Dans un communiqué publié cette semaine, le CHU de Montpellier annonce avoir intégré le club très fermé des centres habilités à l’implantation du cœur artificiel total Aeson, mis au point par la medtech Carmat. Depuis décembre 2023, deux patients ont bénéficié de ce dispositif médical dernière génération, à l’hôpital Arnaud de Villeneuve.
Résultat d’une quinzaine d’années de développement, Aeson est le premier cœur artificiel physiologique au monde. Destiné à remplacer les ventricules natifs chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque avancée et en attente de greffe, ce cœur de haute technicité permet, par ses propriétés, de se rapprocher au maximum d’un cœur biologique humain. Comme ce dernier, Aeson produit des flux sanguins. Auto-régulé, il permet par ailleurs, grâce à la technologie intégrée dans la prothèse, un contrôle précis et une adaptation en temps réel en fonction des besoins physiologiques du patient. Enfin, il est présenté comme hémocompatible, évitant ainsi un endommagement des cellules sanguines et réduisant le risque de formation de caillots.
Une intervention lourde et pointue
Au CHU de Montpellier, seul centre du sud de la France à proposer cette chirurgie aujourd’hui, les patients éligibles sont proposés par l’équipe d’insuffisance cardiaque avancée de cardiologie et discutés en réunion pluridisciplinaire. Ils sont ensuite inclus de manière officielle dans l’étude clinique EFICAS, soutenue par la Haute Autorité de Santé, par un comité de sélection indépendant.
Si l’anatomie du patient est compatible après une simulation d’implantation virtuelle au scanner, alors l’intervention est programmée. Lors des deux interventions réalisées en fin d’année dernière, ce sont dix à quinze personnels qui ont été sollicités, dont des chirurgiens cardiaques, des anesthésistes-réanimateurs, des infirmiers de bloc opératoire (IBODE) et infirmiers anesthésistes (IADE), des perfusionnistes, placés sous la supervision de l’équipe de la société CARMAT. Ces interventions menées par les Dr Philippe Rouvière et Alexandru Nigolean ont duré entre huit et neuf heures. Dans les deux cas, « la prothèse a parfaitement démarré permettant de prendre le relai de la circulation artificielle en quelques minutes avec des battements tout à fait similaires à ceux d’un coeur naturel. », affirme le CHU.
Autre innovation avancée par l’établissement : « pour la première fois, ces interventions ont été précédées par la mise en place d’un capteur miniature (CardioMems) dans l’artère pulmonaire des patients par l’équipe de cardiologie, dirigée par le Pr Roubille. Bénéficiant de l’expertise déjà acquise sur cette autre innovation, les équipes peuvent ainsi suivre de façon exclusive l’évolution des pressions artérielles pulmonaires sous l’effet du cœur artificiel, ce qui est habituellement impossible. Ainsi, des informations nouvelles sont obtenues sur le fonctionnement de la prothèse cardiaque et sur le niveau de correction de ses pressions afin de préparer au mieux une éventuelle transplantation cardiaque.«
Une surveillance accrue après la greffe
Après cette greffe de cœur artificiel, intervention lourde durant laquelle il aura passé près de douze heures en salle d’opération, les patients sont admis en réanimation post-opératoire. Celle-ci vise à contrôler les conséquences sur l’organisme et à rétablir le fonctionnement des organes extra-cardiaques. Peu à peu, les différentes suppléances d’organes sont levées. Le réveil complet est assuré une fois que la situation est parfaitement stabilisée. La respiration doit aussi s’adapter à la mise en place de la prothèse qui, parfois, appuie sur les poumons. Une réhabilitation qui commence en réanimation et se poursuit en centre de chirurgie puis en centre de rééducation.
Parallèlement, l’éducation thérapeutique est entamée pour apprendre à gérer le câble d’alimentation qui sort de l’abdomen, ainsi que les alarmes et batteries qui doivent rester chargées et branchées en permanence. Un changement de taille pour les patients qui commencent une nouvelle vie, en attendant une future transplantation cardiaque.
La rédaction avec le CHU de Montpellier