Depuis le début du mois, plusieurs CHU suivent le mouvement Movember et arborent symboliquement la moustache pour parler des cancers de la prostate et des testicules. Information, prévention et dépistage ont guidé les actions mises en place, contribuant à faire tomber les dernières barrières autour de ces cancers masculins.
L’opération aurait pu être rebaptisée « moustaCHU », et pour cause ! Depuis le début du mois de novembre, nombreux sont les CHU qui se mobilisent autour de la prévention des cancers masculins – prostate et testicules. Si le mois dernier, des rubans roses fleurissaient un peu partout, c’est bien désormais la moustache, emblème du mouvement Movember depuis 2003, que l’on retrouve estampillée sur les supports de leurs communications.
Un institut de la prostate à Reims
Le cancer de la prostate est le premier cancer chez l’homme. Sa prise en charge est variable selon l’avancement de la maladie (surveillance active, chirurgie, radiothérapie) et les éventuels autres problèmes de santé d’un patient. Pour répondre à cet enjeu de santé publique majeur – 48 000 cas par an en France, un homme sur huit touché- le CHU de Reims et l’Institut Jean Gobinot ont créé un Institut de la prostate. Car si le CHU propose des compétences en chirurgie urologique, et l’Institut Gobinot en radiothérapie, cette multiplicité des sites rendait le parcours de soins plus complexe pour le patient et limitait ses chances d’accéder à des essais thérapeutiques novateurs. En s’associant, les deux entités ont rendu possible un parcours de soin complet, réunissant sous un guichet unique compétences médicales, expertise multidisciplinaire et plateaux techniques pouvant intervenir dans le diagnostic, le traitement et le suivi des patents touchés par un cancer de la prostate (ou ceux jugés à risque).
Dans la cadre de Movember, les équipes du service d’urologie du CHU de Reims, toujours associées aux professionnels de l’Institut Gobinot, se sont retrouvées le 10 novembre dernier dans un hypermarché de Saint-Brice-Courcelles, autour de la Prostate Tour Janssen. Pour cette action de sensibilisation du grand public, dont la vedette n’est autre qu’une prostate gonflable, ils ont informé de manière ludique sur l’anatomie et le fonctionnement de cet organe, abordé les maladies qui l’entourent et les traitements possibles.
La Prostate Tour Janssen © CHU de Reims
« Prendre soin de sa santé intime » lorsqu’on est un jeune garçon
Du côté du CHU de Lille, on a cherché à informer en interne. En effet, des actions de sensibilisation avec les infirmières d’urologie se sont organisées directement dans des services majoritairement masculin,s peu visibles et peu touchés par les campagnes de prévention : service sécurité, logistique, brancardiers, restauration, blanchisserie. Par ailleurs, un facebook Live s’est tenu le 10 novembre avec deux urologues et un psychologue du CHU, sur le thème « Prendre soin de sa santé intime dès le plus jeune âge ».
Prendre soin de sa santé intime lors qu’on est un jeune garçon est justement fondamental pour prévenir d’un autre cancer, celui des testicules. Lorsqu’on regarde du côté des chiffres, celui-ci est le premier cancer des garçons âgés de quinze à vingt-neuf ans, avec plus de 2000 nouveaux cas chaque année en France. Une bonne nouvelle cependant : s’il est détecté tôt, le cancer des testicules se soigne bien. Dans leurs interventions et communications, les CHU abordent notamment la question de l’autopalpation. Pour s’assurer que le testicule ne présente pas d’anomalie (douleur, fermeté inhabituelle, bosse pouvant révéler une tumeur), il est conseillé de pratiquer une fois par mois l’autopalpation, seul devant un miroir ou accompagné, après une douche chaude. Un geste banal pour aborder le cancer du sein, mais qui l’est beaucoup moins dès lors qu’il s’agit des testicules. La raison ? Une (vieille) affaire d’atteinte à la virilité pour certains hommes, dont les personnels des CHU contribuent à lever barrières et les tabous.
