Pourquoi la santé mentale est-elle si peu médiatisée alors que les troubles psychiques touchent un quart de la population et qu’elle fait partie des 5 priorités de santé publique s’interrogent les professionnels et les patients ? Pour contribuer à lever le tabou et comprendre les causes de cet ostracisme, plusieurs rencontres seront organisées durant la Semaine d’information sur la santé mentale (SISM) qui se déroulera du 17 au 22 mars 2014. Un temps d’échanges et de rencontres « à vocation pédagogique et de déstigmatisation ».
Santé mentale, comment le public peut-il s’informer ?
L’information recouvre la documentation collectée dans les centres, les renseignements recueillis auprès des professionnels de la santé mentale, des personnes soignées, les textes et commentaires qui circulent sur internet basés sur l’expérience, la science, le témoignage… La maladie mentale fait aussi l’objet d’articles de presse qui relatent un fait divers mettant en exergue les troubles psychiques et qui au final donnent une vision déformée de la maladie mentale.
Parmi les temps forts des conférences
Table‐ronde « Sommes‐nous tous fous ? » – « Nous vivons dans un monde de fous »…
Mardi 18 mars à 18h30 Chapelle des Cordeliers – Place Sugny
Dans une société où tout va vite, où le politique et le médiatique s’enlacent sans cesse, où les réseaux sociaux permettent à des personnes d’avoir 2 000 amis virtuels et d’être terriblement seules en même temps, on peut légitimement se demander si l’on n’est tous pas un peu fou…
Mais être fou, qu’est‐ce que ça veut dire ? Dans une table ronde mêlant des professionnels d’horizons divers, les différents aspects de la « folie » seront évoqués. L’historien Ludovic Viallet rappellera les grandes périodes de l’histoire de la psychiatrie et le sort réservé aux « insensés » devenus aux XIXeme siècle des « aliénés », a évolué.
Qui doit prendre en charge le « fou » devenu aujourd’hui un malade psychiatrique ? Le médecin psychiatre assurément, c’est ce que nous verrons avec le Pr Pierre‐Michel Llorca. Bertrand Noailles, enseignant, nous dira que le philosophe peut apporter une approche à la compréhension et à l’analyse de la santé mentale.
Quand un malade mental commet un délit, le juge doit‐il condamner le délinquant ou punir le malade ? Le droit pénal français prend en compte la « folie » de deux manières nous dit le magistrat Joël Montcriol : l’abolition du discernement et l’altération du discernement ont des conséquences différentes.
Un fait divers où est impliqué une personne souffrant de troubles psychiatriques peut relancer, attiser le débat sur l’intégration dans la société des malades schizophrènes par exemple. Cécile Bergougnoux, journaliste à La Montagne prendra exemple sur ses pratiques pour relater les écueils auxquels peuvent se heurter le journaliste.
Aujourd’hui, les malades psychiatriques sont devenus des usagers du système de santé mentale et, à ce titre, ils sont des droits et sont représentés dans les plus hautes instances des structures de prise en charge, comme nous le précisera Marie‐Paule Poilpot, Présidente de l’Unafam Auvergne.
Enfin, l’accueil de structures de prise en charge de malades psychiatriques dans la cité peut poser question et parfois susciter l’animosité des administrés, comme le racontera Jean‐Pierre Buche, Maire de Pérignat‐sur‐Allier.
Conférence « Internet et santé mentale : comment la santé mentale est‐elle abordée sur le web ?»
Mercredi 19 mars à 14h Chapelle des Cordeliers
Dans le contexte de psychiatrisation/psychologisation de l’espace public, se développe la culture du soin de soi comme en témoigne le succès de magazines tels que Psychologie Magazine, les séries télévisées et Internet. Et parmi ces medias internet occupe une place à part en tant que lieu d’expression, « contre‐pouvoir » aux informations données par les médecins et les soignants. expliquera l’anthropologue Laurent Marty (les sites d’information, les sites professionnels, les forums, les sites spécialisés par pathologie, les sites de médecins généralistes et les blogs).
L’équipe du service du Pr Llorca proposera un retour de ses expériences avec la création du site Auvergne Addictions
A Clermont-Ferrand et dans le Puy de Dôme, la SISM est organisée par le CHU de Clermont‐Ferrand, le Centre Hospitalier Sainte‐Marie, l’Unafam, Espérance 63, et l’association Croix‐Marine, la SISM 2014.