40% des chimiothérapies pourraient être évitées pour les cancers du sein dépistés à un stade précoce sans atteinte ganglionnaire
Les marqueurs tissulaires développés depuis 15 ans à l’AP-HM permettent de déterminer si oui ou non une chimiothérapie est nécessaire pour traiter un cancer du sein dépisté à un stade précoce sans envahissement ganglionnaire. Ce traitement lourd et coûteux s’avère inutile dans 40% des cas !
En France, 80 à 90 % des femmes soignées pour un cancer du sein localisé, sans atteinte ganglionnaire, subissent une thérapie adjuvante de type chimiothérapie. Pour une grande majorité d’entre elles, ce traitement lourd est inutile car leur risque de récidive est très faible. Le taux de chimiothérapies n’est que de 40 à 50 % dans d’autres pays européens tels que l’Allemagne, le Danemark ou les Pays-Bas.
Explication Ces pays utilisent largement un test diagnostic permettant d’analyser la quantité dans la tumeur de deux biomarqueurs, uPA et PAI-1. Ces marqueurs, développés depuis 15 ans au laboratoire de Transfert d’oncologie biologique de l’hôpital Nord dans le cadre d’un réseau de recherche européen, permettent d’identifier des sous-groupes en fonction du risque de récidive. Les femmes à faible risque de récidive peuvent, dans certaines conditions, éviter d’être traitées par une chimiothérapie. C’est ce qui ressort notamment de l’étude de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (SFSPM), en collaboration avec l’Institut national du cancer (InCA), présentée à Lyon en novembre 2009 (*).
Première cause de mortalité par cancer chez les femmes, le cancer du sein frappe chaque année près de 54 000 femmes en France et provoque plus de 11 000 décès.
Plus haut niveau de preuve
Le test uPA/PAI est encore peu utilisé en France, notamment en région PACA, alors qu’il est beaucoup moins onéreux (90 euros environ, remboursés par la sécurité sociale), que d’autres tests multigéniques (2 000 à 3 000 euros, non remboursés). Le test uPA/PAI est pourtant le seul à avoir obtenu le « Level of evidence 1 », le plus haut niveau de preuve justifiant son utilisation en routine. Avec la médecine fondée sur les preuves scientifiques existantes (« Evidence-based medicine »), les praticiens peuvent s’appuyer sur les dernières données scientifiques pour offrir le meilleur traitement à leurs patientes. La valeur pronostique du test uPA/PAI a été confirmée en 2002 sur plus de 8 000 cancers par l’EORTC (European Organisation for Research and Treatment of Cancer). L’American society of Clinical oncology (ASCO) l’a intégré depuis 2007 à ses recommandations.
* « Rapport 2009 sur l’état des connaissances relatives aux biomarqueurs tissulaires uPA-PAI-1, Oncotype DXTM et Mammaprint® dans la prise en charge du cancer du sein – Traitements, soins et innovation ».
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Pr Pierre-Marie MARTIN : 06 72 69 83 13