Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Les punaises de lits, une lutte sans merci, une étude est en cours

Auteur /Etablissement :
Punaise adulteLa punaise de lits est un insecte qui co-habite avec l'homme depuis des milliers d'années. Elle pique durant la nuit principalement sur les parties découvertes de la peau. Elle fuit la lumière, se cache dans la literie et tous les recoins sombres d'un habitat. Transportée dans les bagages, elle envahit de préférence les lieux à forte densité humaine et à haute fréquentation. Et, bien qu'extrêmement nuisante, "la punaise de lits ne transmet, à ce jour, aucun agent infectieux" même si elle a souvent été soupçonnée d'être vecteur de maladies. Telle est la conclusion d'une récente étude conduite notamment par les experts du CHU de Nice.
La punaise de lits est un insecte qui co-habite avec l’homme depuis des milliers d’années. Elle pique durant la nuit principalement sur les parties découvertes de la peau. Elle fuit la lumière, se cache dans la literie et tous les recoins sombres d’un habitat. Transportée dans les bagages, elle envahit de préférence les lieux à forte densité humaine et à haute fréquentation. La lutte est complexe et doit être menée avec rigueur. Extrêmement nuisante, elle ne transmet, à ce jour, aucun agent infectieux même si elle a souvent été soupçonnée d’être vecteur de maladies.

Ce thème est l’objet d’une étude conduite par le Dr Pascal Delaunay Entomologiste médical et Parasitologue au CHU de Nice, Jean-Michel Berenger, Entomologiste médical au Laboratoire de diagnostic biologique des maladies infectieuses et d’hygiène au Centre Hospitalier du Pays d’Aix ; Arezki IZRI Entomologiste médical et Parasitologue AP-HP Université Paris XIII ; Olivier CHOSIDOW Dermatologue AP-HP Université Paris XII (*).

Qu’en est-il en France ?
Les résultats d’une étude fait état de nombreux cas sur le territoire : Paris, Lyon, Marseille, Toulon, Nice… et révèle plusieurs infestations par punaises de lits dans des logements collectifs. Ce programme de recherche, établi sur 3 ans, a pour objectif de redéfinir les germes contenus dans les punaises de lits, d’établir une génétique des populations en France métropolitaine et d’étudier la résistance aux insecticides.

Parfaitement connu par nos grands parents avant la seconde guerre mondiale, cet insecte, Cimex lectularius a disparu de notre vie quotidienne vers les années 1950 grâce à l’amélioration de l’hygiène de notre habitat due à l’augmentation globale du niveau social et économique. Après guerre, les traitements systématiques contre tous les nuisibles (cafards, mites…) avec du DDT, insecticide à forte rémanence et ont certainement bloqué l’expansion des punaises de lits. De nos jours, ces produits dangereux sont interdits et on leur préfère des pièges attractifs spécifiques sans effet sur les punaises de lits.

Les adultes ont une taille comprise entre 4 et 7 mm et sont généralement de couleur brune à beige, très plats, sans aile. Leur repas dure entre 10 et 20 minutes, mais la punaise de lits peut vivre sans repas jusqu’à 2 ans. Après, c’est la « sieste », elle digère, change de stade ou pond dans un lieu caché ce qui explique le second mode de propagation : « le transport passif ». C’est l’hôte qui transporte, de façon fortuite, l’insecte vers un nouveau lieu de vie situé parfois à des milliers de kilomètres, lors d’un voyage par exemple. Adultes et jeunes sont actifs la nuit et fuient toute lumière qu’elle soit du jour ou artificielle ce qui ne facilite pas leur découverte. Leurs piqûres créent des lésions dermatologiques mais également des angoisses parfois profondes.

Depuis les années 1990, une recrudescence mondiale est observée dans de nombreux pays développés (Amérique du Nord, Europe, Australie, Nouvelle Zélande…). Pire, depuis 5 ans, des contaminations dans des bâtiments entiers sont de plus en plus décrites.

La lutte débute par une identification formelle de l’insecte : Cimex lectularius ; puis, une recherche minutieuse et systématique de tous les sites de repos. Lors de fortes propagations une odeur « acre » peut-être reconnaissable. S’équiper d’une lampe de poche et d’une loupe est indispensable. Chambres à coucher et salon avec canapé pour la télévision sont les pièces principalement ciblées. Ensuite, rechercher dans les recoins suivants : matelas : cordon, étiquette de la marque, orifice d’aération, attaches des sangles?structure du lit et objets proches etc.

