Une technique de chirurgie robotique innovante a été utilisée avec succès au CHU de Toulouse pour une réparation de l’uretère par auto-transplantation rénale sur une femme de 30 ans. L’intervention qui consistait à déplacer un rein et à le repositionner au contact de la vessie a été réalisée, sans nécessité d’ouvrir l’abdomen, par le Dr Nicolas Doumerc et son équipe*. Cette opération d’exception, inédite en Europe, a permis à la patiente de conserver son rein gauche après un très grave accident de la route. Elle a fait l’objet d’une publication dans l’International Journal of Surgery Case Report.
La jeune femme souffrait un traumatisme abdominal d’une extrême gravité: saignement intra-péritonéal, ablation d’une grande partie de l’intestin et délabrement important de la paroi abdominale qui ont nécessité trois laparotomies (ouvertures de l’abdomen), dont deux en urgence.
L’uretère et le rein gauche gravement touchés
Lors de l’accident, l’uretère et le rein gauche avaient été également grievement touchés. Dans un premier temps, cette lésion de l’uretère, située à proximité du rein, a nécessité une dérivation des urines par une sonde percutanée placée entre le rein et un appareillage externe de recueil des urines (néphrostomie).
Après la prise en charge initiale par l’équipe de chirurgie générale et digestive, la patiente a été confiée quelques mois plus tard, en février 2018, à l’équipe de chirurgie urologique, andrologique et de transplantation rénale du CHU de Toulouse pour réparation de l’uretère.
Une prouesse chirurgicale inédite en Europe
Dans ce contexte, le choix ne s’est pas fait comme habituellement, d’un remplacement avec un segment d’intestin grêle (urétéro-iléoplastie), celui-ci ayant été trop endommagé lors de l’accident.
La stratégie thérapeutique chirurgicale s’est donc orientée vers une auto-transplantation du rein, c’est-à-dire son déplacement et son repositionnement au contact de la vessie pour combler la partie de l’uretère manquante. Il s’agit d’une chirurgie très lourde avec dans un premier temps une néphrectomie puis une véritable transplantation rénale. C’est la technique qui donne les meilleurs résultats à long terme mais qui implique deux laparotomies de l’abdomen.
Deux laparotomies supplémentaires chez cette jeune femme déjà éprouvée par de précédentes interventions auraient été très délétères pour elle tant physiquement que moralement.
C’est la raison pour laquelle le Dr Nicolas Doumerc a proposé une nouvelle voie : l’auto-transplantation rénale totalement intracorporelle par chirurgie robotique, donc sans laparotomie. Une technique qui avait jusque là fait l’objet de seulement 2 publications au Canada et aux Etats-Unis.
Une opération totalement réussie
Le challenge a consisté dès lors, sans ouvrir l’abdomen, à réaliser dans le même temps la néphrectomie, le lavage du rein et son auto-transplantation en le déplaçant dans le pelvis, au plus près de la vessie pour combler le déficit de longueur de l’uretère.
Une mission totalement réussie par l’équipe toulousaine grâce à l’apport de la chirurgie robotique, avec seulement 3 jours d’hospitalisation et 6 petites incisions abdominales. Aujourd’hui, la jeune patiente se porte bien et son rein est parfaitement fonctionnel.
*Département Urologie – Andrologie et Transplantation rénale (Pr Michel Soulié, Chef de Service) Hôpital Rangueil – CHU de Toulouse