L’équipe d’hématologie du CHU de Montpellier va traiter son premier patient par CAR-T cells en janvier 2019. Les CAR-T sont des cellules reprogrammées pour combattre le cancer. Explications…
Pour pallier le défaut d’activation des lymphocytes T, cellules du système immunitaire en charge de la détection et de la destruction des cellules malignes, les chercheurs ont eu l’idée de les reprogrammer. Une fois modifiées ces cellules appelées re CAR-T cells (pour Chimeric Antigen Receptor T-cells) vont reconnaître les cancers et les détruire.
L’immunothérapie ou comment modifier le système immunitaire pour combattre une cible efficacement
Les lymphocytes des patients sont prélevés dans le sang à partir d’une ponction de leurs veines. Ces lymphocytes seront ensuite modifiés en laboratoire : un gène incluant une protéine de reconnaissance de la tumeur (CD19) et un gène permettant d’activer le lymphocyte T seront incorporés au génome des lymphocytes T du patient. Ensuite les lymphocytes T seront multipliés de manière à pouvoir disposer d’une grande quantité de lymphocytes T reprogrammés. Ces temps de reprogrammation puis de multiplication durent environ 3 semaines à 1 mois. Au terme de cette multiplication, le patient recevra une chimiothérapie dont l’objectif est de réduire le nombre de lymphocytes T du patient (ceux qui fonctionnent mal). Quelques jours après, les lymphocytes T reprogrammés (CAR-T) sont injectés au patient. Ils vont alors, au contact de la tumeur, reconnaître spécifiquement les cellules tumorales et s’activer pour détruire les cellules malignes.
Ce traitement concerne actuellement les patients atteints d’un type de lymphome particulier (appelé « diffus à grandes cellules » ou « primitif du médiastin ») ou d’une leucémie aiguë lymphoblastique. Il est réservé exclusivement aux patients dont la maladie est réfractaire aux traitements habituels ou en rechute après des traitements intensifs et dont la probabilité de survie est faible < 10%.
Grâce à ce traitement, les chances de survie augmentent avec près de 50% des patients en vie 1 an après la fin du traitement. Ce traitement est néanmoins associé à un certain nombre d’effets secondaires. En effet, l’activation des lymphocytes T contre la tumeur conduit à des effets secondaires importants qui nécessitent, dans environ 10 % des cas, une surveillance en soins intensifs.
Et demain…
La recherche va se poursuivre selon 3 axes : une amélioration de la reprogrammation des lymphocytes T. Il est ainsi possible d’améliorer la capacité d’activation des lymphocytes T, de leur faire reconnaître plusieurs cibles sur la cellule maligne ou encore de faire une reprogrammation qui évite les effets secondaires observés.
Dans le domaine des lymphomes et des leucémies, des études sont déjà en cours afin de tester ce traitement dans des stades moins avancés de la maladie afin d’éviter aux patients des traitements de chimiothérapie intensifs.
Des études s’intéressent aux autres maladies du sang et des ganglions tels que les myélomes ou d’autres formes de leucémie aiguë. Des essais cliniques sont en cours dans d’autres types de cancer. Certaines maladies virales (hépatite B, infection à VIH) ou des maladies auto-immunes pourraient aussi bénéficier de ces thérapeutiques révolutionnaires.
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