Tous deux ont choisi la carrière infirmière après avoir obtenu leur bac S : Katia Colmar travaille en oncologie et Abdel-Aziz Moudjed aux Urgences SAMU du CHRU de Nancy. Portés par l’envie de progresser dans leur métier, ils sont aujourd’hui les deux premiers « Infirmiers de Pratique Avancée » de l’établissement. Difficile pour l’instant de voir à l’œil nu dans leurs activités quotidiennes un quelconque changement. C’est pourtant un virage important dans le cursus infirmier. En effet, au terme d’une formation universitaire comportant un Master 1 suivi à Paris et un master 2 à Aix Marseille, ils sont désormais les représentants d’une nouvelle catégorie socioprofessionnelle de santé : les « professions intermédiaires » créées pour pallier les effets sur la santé du manque de médecins dans un contexte de finances publiques contraintes. Explications.
Avec l’accord du CHRU de Nancy, Katia et Abdel-Aziz se sont retrouvés ensemble sur les bancs de l’Université Aix-Marseille, à la Faculté de médecine, pour passer leur master 2 en Sciences cliniques infirmières, spécialisation proposée en 2009 en France. Cette ouverture avait anticipé de peu, un rapport* présenté en 2011 aux ministres du travail, de l’emploi et de la santé, et de l’enseignement supérieur de l’époque, mettant en avant la nécessité d’initier de nouvelles professions dans un secteur de la santé « plus souple, plus dynamique et plus performant ». En clair, se donner les moyens de faire évoluer la typologie classique des métiers des professions de santé (répartis en 3 grands groupes : médical, pharmacie et auxiliaires médicaux dont les infirmiers) pour faire face aux mutations profondes du secteur liées aux évolutions démographiques, sociétales et technologiques.
Le master 2 en Sciences cliniques infirmières de Marseille, en partenariat avec l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique, est divisé en 3 spécialités : infirmière de pratique avancée en gérontologie, infirmière de pratique avancée en cancérologie et infirmière coordinatrice de parcours complexes de soins. La formation alterne des cours théoriques et des stages tutorés à l’AP-HM. Pour Katia, soutenue dans sa démarche par l’équipe médicale et soignante de son service au CHRU de Nancy, l’expérience a été cooncluante : « Je me suis rendue compte, raconte-t-elle, que d’un point de vue personnel, il est très enrichissant de rencontrer d’autres professionnels de santé, d’avoir un enseignement dispensé par des médecins d’un autre établissement confronté à d’autres réalités. Reprendre des études, retourner sur des terrains de stages où l’on redevient étudiant remet beaucoup en question. C’est parfois difficile mais très stimulant. »
Même encouragement du côté de la hiérarchie et des collègues d’Abdel-Aziz qui lui, a opté pour la filière « coordination de parcours de soins complexes », c’est-à-dire l’optimisation de la gestion du parcours du patient : « Mon niveau de compétences est aujourd’hui supérieur, constate-t-il, j’ai acquis des connaissances en particulier dans le domaine de l’hygiène qui me permettent de transmettre à mon équipe les nouvelles recommandations sur lesquelles il faut que l’on travaille ensemble pour faire évoluer nos pratiques. »
Ces métiers intermédiaires existent déjà dans d’autres pays comme le Canada ou la Suisse par exemple, où les organisations hospitalières les ont intégrés dans leur hiérarchie. Ainsi, les Hôpitaux de Genève comptent parmi leurs professionnels des Infirmiers Responsable d’Unité, spécialisés dans le management, et des Infirmiers Spécialiste Clinique qui dépendent directement de la Direction des soins. En France, ce sont les Hôpitaux de Marseille qui ouvrent la voie en confiant aux Infirmiers de Pratique Avancée en cancérologie, la responsabilité d’une première évaluation du patient et de son entourage (englobant l’impact de l’annonce, les symptômes de la maladie, les traitements, les résultats d’analyses, d’imagerie et la prise en charge à domicile), puis sa transmission au médecin avant la consultation proprement dite.
« Le cœur de notre métier reste la profession infirmière avec une expertise clinique qui conduit à un travail en étroite collaboration avec les médecins. Grâce au master, j’ai aujourd’hui une vision différente de ma profession avec quelque chose de beaucoup plus en mouvement » argumente Katia Colmar, rejointe par son collègue Abdel-Aziz Moudjed : « Nous avons eu accès dans le cadre de notre formation à la recherche en soins infirmiers. C’est passionnant et cela nous a fait prendre conscience que rien n’est figé, que les infirmiers sont partie prenante de ces évolutions. Par exemple, moi j’ai appris effectivement à réaliser un examen clinique complet. »
Aujourd’hui, ils sont plusieurs, comme Katia et Abdel-Aziz, à espérer le cadrage officiel du statut d’« Infirmier de Pratique Avancée » correspondant à leur qualification : un premier pas qui pourrait conduire in fine au Doctorat en soins infirmiers, suite logique du glissement des études en LMD (Licence Master Doctorat). En attendant, ils ont rejoint le REPASI (Réseau des Pratiques Avancées en Soins Infirmiers) qui regroupe tous les infirmiers diplômés depuis 2009, alors que le master 2 vient d’être revalidé pour 5 ans. « Avoir été stimulés intellectuellement nous donne envie de travailler différemment avec les équipes, d’apporter une dimension un peu théorique à nos échanges de façon à changer le regard des professionnels sur les relations avec les patients. Cela donne de la sérénité et du crédit » conclut l’infirmière mastérisée.
CHU Grenobles Alpes : vers un hôpital vert
Les hôpitaux sont des acteurs non négligeable en termes d’impact sur l’environnement. En effet, le monde de la santé produit 8 % de l’empreinte carbone française. Afin de sensibiliser à la question du développement durable, est organisée chaque année, et dans de nombreux CHU, les semaines du développement durable du 17 septembre au 08 octobre. Retour sur les actions menées au CHU de Grenoble Alpes.