La lutte sans utilisation d’insecticide est fortement conseillée voire primordiale pour diminuer et supprimer au maximum la charge parasitaire d’un lieu. Ces méthodes, présentent comme avantage de ne pas mettre en place de résistance. Elles peuvent être utilisées conjointement : aspiration avec l’embout de l’aspirateur, des oeufs, des jeunes et des adultes. L’aspirateur ne tue pas l’insecte qui peut alors ressortir quelques heures plus tard. Le conduit d’aspirateur devra être nettoyé et le sac obturé dans un sac plastique et jeté dans une poubelle extérieure pour éviter toute autre contamination.

La congélation à -20°C doit durer minimum 48h selon la taille de l’objet ; le lavage à la machine doit être pratiqué à plus de 55°C ; le nettoyage vapeur à 120°C, détruit tous les stades de punaises au niveau des recoins ou des tissus d’ameublement ; le nettoyage haute pression ou à la brosse seront à associer à l’aspirateur ou à un grand nettoyage du sol. La restauration des lieux s’impose la plupart du temps.

La lutte chimique peut être pratiquée dans tous les cas. Le site devra être traité par un professionnel qui interviendra 2 fois au minimum à environ 2 semaines d’intervalle. Mais la lutte doit être adaptée au lieu. Pour de très forte infestation, aucun professionnel de la désinsectisation ne peut raisonnablement faire face sans un soutien logistique et financier de grande échelle associant les responsables du bâtiment.

Prévention
Il n’existe pas de prévention idéale. Ne jamais être infesté par des punaises de lits est dorénavant « mission impossible » pour toute structure hébergeant fréquemment des personnes. Hôteliers et clients doivent le savoir. En revanche, une hygiène quotidienne et une bonne connaissance de l’insecte minimise les risques d’infestations et accélère la découverte et donc la désinsectisation.

Auteurs associés
Véronique Blanc, Biologiste, Centre Hospitalier Antibes?Juan-les-Pins; Pascal Del Giudice, Infectiologue-Dermatologue, Centre Hospitalier Régional Fréjus?Saint-Raphaël; Philippe Brouqui Infectiologue, Assistance Publique Hôpitaux de Marseille; Didier Fontenille, Entomologiste médical, Institut de Recherche pour le Développement, Montpellier; Pierre Marty, Parasitologue, CHU de Nice.

Sur le même sujet

Pour préserver sa fertilité, on lui déplace l’utérus au niveau du nombril

Dans le cadre de la prise en charge d’une patiente atteinte d’un sarcome d’Ewing au niveau de la cloison recto-vaginale, le Pr Cherif Akladios, chef du pôle de gynécologie, obstétrique et fertilité aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, a réalisé un geste spectaculaire et inédit en France. En déplaçant son utérus au niveau de son ombilic, le chirurgien et son équipe ont sans doute permis à la jeune femme de préserver sa fertilité.

« Développer la chirurgie robotique, c’est faire face à beaucoup d’embûches »

A l’occasion d’une série de reportages au CHU de Nice, nous avons suivi le Pr Matthieu Durand, chef du service d’urologie, andrologie et transplantation rénale. Ce dernier a accepté de partager sa vision sur le développement de la chirurgie robotique au bloc opératoire. Dans son service, une attention particulière est donnée à l’enseignement avec 100% d’internes formés à la robotique. Un entretien au carrefour de la formation et de l’innovation.

Dossier : le diabète

Le 14 novembre était la journée mondiale du diabète. Une maladie répandue mais complexe. Environ 537 millions d’adultes vivent avec le diabète dans le monde. En France en 2020, plus de 4,2 millions de personnes vivent avec un diabète, soit 6,1 % de la population. Le diabète est plus fréquent chez les hommes que chez les femmes, à l’exception des territoires ultra-marins où les femmes sont les plus touchées.

Face à l’explosion des demandes de PMA, les CECOS dans l’inquiétude

Depuis la promulgation de la loi de bioéthique il y trois ans, les demandes d’aide à la procréation médicalisée ont explosé. En face de cette dynamique, le nombre de donneurs de spermatozoïdes, lui, est en baisse. Un constat aussi valable pour le don d’ovocytes et qui inquiète les professionnels des Centres d’études et de conservation des œufs et du sperme humain. Ces derniers n’ont que quelques mois pour reconstituer leurs banques de gamètes, désormais régies par la levée de l’anonymat des donneurs. Reportage au CHRU de Tours.