Dans un contexte de crise sanitaire sans précédent, la rédaction de Réseau CHU a choisi de partager les messages forts de la semaine. Messages qui témoignent de l’évolution de l’épidémie, des attentes et des espoirs.
La première étape du déconfinement confirmée le 11 mai
"Au vu des résultats sanitaires, la levée progressive du confinement peut être engagée ce 11 mai", a annoncé Edouard Philippe ce jeudi 7 mai sur LCI. Un "déconfinement validé sur l’ensemble du territoire métropolitain", a-t-il précisé, "mais avec une discipline renforcée en Ile-de-France pour continuer de protéger au mieux les personnes vulnérables". Modalités du déconfiniment, carte définitive des départements, déplacements autorisés, conditions d’usage des transports, obligations de port du masque, accessibilité aux tests… L’allocution du Premier Ministre était vivement attendue pour répondre aux multiples interrogations des Français. "La France est prête à tester massivement", a affirmé quant à lui, Olivier Véran, et d’annoncer le déblocage de 475 millions d’euros pour les Ehpad et de primes de 1500 euros pour les soignants impliqués dans la lutte contre le COVID-19 dans les départements touchés. Retour sur une semaine ponctuée de doutes, d’agacements et d’impatiences…
Tout au long de la semaine, chacun a pu suivre et suivra l’évolution des cartes du déconfinement diffusées depuis le 30 avril. Dans un communiqué le 1er mai, Santé publique France reconnaît que le dispositif est perfectible. «Le meilleur indicateur pour suivre le risque épidémique de COVID-19 sera le taux de positivité des tests RT-PCR à SARS-CoV-2 sur l’ensemble du territoire, lorsque l’indication des tests sera étendue et que le système d’information national (SIDEP) de dépistage du Covid-19 sera fonctionnel. L’indicateur OSCOUR qui est utilisé en surveillance syndromique pour la phase 3 est produit à la demande de la direction générale de la santé pour préparer la période de pré-déconfinement, car il permet de refléter le recours aux soins pour suspicion de COVID-19 et constitue un indicateur précoce pour évaluer la circulation du virus. Cet indicateur présente néanmoins des limites quand il est interprété seul. Les ARS sont sollicitées pour prendre en compte les indicateurs disponibles localement et le contexte territorial d’interprétation. L’analyse quotidienne de risque contextualisée avec et par les acteurs locaux est ensuite consolidée à l’échelon national. »
« Les masques tombent »
Le 30 avril, les Présidents des Conseils Nationaux des Ordres des médecins, des sages-femmes, des infirmiers, des chirurgiens-dentistes, des masseurs-kinésithérapeutes, des pédicures-podologues et des pharmaciens se sont interrogés sur l’afflux de masques dans les enseignes de la grande distribution: «Où étaient ces masques quand nos médecins, nos infirmiers, nos pharmaciens, nos chirurgiens- dentistes, nos masseurs-kinésithérapeutes, nos pédicures-podologues, nos sages-femmes mais aussi tous nos personnels en prise directe avec la maladie tremblaient et tombaient chaque matin ? Comment nos patients, notamment les plus fragiles, à qui l’on expliquait jusqu’à hier qu’ils ne pourraient bénéficier d’une protection adaptée, vont-ils comprendre que ce qui n’existait pas hier tombe à profusion aujourd’hui. 100 millions par ici, 50 millions par là. Qui dit mieux? C’est la surenchère de l’indécence. Nul n’aurait reproché à des circuits de distribution grand public de distribuer des masques grand public. C’était là un complément essentiel qui serait venu compléter utilement l’arsenal de défense contre le virus. Derrière le masque, se trouve le vrai visage. Nous, nous garderons celui de la dignité. Celui-ci ne se retrouvera dans aucun rayonnage. L’heure viendra, nous l’espérons, de rendre des comptes.» Le 4 mai, Bruno Le Maire, ministre de l’économie, a évoqué une « mauvaise polémique ». Tandis que le Premier ministre Edouard Philippe démentait l’existence d’un «stock caché».
Héros en colère
Retenons également le lancement d’un site internet et d’un appel pour construire un mouvement populaire par un collectif de soignants et professionnels de la santé. « Bouleversé·e·s et en colère, nous décidons de nous lever et de crier haut et fort « Bas les masques ! » « L’avenir sera ce que nous déciderons d’en faire ! Le « monde d’après » nous le voulons juste, centré sur l’intérêt du plus grand nombre et non sur la recherche du profit au bénéfice de quelques-uns ». Le 6 mai, plus de 15 000 personnes avaient déjà signé.
Le Collectif inter-hôpitaux affiche également son impatience. Estimant qu’une prime de 500 à 1500 euros ne suffira pas, Florence Pinsard, cadre de Santé, réagit le 5 mai sur France Inter : "Elle est toujours bonne à prendre, on ne crache pas dessus, mais ça ne remplace pas une vraie revalorisation salariale pérenne. On a dit de nous qu’on était des héros en blouses blanches, je nous vois plutôt en héros en sacs poubelle".
Fiers de nos soignants
Terminons par un message plus optimiste, celui de Frédéric Valletoux, Président de la Fédération hospitalière de France (FHF) qui a rencontré le Premier ministre le 7 mai: «Merci au Premier ministre de m’avoir reçu et d’avoir pris le temps d’écouter les propositions de la Fédération hospitalière de France (FHF) en faveur des personnels hospitaliers et des Ehpad, ainsi que des mesures que nous préconisons dans le cadre du futur plan massif pour l’hôpital promis par le Président de la République. Pour le très court terme, j’ai notamment insisté pour que la prime de reconnaissance annoncée par Emmanuel Macron soit versée dans les mêmes proportions et dans le même calendrier aux personnels des Ehpad. Il n’est pas question pour moi de dissocier les deux, comme certains ont pu l’imaginer dans des bureaux ministériels. Hospitaliers et agents des Ehpad font face à l’épidémie avec le même engagement. Ils sont soudés et incarnent ensemble le service public de santé. Pour les prochains mois, j’ai plaidé auprès d’Édouard Philippe pour que la santé et le grand âge soient au coeur des préoccupations et des réformes de l’après-Covid-19. Nous sommes aujourd’hui fiers de nos soignants, alors travaillons à des mesures qui garantissent dans la durée la reconnaissance qui est celle de la Nation».