Le nez d’un patient porteur de cinq carcinomes basocellulaires a été reconstruit grâce à une technique chirurgicale réalisée pour la 1ère fois au monde au CHU de Toulouse par les Dr Guillaume de Bonnecaze et le Pr Benoît Chaput. Ne pouvant prélever la peau du front qui présentait des tumeurs cutanées, ils ont opté pour le prélèvement de la peau du menton et mis au point une nouvelle technique de vascularisation. Un an après cette chirurgie innovante, le patient se porte bien, respire normalement et ne porte cicatrice sur le nez. Cette avancée, la 131 première mondiale signée par un CHU français, a fait l’objet d’une publication dans la revue scientifique Head & Neck**.
Dans le cas des cancers de la peau (carcinome basocellulaire***) touchant le nez, le traitement chirurgical est toujours privilégié. L’enjeu est de permettre au patient de retrouver une qualité de vie normale, d’un point de vue esthétique d’une part, avec un nez sans lésion ni cicatrice, mais surtout d’un point de vue médical avec une respiration nasale normale.
Prélever la peau de pli sous-mentonnier pour reconstruire le nez
La chirurgie conventionnelle consiste en un « emprunt » de la peau du front pour un lambeau « peau à peau » front-nez après extraction des carcinomes. Dans le cas du patient opéré par les équipes du CHU de Toulouse, cette technique n’était pas réalisable. En effet, il avait également des tumeurs sur le front, traitées médicalement. Les médecins ont choisi de prélever la peau de pli sous-mentonnier. Cette zone est plus distendue, plus épaisse, et donc de meilleure qualité.
Après tracé des traits de découpe, la peau est relevée, passée au-dessus du menton et des lèvres pour recouvrir le nez. Le challenge de cette chirurgie novatrice : revasculariser la peau de la zone receveuse Lorsque le front est la zone donneuse, le lambeau frontal est retourné et abaissé sur le nez et reste vascularisé par le vaisseau frontal auquel il est rattaché. Ce n’est pas le cas avec la peau sous-mentonnière, beaucoup plus épaisse, qui nécessite une revascularisation une fois posée sur la zone receveuse. Les chirurgiens ont eu l’idée de « détourner » deux artérioles (chacune de la taille d’un cheveu) parmi toutes celles qui longent les deux artères faciales. Ces deux artérioles, toujours « branchées » à leurs artères nourricières ont été mises à nu, puis relevées vers le nez, chacune sous un pont cutané, le long des sillons nasogéniens.
Trois semaines plus tard, lorsque la vascularisation est redevenue autonome, les deux ponts cutanés contenant les artérioles ont été retirés. Un an après l’intervention, les résultats de cette première chirurgie sont positifs : le patient se porte bien, respire normalement et n’a aucune cicatrice sur le nez.
Pour confirmer cette nouvelle technique, des études sont programmées pour la comparer à la technique traditionnelle du lambeau frontal.
*le Dr Guillaume de Bonnecaze exerce dans le service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale du Pr Elie Serrano à l’Hôpital Larrey et le et le Pr Benoît Chaput dans le service de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique du Pr Jean-Louis Grolleau – Hôpital Rangueil
**« An innovative reconstruction procedure of total nasal resurfacing with a bipedicled propeller perforator flap » – Head & Neck. 2019;1–7 – Guillaume de Bonnecaze MD, PhD1 | Benoit Chaput MD, PhD2 – href= »https://doi.org/10.1002/hed.25790″ target= »_blank »
***Le le carcinome basocellulaire est le cancer non métastatique de la peau le plus fréquent. Il survient en général après 60 ans. Il est toujours induit par une exposition prolongée au soleil ou aux ultravolets en cabine. Il se localise le plus souvent au niveau du visage (paupières, lèvres, nez, front…), du cuir chevelu et du cou et parfois des bras. Il prend la