Le cancer du sein affecte chaque année en France 42 000 femmes. Dans le Finistère en 2004, 686 nouveaux cas ont été recensés, certains à un stade précoce grâce aux campagnes de dépistage menées par l’ADEC 29 (Association pour le DEpistage des Cancers) depuis 2003. Partenaire de l’ADEC 29, le CHU de Brest s’investit également dans l’amélioration des soins en mutualisant les moyens médicaux et en adaptant son organisation au chemin clinique des patients.
Les cancers gynécologiques requièrent une stratégie pluridisciplinaire faisant intervenir des innovations thérapeutiques tant dans le domaine chirurgicale (coeliochirurgie) que de la radiothérapie (radiothérapie conformationnelle, IMRT) ou de la chimiothérapie (thérapies ciblées). S’adaptant à cette évolution, le CHU de Brest a ouvert une unité fonctionnelle de consultation pour la chirurgie oncologique mammaire et gynécologique. Dans ce lieu référence, les patientes trouveront à la fois l’ensemble des médecins participant à leur traitement (chirurgien, radiothérapeute, oncologue médical, généticien) ainsi que les professionnels et acteurs impliqués dans l’accompagnement : psychologue, assistante sociale, associations. Un dossier médical unique est attribué à chaque patiente tout au long de son traitement et de sa surveillance. Ce dossier est présenté en réunion de concertation pluridisciplinaire ville-hôpital dans le cadre du réseau de cancérologie Onco Ponant qui coordonne l’activité de cancérologie des différents établissements de santé du secteur sanitaire N°1. En se dotant d’une telle structure, le CHU répond à une double exigence. Il applique les procédures de certification et adopte les recommandations du Plan Cancer en vigueur depuis 2 ans.
Les bénéfices de cette simplification du parcours de soin sont multiples une plus grande disponibilité vis-à-vis des patientes, de leur famille et des médecins correspondants, une diminution de l’astreinte liée aux traitements afin de limiter l’impact socio- professionnel et familial de la prise en charge de ces cancers. En outre la collaboration entre le Service de Gynécologie Obstétrique et l’Institut de Cancérologie et d’Hématologie permet de promouvoir la recherche clinique en ce domaine et de délivrer un enseignement spécifique.
Des traitements plus efficaces et moins contraignants : la technique du ganglion Axillaire Sentinelle (GAS)
La prise en charge chirurgicale du cancer du sein nécessite le prélèvement des ganglions de l’aisselle pour définir le meilleur schéma thérapeutique pour chaque patiente. Un acte qui, dans 60% des cas, se complique de séquelles allant de la simple diminution de la force musculaire à l’apparition d’un oedème volumineux du membre supérieur. La technique du Ganglion Axillaire Sentinelle permet -pour les tumeurs de petite taille dont le risque d’envahissement ganglionnaire est faible- de ne prélever que les premiers ganglions qui drainent le sein (2 à 3 en moyenne). Si ces ganglions sont indemnes de métastases, alors il est inutile de réaliser un prélèvement ganglionnaire complet ce qui limite les séquelles. Pour repérer ces ganglions, deux produits sont injectés avant l’intervention : une macro molécule marquée avec un isotope radioactif sans danger (Technétium 99) et un colorant présentant une affinité pour les canaux lymphatiques ( Bleu Patent®). Les ganglions marqués par le Technétium 99 sont repérés grâce à une scintigraphie et avec une sonde de radio détection utilisée pendant l’intervention. Les ganglions teintés par le colorant bleu sont eux repérés à vue, également pendant l’intervention. Ces ganglions seront alors prélevés et ensuite adressés au laboratoire d’anatomopathologie pour examen. S’ils sont malades alors un curage complet de l’aisselle est réalisé, s’ils sont indemnes le geste se limite à leur prélèvement. Pour les lésions de petite taille (< 20mm), il est ainsi possible d'éviter 80% de curage axillaire complet. Cette technique nécessite une courbe d'apprentissage pour obtenir un prélèvement représentatif de qualité. Développée dans la prise en charge du cancer du sein, elle peut être transposée à d'autres localisations gynécologiques (cancer du col utérin, cancer de la vulve) avec les mêmes objectifs de diminution de la morbidité chirurgicale et d'amélioration des soins.
D’après un article du Dr Pierre-François DUPRE, UF Oncologie Chirurgicale Gynécologique et Sénologique, CHU Brest – Hôpital Morvan