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Greffe rénale à partir de donneur vivant : le plaidoyer du Pr Georges Mourad

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« Comparés aux taux de 50% aux USA ou de 40% en Norvège, les 8% de greffes de rein réalisées à partir de donneurs vivants en France attestent du retard pris par notre pays » déplore le Pr Georges Mourad, responsable de l'équipe Néphrologie et Transplantation. Un chiffre qui a peu augmenté depuis 2004. En cause : le cadre restrictif de la loi de bioéthique qui limite le don du vivant à la famille proche (parents, enfants, oncles, tantes et conjoints). Dans ces conditions, comment faire pour atteindre l’objectif de 20% fixé par l'Agence de Biomédecine ? Le Pr Georges Mourad commente la nécessaire évolution législative et le travail essentiel d’accompagnement et d’information des équipes.

« Comparés aux taux de 50% aux USA ou de 40% en Norvège, les 8% de greffes de rein réalisées à partir de donneurs vivants en France attestent du retard pris par notre pays » déplore le Pr Georges Mourad, responsable de l’équipe Néphrologie et Transplantation. Un chiffre qui a peu augmenté depuis 2004. En cause : le cadre restrictif de la loi de bioéthique qui limite le don du vivant à la famille proche (parents, enfants, oncles, tantes et conjoints). Dans ces conditions, comment faire pour atteindre l’objectif de 20% fixé par l’Agence de Biomédecine ? Le Pr Georges Mourad commente la nécessaire évolution législative et le travail essentiel d’accompagnement et d’information des équipes.
La greffe rénale est le traitement de choix de l’insuffisance rénale chronique au stade V : en termes de qualité de vie ou d’espérance de vie, ses résultats sont nettement supérieurs à la dialyse. De plus, le coût d’une greffe rénale est largement inférieur à celui de la dialyse.
Autre argument qui plaide en faveur de la greffe à partir de donneurs vivants : . la survie actuarielle des greffes réalisées à partir de donneur vivant est de 10 à 15% supérieure à celle des greffes réalisées à partir de donneurs décédés (80 vs 65% à 5 ans). En dehors d’un risque opératoire indiscutable mais au demeurant extrêmement faible (3/10 000 néphrectomies aux USA), les donneurs ont une survie superposable à la population générale sans complication au long cours. Enfin, depuis une dizaine d’années, le prélèvement rénal est fait par voie coelioscopique, ce qui diminue les douleurs post-opératoires, les problèmes de cicatrisation et la durée d’hospitalisation.

Pour atteindre l’objectif de 20% de transplantation rénale à partir de donneurs vivants, une série de mesures ont été ou sont en passe d’être déployées

Les textes réglementaires viennent d’être modifiés afin d’élargir le cercle des donneurs vivants potentiels aux personnes liées affectivement, comme cela se pratique dans certains pays européens ou aux USA. Grâce à l’action conjointe des associations de patients et de nombreuses sociétés savantes, ceci vient d’être fait et la nouvelle loi de bioéthique stipule que "le don est possible pour toute personne pouvant apporter la preuve d’un lien affectif étroit et stable depuis au moins deux ans avec le receveur". Il s’agit là d’une avancée spectaculaire témoignant de la confiance du législateur dans les valeurs de solidarité, d’amour et de compassion qui peuvent unir les citoyens.
La révision des lois de bioéthique a également rendu possible le développement des dons croisés : si par exemple un père du groupe sanguin A ne peut pas donner un rein à son enfant qui est du groupe O, il pourra donner à un receveur du groupe A dont le donneur serait du groupe O, et ce donneur O pourra donner à l’enfant O. Cela se fera évidemment de façon tout à fait officielle et transparente sous l’égide de l’Agence de Biomédecine. La mise en route d’un tel programme demande donc un investissement logistique, juridique et institutionnel très important.
Une information objective sera donnée très précocement aux patients, à leurs familles et à leurs médecins traitants concernant les risques (minimes) pour le donneur et les avantages (majeurs) pour le receveur, une étape essentielle pour la réussite de ce projet. Si l’on veut que dans les cinq ans qui viennent, les greffes rénales à partir de donneurs vivants représentent 20% du total, la mobilisation de tous les acteurs (patients, familles, associations de patients, médecins traitants, néphrologues, chirurgiens, personnel paramédical etc…) est essentielle. Vu la pénurie chronique de greffons et l’augmentation régulière du nombre de patients sur liste d’attente, les proches doivent être informés que le don d’un rein est un geste chirurgical très peu risqué et que ce geste de solidarité et d’amour peut radicalement transformer l’état de santé du malade.
Enfin, l’activité de transplantation rénale, exclusivement réservée aux CHU, nécessite la présence permanente d’une équipe médico-chirurgicale compétente, motivée et disponible, travaillant dans une structure hospitalière où tous les moyens diagnostiques (laboratoires d’immunologie, de biologie, d’anatomo-pathologie, services d’imagerie etc…) et toutes les thérapeutiques sont disponibles 24H/24. Un dossier de greffe à partir de donneur vivant nécessite environ 3 fois plus de travail qu’un dossier à partir de donneur décédé (examens du donneur, entretiens psychologiques etc…).
Le CHU de Montpellier, avec 120 à 130 transplantations rénales annuelles dont 8 à 10% de donneurs vivants, se prépare à atteindre, dans le cadre du projet médical 2011-2015, 150 à 160 transplantations annuelles, dont 20% de donneurs vivants, et se maintenir ainsi parmi les leaders français dans le domaine de la transplantation rénale.
 
D’après un article du Pr Georges Mourad publié dans l’hospit@’lien, n°11 – été 2011, l’hospit@’lien est la newsletter du CHRU de Montpellier destinée aux professionnels de santé

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