Le jardin « art, mémoire et vie » du CHRU de Nancy, unique en France par sa conception, ses dimensions et sa localisation est depuis son ouverture au cœur de plusieurs recherches qui intéressent la santé et les sciences humaines. Dédié aux patients atteints de la maladie d’Alzheimer, à leurs proches et aux patients en soins palliatifs, cet espace où se mêlent botanique et art porte le nom générique de JAZ (Jardin AlZheimer).
Les études scientifiques sont conduites par le laboratoire de psychologie InterPsy – EA 4432 – de l’Université de Lorraine et en particulier le Groupe de Recherche sur les Communications dirigé par le professeur Alain Trognon.
Les thèses de doctorat de 3e cycle sont organisées autour de trois thématiques
– JAZ ART qui vise à mesurer les répercussions psychologiques, émotionnelles (plaisir), cognitives (stimulation), interpersonnelles d’un environnement artistique sur des patients victimes de troubles neurodégénératifs. Le jardin construit en référence à son histoire (celles de la ville de Nancy et de la région Lorraine) permet aux patients de retrouver des images, des odeurs, des sons, des interactions de leur passé qu’ils ont tendance à oublier. Cela passe par les fleurs comme les pivoines de Lorraine, les personnages de légende comme le St Nicolas figuré sur un vitrail ou encore le mobilier ergonomique dans le style « Ecole de Nancy » intégré dans l’architecture du jardin. Un article qui complète ceux déjà publiés au plan international est en cours de préparation. Il porte sur l’intégration de ces différentes dimensions dans le jardin. JAZ ART fait l’objet d’un contrat doctoral de l’Ecole Doctorale ‘Stanislas’ de l’Université de Lorraine.
– JAZ TOP, cette thèse de 3e cycle, en cours depuis 3 ans est dirigée par le professeur Trognon et menée en collaboration avec une équipe de Montréal, étudie comment stimuler au mieux les fonctions cognitives attachées à la topographie. « art, mémoire et vie » a été conçu pour que, quel que soit l’endroit où se trouve le visiteur, il ne soit jamais perdu, avec en point de référence le portail qui reste toujours visible. Tout dans le jardin est repère : les couleurs, les bassins, les sculptures, etc…
– JAZ BURN vise à objectiver la perception jusque-là intuitive de l’impact favorable d’un espace vert sur les personnels soignants exerçant dans des unités Alzheimer ou de soins palliatifs. Plus particulièrement, sur leurs missions dans ces lieux de travail, souvent éprouvants et vecteurs de burnout, lorsqu’ils ont la possibilité de les dédramatiser en participant à des activités lié au jardin « art, mémoire et vie ». Cette thèse fait l’objet d’un contrat CIFRE avec l’entreprise « Retravailler E.G.P. »
Les recherches sont encadrées à divers niveaux par les Prs des Universités, Martine Batt, Responsable du Conseil Scientifique d’InterPsy, Alain Trognon Responsable du GRC et par le Dr Thérèse Jonveaux, chef de service de l’unité Cognitivo Comportementale et des soins palliatifs du CHRU de Nancy, directrice du CM2R et co-fondatrice du jardin thérapeutique avec le Dr Reinard Fescharek.
Ces recherches sont à l’interface de la santé, de la recherche scientifique et de la société civile. « Art, mémoire et vie » a fait du patient hospitalisé à Nancy, un citoyen à part entière puisque cet espace, situé en centre-ville, est un lieu de médiation unique et originale entre lui et les personnels de santé, ses proches, les professionnels du jardinage, les artisans locaux, les intervenants culturels et les autres résidents dans cet espace socio-naturel qu’est « le jardin ».
Ressource inépuisable pour les chercheurs, le jardin représente une métaphore de l’unicité du psychisme individuel. Le psychisme individuel ne s’exprime normalement pas par tranches, un bout de raisonnement, un bout de mémoire, un peu relations sociales, etc., il s’accomplit, il se réalise comme un tout. Le jardin apporte l’espace de réalisation qui convient. Partant, le jardin permet d’étudier à peu près toutes les fonctions psychologiques de l’individu dans leur intégration. Conçu pour stimuler les sens, les sentiments, les idées et les relations des patients des patients, le jardin du CHRU peut devenir ponctuellement une salle de consultation « grandeur nature » (dès que la météo le permet, les orthophonistes, les ergothérapeutes, les médecins, les infirmières, les aides-soignantes, les psychologues y travaillent) mais aussi une salle de spectacle (les partenariats avec les acteurs culturels de la ville permettent d’y accueillir des artistes) un lieu de médiation (chaque année les jardin est associé à des manifestations grand public type « Journées du patrimoine » qui invite les citoyens à rencontrer les professionnels de santé).
Transdisciplinarité et transversalité : le jardin « art, mémoire et vie » draine dans son sillon des enjeux d’avenir fondamentaux à l’heure où le vieillissement de la population interpelle les gouvernances territoriales, nationales et internationales. Sa conception, son aménagement et son utilisation sont des vecteurs de savoirs à faire savoir. Les jardins thérapeutiques sont inscrits dans les Plans Alzheimer qui s’enchainent depuis 2008. Le jardin de Nancy est un prototype qui attire de nombreux visiteurs étrangers (Japon, Canada, Etats-Unis, …) et qui porte des partenariats avec des équipes de recherche d’autres pays (Angleterre, Belgique, Italie). Une association a été créée, JAZ PARTENAIRES (Jardins Alzheimer, recherche, soins et Interaction), pour formaliser et transmettre cette expérience unique à des structures qui ont un projet de jardin thérapeutique. Un cahier des charges a été élaboré qui prend en compte ses trois composantes essentielles : la santé des publics accueillis et des personnels en charge de leur encadrement, la réalité culturelle du territoire où il est construit, le recours à l’artisanat régional pour son aménagement.
En Juin 2015, JAZ sera présent au Salon SHS Innovatives de Paris qui, sous l’égide du Centre National de Recherche Scientifique (CNRS), offre à des unités de recherche en sciences humaines et sociales la possibilité de valoriser et de transférer leurs résultats de recherche vers le monde économique et social. Un terreau sur lequel « art, mémoire et vie » a semé.
Consultation des productions scientifiques de l’équipe http:/interpsy.univ-lorraine.fr
Lire aussi : http://factuel.univ-lorraine.fr/node/2527
CHU Grenobles Alpes : vers un hôpital vert
Les hôpitaux sont des acteurs non négligeable en termes d’impact sur l’environnement. En effet, le monde de la santé produit 8 % de l’empreinte carbone française. Afin de sensibiliser à la question du développement durable, est organisée chaque année, et dans de nombreux CHU, les semaines du développement durable du 17 septembre au 08 octobre. Retour sur les actions menées au CHU de Grenoble Alpes.