Le Docteur Jean-Laurent Guyomard, assistant chef de clinique dans le service d’ophtalmologie du CHU de Rennes, vient de recevoir deux prix pour ses travaux de recherche sur la rétine artificielle. Il a été récompensé d’un Award à la réunion annuelle de l’ARVO 2006 (Association for Research and Vision in Ophtalmology), la plus grande société mondiale de recherche en ophtalmologie, et du prix de la meilleure communication de recherche de la Société française d’ophtalmologie.
Différentes pathologies rétiniennes comme la rétinopathie pigmentaire (RP) ou la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) conduisent à la cécité après une perte progressive des photorécepteurs. Un certain nombre d’approches, incluant les thérapies médicamenteuses et géniques, sont en cours d’investigation pour prévenir la cécité. Cependant, dès lors que la vision est complètement perdue, seules les prothèses visuelles bioélectroniques sont envisageables en remplacement des photorécepteurs. L’idée des prothèses rétiniennes repose sur le constat qu’en cas de dégénérescence des photorécepteurs, les autres neurones de la rétine persistent, en particulier les cellules ganglionnaires dont les axones forment le nerf optique.
La stimulation électrique des cellules rétiniennes résiduelles a donc été proposée pour produire une sensation visuelle et redonner aux patients une vision utile. Le travail de Master II de novembre 2004 à novembre 2005 du Dr Guomard a porté sur ce projet de rétine artificielle. L’objectif était de développer chez le rat P23H, modèle animal de dystrophie le plus proche de la pathologie humaine, une méthode chirurgicale de mise en place d’un implant sous-rétinien relié à un connecteur externe. Le design de l’implant a été conçu lors d’études préliminaires, en collaboration avec la « Geneva University Eye Clinic » (Pr Safran) et l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (Pr Renaud). L’implant est constitué d’une « tête » contenant les électrodes, reliée par une tige de polyimide à un connecteur externe fixé sur la boite crânienne de l’animal. Les résultats de ce Master ont été positifs puisque la méthode chirurgicale d’implantation s’est avérée reproductible, le matériau biocompatible par les études in vivo et histologiques, et le connecteur externe a permis d’étudier l’interface rétine-implant par la mesure des résistances électriques.
Parallèlement et afin de suivre in vivo la stabilité des implants, une nouvelle technique d’imagerie in vivo des structures intra-oculaires a été développée. A ce stade, il s’agit de stimuler les électrodes, via le connecteur externe, et de déterminer les seuils d’efficacité et de toxicité des paramètres de la stimulation, chez différents modèles animaux, avant des essais chez l’homme. Les seuils d’efficacité seront déterminés in vivo par des techniques comportementales (réponses optomotrices et stimulus-douleur) et électrophysiologiques (Electrically-Evoked Electroretinogram, et réponses corticales). Les seuils de toxicité seront déterminés in vivo et in vitro par l’examen du fond d’oeil et l’observation des coupes histologiques. Des études immunocytochimiques permettront de déterminer la nature exacte des cellules au contact de l’implant.
Impliqué dans un consortium international réunissant le Commissariat à l’énergie atomique, l’ « University College London » et la « Technical University Munich » : projet « Dreams » (Diamond to REtina Artificial Micro-interface Structures), le Dr Guyomard aura pour rôle d’implanter dans l’oeil et d’étudier la biocompatibilité de structures en diamant, réputées les mieux tolérées tout en continuant à développer cette nouvelle technique universelle d’imagerie intra-oculaire in vivo. Une déclaration d’invention est actuellement en cours pour cette technique. Une étude clinique multi-centrique entre le service d’ophtalmologie du CHU de Rennes et le Centre Hospitalier National Ophtalmologique des XV-XX sera lancée aussitôt que les études de toxicité seront terminées.