Première unité de cette taille en Lorraine : STERILORR, inaugurée par Nora Berra, Secrétaire d’État chargée de la santé le 22 mars 2012, répond aux besoins de stérilisation de plusieurs établissements du sud du territoire dont l’hôpital Central du CHU de Nancy, la Maternité Régionale Universitaire de Nancy, les CH de Lunéville et de Toul ainsi que le Centre Chirurgical Émile Gallé. La technologie et les équipements derniers nés utilisés permettent le traitement d’un volume de dispositifs médicaux réutilisables (DMR) de 4 000 à 5 000 m3 par an. Visite guidée.
STERILORR fonctionne 24h/24, 6 jours sur 7 et la montée en charge de sa production se fait progressivement. Toutes équipes confondues, une cinquantaine de personnes travaillent dans l’unité, sous la responsabilité de deux pharmaciens et d’un cadre de santé. La majorité du personnel est constituée d’agents de stérilisation : des aides-soignants qui ont suivi une formation spécifique pour apprendre entre autre à identifier l’instrumentation chirurgicale très diversifiée, en fonction des spécialités auxquelles elle est rattachée.
Le bâtiment de STERILORR compte trois niveaux. Au rez-de-chaussée, la production est organisée dans une architecture en U, économe en surface et adaptée au process de stérilisation avec marche en avant, autrement dit partir du « souillé », pour aller vers le « propre » et ensuite vers le « stérile », sans possibilité de retour en arrière et sans croisement de flux de « souillé » et de « propre ». Au premier étage, les zones administratives et techniques et au sous-sol, les locaux techniques.
A l’entrée des personnels, les vestiaires permettent le changement des tenues civiles contre les tenues professionnelles. Ensuite, le couloir de circulation qui dessert les différentes zones du process dispose d’un système de traitement d’air pour autoriser la circulation des personnels en tenues professionnelles. C’est ici que s’ouvrent 4 sas par lesquels se fait l’accès aux zone propre et zone souillée de la production.
Le circuit du process de stérilisation
L’instrumentation souillée et enfermée dans des armoires de transport est réceptionnée par le quai de déchargement. Les agents de stérilisation vérifient leur contenu pour la traçabilité des boîtes d’instruments chirurgicaux ; celles-ci sont ensuite déposées sur un convoyeur les transportant vers des tables de tri, où chaque panier d’instruments est identifié par un code-barres. Les aides-soignants regroupent les instruments en fonction des modalités de nettoyage. Une zone spécifique est dédiée au besoin à l’inactivation des dispositifs médicaux en cas de risque de transmission d’ATNC (prions).
La zone de nettoyage est totalement séparée de la zone propre par le mur technique de lavage. Tous les équipements sont à double porte : les instruments souillés rentrent d’un côté et ressortent propres de l’autre. 3 cabines de grande capacité permettent de laver les armoires et bacs de transport ainsi que les conteneurs de stérilisation ; les laveurs désinfecteurs sont eux dédiés au nettoyage de l’instrumentation. S’y ajoutent des postes spécifiques de nettoyage, soit manuel soit aux ultrasons, réservés à l’instrumentation fragile : DMR très sophistiqués de neurochirurgie ou d’ophtalmologie, ou encore moteurs chirurgicaux ne pouvant pas être immergés.
Le transport vers les laveurs désinfecteurs est programmé et automatisé en fonction des disponibilités et des temps de cycle, et est effectué par une navette mobile. Le lavage se fait par aspersion d’eau. Des produits spécifiques sont utilisés pour chaque phase du cycle : un détergent légèrement basique pour les premières phases de nettoyage, puis un neutralisant acide pendant la phase de rinçage, et en fin de cycle un accélérateur de séchage. Les équipements utilisés à STERILORR intègrent les évolutions les plus récentes en termes d’économie d’énergie, d’eau et d’utilisation minimale de produits lessiviels. Le système d’évacuation des eaux usées et leur traitement est situé au sous-sol du bâtiment et s’appuie sur la base de normes transmises par la Communauté Urbaine du Grand Nancy.
Une fois le cycle de lavage terminé, les supports de lavage sont déchargés automatiquement par un système de navette mobile et déposés sur un convoyeur dans un environnement sur pressurisé pour éviter les contaminations extérieures. Les agents, revêtus de charlotte, sur chaussures, et masques viennent les récupérer avec un chariot. Répartis sur 12 postes et aidés de listes et de photos témoins, ils recomposent tous les sets opératoires selon les directives données par le bloc opératoire. Cette partie de la production reste manuelle et « artisanale » : les sets diffèrent d’une intervention à une autre et présentent une grande variété (spécificité par spécialité chirurgicale, par technique opératoire et parfois par chirurgien).
Une fois les recompositions achevées, elles sont conditionnées dans l’emballage de stérilisation définitif : conteneur de stérilisation, sachets, ou système d’emballage sous double feuille de papier crêpé. Un préparateur en pharmacie ou une infirmière pilote la production : gestion des flux, priorisation des activités, suivi informatique, interface avec les blocs opératoires…
La zone de stérilisation a la particularité d’être complètement isolée de celle de la recomposition et d’être automatisée. Elle se compose de 8 stérilisateurs qui soumettent les DMR conditionnés à de la vapeur d’eau pure à 134° pendant 18 minutes sous une pression de 3 bars. Comme pour les laveurs désinfecteurs, le déroulé du cycle est normé et vérifié annuellement, lors de qualifications de performances réalisées par un prestataire extérieur.
Le déchargement des stérilisateurs est entièrement automatisé. Une supervision informatisée permet à ce stade le contrôle des paramètres de l’ensemble du process pour valider et libérer les charges de dispositifs médicaux stériles (fin de chaîne) ; ces derniers sont ensuite transférés soit dans des bacs de transport, soit directement dans les armoires qui ont été lavées au début du process. Les armoires transitent par un sas avant d’être mises à la disposition des agents de la logistique pour retour dans les services du CHU ou les établissements extérieurs.
En moyenne, de leur entrée à leur sortie, les sets d’instruments chirurgicaux auront passé 5 heures dans STERILORR
Un an a été nécessaire à la construction de STERILORR pour un coût total de plus de 13 millions d’€ financé en grande partie par emprunt et par une subvention de l’ARS Lorraine. L’unité est gérée par un Groupement de Coopération Sanitaire (GCS) public qui réunit les CH de Lunéville, de Pont-à-Mousson, de Toul, le GCS de l’Ouest vosgien (Neufchâteau-Vittel), la Maternité Régionale Universitaire et le CHU de Nancy.