Le centre de transfert de technologies céramiques et le service de neurochirurgie du CHU de Limoges annoncent le développement d’une technique très innovante de reconstruction crânio-faciale : 4 patients du service de neurochirurgie du CHU de Limoges dirigé par le Pr Moreau ont bénéficié de ces nouveaux implants.
De l’idée au premier implant
Avant d’être directeur général du CTTC de Limoges, Christophe Chaput a travaillé dans le secteur biomedical. L’idée d’associer la maîtrise des techniques les plus modernes de prototypage céramique (comme la stéréolithographie) développé au CTTC, aux compétences médicales du Dr Brie, praticien hospitalier en neurochirurgie au CHU de Limoges, a rapidement fait son chemin.
Dès janvier 2001, les deux établissements décident donc de partager leurs savoirs et expériences pour élaborer un nouveau type d’implant crânien, et inscrivent ce projet dans le cadre du projet européen Biocerarp. D’un montant total de 1 M €, il a permis au CTTC, au CHU de Limoges et aux 5 entreprises européennes associées au programme (un laboratoire allemand, un fabricant italien de poudre pour prothèses…) de faire avancer leur projet, et d’obtenir l’accord de l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) 45 mois après le début de l’étude.
Le premier patient est opéré en janvier 2005 par le Dr Brie. Une opération qui confirme déjà tous les intérêts des nouvelles prothèses en céramique par rapport aux techniques habituelles.
Des implants mieux acceptés, plus solides, mieux dimensionnés
Un grave traumatisme ou l‘ablation d’une tumeur peuvent provoquer la perte d’une partie importante du squelette du crâne ou de la face. Ces pertes de substance osseuse sont habituellement comblées à l’aide de greffons osseux prélevés sur le patient lui-même, et de ciments biologiques.
La fabrication des implants céramiques (hydroxyapatite) mis au point par le centre de transfert de technologies céramiques et le CHU de Limoges présentent dorénavant une alternative ayant de nombreux avantages.
« L’intervention chirurgicale nécessite moins de temps (1h30 seulement pour le dernier patient opéré) et surtout, ne génère pas de douleurs suplémentaires comme c’est le cas si l’on prélève un greffon osseux » explique le Dr Brie.
De même elle ne nécessite plus une irrigation continue ou une ablation de l’implant, comme le demande le recours à un ciment biologique. Des actions qui fragilisaient l’implant et pouvaient le déformer : ce n’est plus le cas.
La pose de ces nouveaux implants céramiques permet aussi de supprimer les complications (infection, hémorragie, fracture…) qui pouvaient accompagner le prélèvement de greffon osseux.
Le Dr Brie argumente à nouveau : « La précision des implants céramiques, dont la fabrication respecte au dixième de millimètre près la forme manquante, garantie un meilleur respect de la morphologie du patient ». Un atout encore plus prononcé lorsque la déficience osseuse du patient est de forme complexe ou de taille importante (supérieure à 50 cm2).
Les risque de voir apparaître un décalage entre l’implant et l’os disparaissent, et mieux encore, les nouveaux implants permettent une repousse osseuse sur les zones définies en amont par le chirurgien.
Enfin, contrairement aux ciments biologiques, les implants céramiques ne rejettent aucun résidu de monomères source d’intolérance.
L’étude de biocompatibilité in vitro et in vivo effectuée selon les normes européennes sur ces implants a montré leur parfaite innocuité.
Des résultats encourageants et un financement important de la Région Limousin, synonymes de développement
Quatre patients ont bénéficié de cette technique dans le service de neurochirurgie du CHU de Limoges, dans le cadre d’une étude clinique régie par la loi Huriet. Deux patients sont porteur d’un implant depuis plus d’un an, les deux autres depuis plus de six mois sans aucune manifestation d’intolérance. Cette nouvelle technique a été présentée à un congrès international de neurochirurgie de Clermont-Ferrand organisé en septembre dernier.
L’étude clinique se poursuit afin de valider les options techniques mais ces résultats encourageants permettent d’envisager dans un avenir proche une plus large diffusion de cette technique de reconstruction crânio-faciale.
Une perspective de développement de cette technique surtout rendue possible par l’important soutien financier de 200 000 € annoncé aujourd’hui par le président du conseil régional du Limousin, M. Jean-Paul Denanot. Cette convention entre la Région Limousin et le CHU de Limoges va concrètement permettre de réaliser une quinzaine de greffes de ce type dans les deux prochaines années.