Le CHRU de Brest est le 1er établissement au monde à utiliser en routine clinique le Biograph Vision, un Tomographe par Émission de Positons couplé à un scanner (TEP.CT). Un investissement de 3 M€ qui répond à un accroissement d’activité notamment en cancérologie. Cette technologie de haute précision permet de mieux repérer une tumeur ou une inflammation, d’apprécier la progression de la maladie et d’évaluer l’efficacité du traitement.
Cancérologie, neurologie et cardiologie : les multiples indications du TEP.CT
En cancérologie, le TEP.CT est utilisé pour diagnostiquer certaines tumeurs malignes et mesurer l’efficacité des protocoles thérapeutiques. En cardiologie, cet examen permet d’analyser le flux sanguin, soit dans les artères coronaires, soit dans les cavités cardiaques elles-mêmes. En neurologie, il évalue les fonctions cérébrales et l’intégrité du cerveau. La TEP.CT peut, enfin, détecter certaines anomalies inaccessibles aux autres techniques d’imagerie.
Des délais réduits
De 20 minutes sur une ancienne machine, le nouvel examen ne prend que 8 minutes ! 12 minutes de gagnées qui vont booster l’activité ! « Nous réalisons désormais des examens sur 28 patients chaque jour, contre 18 auparavant sur la machine précédente. À l’heure actuelle, nous avons de fait la plus grosse activité TEP de France, depuis Brest ! » se réjouit le Dr Philippe Guillo, Chef de Pôle Imagerie CHRU de Brest.
Une vision précise de l’ensemble du corps
« Au lieu de se dérouler pas par pas (« Stop and Go ») – la tête, ensuite le cou, le thorax, l’abdomen… et on « recolle » tout cela in fine – l’acquisition se fait corps entier avec un déplacement continu de la table : c’est une innovation ! En plus de voir à quel endroit le traceur radioactif s’est localisé et d’identifier ainsi les cellules plus actives que d’autres, en faisant intervenir l’information dynamique, vous pouvez observer au fil du temps comment les cellules vont assimiler ce traceur. Cela apporte une information supplémentaire sur la vitesse de métabolisation. » détaille Julien Gervais, Responsable Médecine Nucléaire, Siemens Healthineers France.
Déroulement d’un examen au fluorodésoxyglucose (FDG)
Avant le début de l’examen, un produit appelé fluorodésoxyglucose (FDG) est synthétisé à partir de fluor 18, une molécule radioactive. Comme ce dernier a une demi-vie relativement courte (110 minutes), la TEP nécessite la mise en place d’une logistique précise. Le patient, à jeun depuis la veille, doit observer une période de repos d’environ 1 heure avant l’examen. Ensuite, le FDG lui est injecté par voie intraveineuse. Le produit est alors métabolisé par les tissus les plus actifs. Il est ensuite allongé dans une machine ressemblant à un scanner à rayons X, avec un large anneau.
Différents détecteurs placés à l’intérieur de l’appareil enregistrent les rayonnements émis par l’organe étudié, restituant des images sur un écran. Des couleurs ou des niveaux de luminosité variés permettent d’identifier des défauts de fonctionnement d’un tissu ou d’un organe. Par exemple, un tissu cancéreux utilise davantage de glucose qu’un tissu normal. Son image sera donc plus lumineuse.
En savoir plus sur la médecine nucléaire qui tend à évoluer vers la médecine moléculaire
La médecine nucléaire comprend l’ensemble des applications médicales de la radioactivité en médecine. On administre au patient (par injection intraveineuse, ingestion, inhalation…) des médicaments radiopharmaceutiques ; ceux-ci peuvent être des radionucléides isolés (comme l’iode 123 pour la glande thyroïde) ou être constitués d’un vecteur et d’un radionucléide. Une molécule « vectrice » qui fait partie du métabolisme humain va être attirée vers un organe cible ou tracer une fonction de l’organisme. Le radionucléide-traceur rattaché émet des rayonnements ionisants qui peuvent être détectés (imagerie ou scintigraphie) ou servir à détruire des cellules (radiothérapie interne vectorisée). Cette méthode est très sensible et permet des diagnostics ou des traitements.
Mais le terme "nucléaire" est lourd de connotations négatives. « C’est pourquoi, de plus en plus, on parle d’imagerie moléculaire explique le Pr Pierre-Yves Salaün, Chef de Service – Service de Médecine Nucléaire au CHRU. Le but est de vérifier si une certaine molécule reflète le fonctionnement de la cellule, si elle va consommer du glucose, avoir besoin de briques pour construire ses membranes… -, ou de pouvoir juger si elle est l’expression d’un récepteur de membranes. ». Il s’agit donc bien d’imagerie moléculaire et de suivi d’une molécule traceuse grâce à la radioactivité.