L’histoire ne dit pas si le gagnant du concours de la plus belle moustache organisé au sein des équipes du CHU de Lille avait opté pour un style guidon ou Dali.
Vidéo, projection laser et application
A Bordeaux, on a souhaité faire de la pédagogie via une série de vidéos dans laquelle des médecins abordent les cancers masculins. L’une d’entre elles, tournée avec Amaury Daste, chef du service oncologie médicale au CHU de Bordeaux, s’est retrouvée projetée à la mi-temps du match de rugby France-Géorgie qui s’est tenu le 14 novembre dernier à Bordeaux. Aux lecteurs férus d’ovalie, sachez que cette même vidéo avait donné le coup d’envoi fictif d’une rencontre de top 14 entre l’Union Bordeaux Bègles et Clermont quelques jours plus tôt.
Au CHU de Saint-Etienne, on a ressorti l’un des outils qui avait donné une belle visibilité à Octobre rose : la projection laser de visuels géants ! Là où une poitrine de femme trônait sur l’une des façades de l’Hôpital nord le mois dernier, ce sont désormais des variantes de moustache qui tiennent le haut de l’affiche. Une campagne à retrouver sur les réseaux sociaux du CHU de Saint-Etienne, qui n’a pas oublié de sensibiliser son personnel via une action le 18 novembre dans l’ensemble de ses selfs.
Une moustache géante projetée au nez et à la barbe des passants © CHU de Saint-Etienne
A Nîmes, on souhaite apporter soin, qualité de vie et accès aux innovations
Face aux 8000 décès annuels en raison d’un cancer de la prostate, les CHU sont dans l’action. Le CHU de Nîmes a lui aussi décidé de se saisir du mouvement Movember pour libérer la parole sur ces problématiques de santé masculine, en mettant l’accent sur le cancer la prostate. Ainsi, une journée spéciale Movember se tient ce 24 novembre dans le hall du CHU afin de sensibiliser les usagers, les patients et les professionnels. Y sont présentés une application de type « tchabot » sur le cancer de la prostate, ainsi que des documents et outils d’éducation thérapeutique.
L’une des questions sans doute abordée sur le stand monté avec le service Urologie-Andrologie-Sexologie du CHU (troisième service de France selon le classement réalisé en 2021 par Le Point) : sexualité et cancers urologiques. Car aujourd’hui, la prise en charge des hommes souffrant de ce type de cancer ne se cantonne pas au traitement par lui-même ; il impose de donner aux patients, jeunes ou moins jeunes, des solutions pour préserver la fertilité, la continence urinaire et la sexualité qui, comme on le sait, sont des éléments importants au maintien d’une bonne qualité de vie. Comme l’indique le Pr Stéphane Droupy, chef du service Urologie-Andrologie-Sexologie au CHU de Nîmes, son service, associé aux équipes d’oncologie médicale et de radiothérapie, « propose une prise en charge multidisciplinaire centrée sur la guérison, le maintien de la qualité de vie ainsi que l’accès aux dernières innovations. Le Chu de Nîmes est pionnier dans les nouvelles techniques de traitement des cancers (robot DaVinci, Robot Ily), des dysfonctions sexuelles (ondes de choc, Botox, implants péniens) et de l’incontinence urinaire (sphincters artificiels, bandelettes ajustables), et promoteur de nombreuses recherches dans ces domaines ».
Une problématique que partage le CHU de Rennes, qui a lui aussi choisi de proposer ce 24 novembre à 14h une conférence sur le thème : Actualités et innovations dans la prise en charge du cancer de la prostate.
Force est de constater qu’une fois encore, les CHU (que nous n’avons pas tous pu citer !) se retrouvent à agir et à communiquer autour d’un enjeu de santé commun, les cancers masculins, tout en poursuivant leurs missions essentielles (soin, recherche, formation) dans des conditions parfois difficiles, et sans oublier d’autres suhets d’actualité ; Covid, semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, semaine de la dénutrition, journée mondiale du diabète, etc.
La rédaction avec les CHU de Reims, Lille, Bordeaux Saint-Etienne, Nîmes et Rennes