats, attaques chimiques). Une première mondiale. Ses capacités sont, sur le papier, saisissantes. Grâce à une salle de supervision et d’un système informatique ergonomique, les divers espaces du site seront en capacité de mettre en éveil l’ensemble des sens (toucher, odorat, vue, ouïe) dont est doté le professionnel qui y sera confronté, mais aussi proposer une multiplicité d’environnements (urbain, industriel, rural, intérieur ou extérieur, jour ou nuit), de types de patients, de pathologies, ou encore de modélisations de soins.
De manière concrète, il est tout à fait possible d’obtenir une température variant entre -5 à +30 °C selon le scénario choisi, de faire succéder le vent à la pluie, avant que cette dernière ne se transforme en (vraie) neige. Les concepteurs du projet misent sur le réalisme des situations, allant jusqu’à diffuser certaines odeurs inhabituelles comme celles du sang ou des cheveux brûlés. Un brassage de conditions intenses et propices au stress.
Un projet d’envergure qui prend tout son SENS
Ce bâtiment avant-gardiste a en réalité été créé en réponse à la dernière crise sanitaire. Aussi, la multiplication de catastrophes naturelles, humaines ou industrielles ont poussé le CHU de Toulouse à reconsidérer les entraînements des professionnels pré-hospitaliers. Si le dôme ambitionne de recevoir jusqu’à quinze apprenants dès le début de l’année prochaine, il sera également utilisé dans le cadre de psychothérapies pour des patients en situation de stress post-traumatique, trouble prolongé et handicapant qui touche notamment 25% des patients ayant souffert d’infections respiratoires graves. Les services de psychiatrie du CHU de Toulouse se sont alliés avec les équipes du dôme pour permettre une « thérapie d’exposition neurosensorielle », prise en charge qui permettrait au patient d’affronter une situation de stress précise pour réduire son système d’alarme.
Cegelec Défense, partenaire du CHU dans la gestion de crise
Fort d’une collaboration fructueuse avec Cegelec Défense Mobile Technical Units et la mise en place de trois hôpitaux mobiles (« Shelter »), financés grâce au programme européen Interreg Poctefa, le CHU de Toulouse remet donc le couvert avec le dôme SENS. Pour ce nouveau projet, Cegelec Défense apporte un savoir-faire et une expertise en matière de simulation et de technologies associées dans des environnements sensibles. Un partenariat fructueux donc, « 100% Français » comme tient à le préciser Jean-François Lefebvre. Le projet est cofinancé à hauteur de 3,5 M d’euros par le Programme opérationnel FEDER-FSE Midi-Pyrénées et Garonne.
Le dôme doit être officiellement présenté au Congrès mondial de la Médecine d’Urgence et de Catastrophe à Toulouse en avril 2024.