Introduite au CHU de Bordeaux par les médecins et infirmières anesthésistes en maternité, dans les blocs ou en consultation de douleurs chroniques, l’hypnose est désormais adoptée par les infirmières, puéricultrices, manipulateurs en électroradiologie, aux aides-soignants… et par les patients eux-mêmes. Depuis le déploiement de cette pratique en 2012, l’établissement recense plus de 1 000 actes d’hypnose médicale.
L’hypnose amène de grands changements dans la relation soignant-soigné, le patient devient acteur, il reprend sa position centrale dans le soin. Il découvre qu’il est possible de « bien vivre » le soin, de mieux gérer sa douleur, ou d’appréhender positivement l’acte chirurgical et d’en garder un souvenir non traumatisant voire une impression de bienveillance. L’hypnose apporte des bénéfices tant chez le patient, le thérapeute, que chez les soignants ou l’entourage présents lors des soins, procurant un apaisement de part et d’autre. Le soin est prodigué dans une ambiance plus calme et détendue, laissant un vécu plus positif pour chacun. Le CHU de Bordeaux déploie désormais un apprentissage auprès du patient pour qu’il s’approprie la technique et puisse pratiquer seul l’auto-hypnose.
L’hypnose, nouveau savoir soignant
Reconnue comme un complément thérapeutique l’hypnose médicale soulage les douleurs provoquées par les soins. « Le CHU a eu la volonté de développer l’hypnose médicale en favorisant l’accès à la formation continue, et en soutenant les projets des services. On ne s’impose pas « hypno thérapeute, cela implique une formation solide, reconnue, avec une pratique en conformité avec l’éthique. » insiste le Pr François Sztark, Président du Comité de Lutte Contre la Douleur (CLUD), chef de pôle anesthésie-réanimation du CHU de Bordeaux. Pour acquérir ce savoir-faire, 32 personnes
professionnels du pôle pédiatrique ont pu suivre la formation à l’hypnose médicale depuis 2012 : puéricultrice, auxiliaire de puériculture, manipulateur en électroradiologie, psychologue, kinésithérapeute. Son financement de 30 000 euros a été assuré pour moitié par la Fondation Apicil contre la douleur, l’autre moitié étant réglée par le CHU.
L’hypnose, un plus pour l’Unité d’Oncologie et Hématologie Pédiatrique du CHU de Bordeaux qui accueille en moyenne 100 nouveaux cas de cancer par an. « Au cours de leur traitement en oncologie pédiatrique, les enfants sont confrontés à de multiples douleurs liées à la maladie, mais aussi plus fréquemment provoquées par les soins : examen de moelle, ponction lombaire, pose de sondes, pansements.. » reconnaît le Pr Yves Perel, chef du pôle pédiatrie. Or la prise en charge médicamenteuse peut être insuffisante, particulièrement sur la composante anxieuse de la douleur. L’angoisse s’étend à la famille et devient source d’insatisfaction professionnelle pour le soignant…Pour prévenir ces douleurs par des moyens non médicamenteux, un accompagnement est proposé avant, pendant et après le soin : information, préparation, présence d’un proche, distraction, toucher massage… Dans ce cadre, l’hypno-thérapie va agir directement sur la sensation douloureuse, mais aussi sur le vécu émotionnel du soin.
En savoir plus sur l’hypnose
L’hypnose médicale a fait l’objet de bien des controverses et malentendus, mais depuis que ses mécanismes d’action ont été objectivés par l’imagerie cérébrale fonctionnelle, elle a cessé d’être une croyance. Ce n’est ni spectaculaire ni magique, l’hypnose correspond à un état naturel qui se produit dans notre vie quotidienne spontanément ; lorsque notre « esprit s’évade », « je suis là sans être là », absorbé par ma lecture, une image, de la musique…
Ce qui signifie que « faire de l’hypnose », n’est autre que de proposer à la personne, de se mettre dans un état de concentration intérieure pour obtenir un « lâcher-prise » physique et mental, afin d’exploiter plus volontairement ses ressources personnelles.
Dans le traitement de la douleur, la place des médicaments reste souvent centrale, mais force est de constater que cette stratégie, peut atteindre parfois ses limites ; développer des outils complémentaires est essentiel.
« Induire un état d’hypnose c’est conduire le patient vers un état d’absorption imaginative qui lui est propre, où les perceptions comme la douleur et l’anxiété vont se retrouver modifiées, atténuées. Mais en aucun cas, l’hypnose ne peut s’imposer au patient, une relation de confiance, une alliance thérapeutique, est nécessaire. »prévient le Pr François Sztark, Président du Comité de Lutte Contre la Douleur (CLUD), chef de pôle anesthésie-réanimation du CHU de Bordeaux.