La semaine européenne de prévention et d’information sur l’endométriose s’est déroulée du 2 au 8 mars 2009 ; l’occasion de mieux faire connaître une affection gynécologique fréquente, complexe et encore sous-diagnostiquée.
Elles ont entre 25 et 35 ans. Elles souffrent depuis des années, le plus souvent lors des règles. Fatigue et déprime sont au rendez-vous, tout comme l’infertilité. Leur qualité de vie est souvent altérée. Ces femmes ont une endométriose. On estime que 10 à 15% des femmes en âge de procréer en sont atteintes, et près de la moitié des femmes infertiles. La variété des symptômes explique, en partie, l’errance diagnostique. Les douleurs tiennent une place prépondérante (lors des règles, lors des rapports sexuels ou de la défécation, douleurs lombaires, etc.). Il n’y a pas de corrélation entre l’importance des lésions et les plaintes des patientes. Certaines patientes ne présentent aucun symptôme. L’endométriose est une cause d’infertilité.
L’étrange voyage des cellules
L’endomètre est le tissu qui tapisse l’utérus. Au cours du cycle, l’endomètre s’épaissit, préparant ainsi une grossesse éventuelle. Si celle-ci ne survient pas, il se désagrège : ce sont les règles. Dans l’endométriose, du tissu endométrial se développe en-dehors de l’utérus, le plus souvent dans le bas-ventre : dans les ovaires, sur le péritoine (la membrane qui tapisse l’abdomen), l’intestin ou la vessie. Il provoque des lésions, des adhérences ou des kystes.
« Il existe trois types d’endométriose », résume le Dr Gil Dubernard. « Elle peut, soit toucher le péritoine de manière superficielle, soit atteindre les ovaires (on parle d’endométriome), soit encore être profonde et infiltrer les structures anatomiques et les viscères. Ce dernier tableau concerne 20% des patientes et nécessite souvent une intervention chirurgicale, en raison de la faible sensibilité de ces lésions aux traitements médicaux et de l’importance de la symptomatologie. »
Une stratégie pluridisciplinaire et prédictive
Grâce aux progrès de l’imagerie, deux examens permettent aujourd’hui de diagnostiquer clairement l’endométriose : l’échographie endovaginale et l’IRM pelvienne. Pour certaines localisations, notamment digestive et urinaire, des examens plus spécialisés peuvent être demandés comme, par exemple, une écho-endoscopie rectale ou une cystoscopie.
Pour les cas moins sévères, des traitements médicamenteux peuvent être proposés : des anti-douleurs, des anti-inflammatoires ou des traitements hormonaux ciblés qui visent à provoquer un arrêt des règles. Pour les cas plus sévères, le choix sera chirurgical : par voie coelioscopique (le plus souvent), l’intervention visera à enlever toutes les lésions afin de prévenir les récidives. Ce type d’acte peut être lourd notamment en cas d’atteinte digestive.
« Quand l’endométriose est sévère ou si elle récidive, la prise en charge doit être pluridisciplinaire », poursuit le médecin. Si la patiente souhaite un enfant il faudra l’orienter d’emblée vers un centre d’aide médicale à la procréation (fécondation in vitro) et ne réserver la chirurgie qu’en cas d’échec de cette prise en charge.
Pour tout renseignement :
Dr Gil Dubernard, gynécologue à l’hôpital de la Croix-Rousse.
Tel : 04 72 00 15 64