Les vacances d’été : le soleil, la plage, les balades, … mais aussi les parasites et les mycoses ! De mai à septembre, certains services du CHU de Nancy voient grimper leurs activités en lien avec les consultations de voyageurs. De nombreux consultants s’étonnent de marques apparues sur leur peau, ou de symptômes difficilement identifiables… Les dermatologues et les infectiologues prennent en charge ces patients atteints de parasites ou de mycoses mais le diagnostic passe souvent par le laboratoire de parasitologie mycologie. Enquête au microscope…
A l’image du chêne et de la truffe, il existe des hôtes et des parasites qui vivent en symbiose. Une communion assez rare, puisque la plupart des parasites se révèlent vite nuisibles pour l’individu qui les accueille. La Lorraine n’est pas à proprement parler une terre de parasites mais le Dr Jean-François Cuny, dermatologue au CHU, met en garde ses patients en période estivale : « Deux infections dermatologiques transmises par les parasites sont relativement fréquentes dans notre région : les infections dues aux aoûtats et les morsures de tiques. »
Les aoûtats
Des éruptions irritantes, de petits boutons centrés par un point de piqûre apparaissent dans les 24 heures qui suivent une promenade dans de hautes herbes ou des travaux de jardinage sur les jambes, les avant-bras et les zones couvertes par les sous-vêtements. « La prévention repose sur le port de vêtements couvrant l’ensemble du corps avec des extrémités serrées mais ceci n’est en général pas suffisant », explique le Dr Cuny. L’utilisation de crèmes anti-prurigineuses et anti-acariens est partiellement efficace.
Les tiques
Ces petites bêtes peuvent être responsables de plusieurs manifestations cutanées, souvent dues à des bactéries. La plus classique est un anneau rouge ou rosé, d’extension centrifuge apparaissant une dizaine de jours après la morsure. « Cette infection, une borréliose, est due à une bactérie (borrelia) transmise par la tique préalablement contaminée. Un traitement antibiotique est nécessaire pour éviter des complications rhumatologiques ou neurologiques… », précise le dermatologue. La morsure de tique peut également être infectée par des microbes communs tels que le staphylocoque ou le streptocoque responsables d’abcès. Une troisième complication assez fréquente est le retrait de la tique par arrachage en laissant le rostre sous la peau. S’en suit une petite tuméfaction, à cet endroit, conséquence de la résorption de ce corps étranger par l’organisme. Pour éviter que la tique ne transmette de bactérie (par exemple celle responsable de la maladie de Lyme), il est conseillé de ne pas utiliser d’éther ou d’alcool avant de l’arracher et l’utilisation d’un tire-tique est vivement recommandée pour le faire. Fort heureusement, le plus souvent les piqûres de tiques et d’aoûtats sont inoffensives mais il convient, après une promenade en forêt, d’examiner sa peau sans oublier (en particulier chez les enfants) le cuir chevelu.
Au laboratoire de parasitologie du CHU de Nancy, le Dr Alexandre Rivier et le Dr Nelly Contet-Audonneau constatent que les tiques et les aoûtats « qui sont de la famille des ectoparasites, ne sont pas ceux qui demandent le plus d’analyses, parce qu’ils ne rentrent pas dans le corps et se contentent du revêtement cutané. Mais avec les beaux jours et les déplacements à l’étranger, les risques de contamination sont accrus entraînant une augmentation significative des demandes d’analyses de peau, de selles ou de sang. »
Au service des maladies infectieuses et tropicales, une équipe d’infectiologues, dont fait partie le Dr Emilia Frentiu, conseille les voyageurs pour se protéger au mieux pendant leurs vacances.
Pour éviter le paludisme, transmis par les moustiques qui piquent surtout le soir et la nuit, outre l’utilisation de vêtements longs et de répulsifs, l’infectiologue prescrit, selon les zones d’endémie, une chimioprophylaxie, c’est-à-dire une prévention médicamenteuse contre le parasite.
La myiase est une autre forme de pathologie parasitaire, moins fréquente que le paludisme, et qui est due à une mouche qui dépose ses œufs sur du linge. Une fois le vêtement sur le corps, le chemin n’est plus long pour pénétrer dans la peau. « Les patients le remarquent très vite, car les larves forment des sortes de petits abcès. Une seule solution : inciser la peau et les retirer une à une », explique le Dr Frentiu. Pour éviter les myiases, il est conseillé de ne pas faire sécher le linge au soleil ou sur la terre et de le repasser pour tuer les larves qui s’y trouveraient.
Les parasites, extrêmement nombreux, se cachent partout : dans le sable, pour la tungose, causée par la puce chique ou dans l’eau douce (boue et étangs) pour la bilharziose, à l’origine de troubles urinaires ou intestinaux. « On estime souvent que les risques d’être « parasités » se restreignent aux zones tropicales, en Asie ou en Afrique… mais dans les régions tempérées, le risque existe aussi : il concerne surtout les parasites digestifs, tels que les vers appelés helminthes ou les oxyures que les enfants attrapent facilement à l’école par manque d’hygiène (lavage des mains) ou par les crayons, les feutres, etc…» Le Dr Frentiu évoque encore les taenias, plus couramment appelés vers solitaires, qui entraînent des troubles du transit intestinal, et que l’on contracte le plus souvent en mangeant de la viande de bœuf ou de porc crue ou mal cuite. Dans les zones tropicales et, pendant la saison estivale dans les régions tempérées, un autre risque est représenté par les piqûres des phlébotomes qui peuvent transmettre la leishmaniose viscérale ou cutanée.
Le Dr Contet-Audonneau évoque aussi « le péril fécal » : les diarrhées des voyageurs provoquées par des parasites comme le Giardia intestinalis ou l’Amibe. Pour les éviter, quelques précautions sont nécessaires : éviter de manger cru (crudités, glaces, glaçons, etc.), bien laver les légumes, les fruits et les éplucher, se laver les mains très souvent, sans oublier de prêter attention à l’eau que l’on peut purifier avec quelques gouttes d’eau de Javel ou des pastilles spéciales.
Au laboratoire de parasitologie du CHU de Nancy, les analyses de petits bouts de peau et de fragments d’ongles passés au microscope renseignent sur ces infections estivales. Le Dr Contet-Audonneau explique la procédure : « Dans un box de prélèvements, comme nous en avons dans le Bâtiment des Spécialités Médicales Philippe Canton, on extrait la partie superficielle de la peau. Une antenne du laboratoire spécialisée dans les analyses nous permet d’avoir les résultats immédiatement dès que les prélèvements immergés dans un colorant, révèlent les mycoses très rapidement. » Les mycoses sont des infections de la peau ou des muqueuses dues à des champignons microscopiques dont certaines très fréquentes pendant l’été car favorisées par la chaleur, l’humidité, la sueur, la marche sans chaussures… Le Dr Cuny évoque notamment le « pied d’athlète » aussi appelé intertrigo des orteils à dermatophytes. Il se manifeste par des démangeaisons et une irritation de la peau siégeant principalement dans le 4ème espace interdigital du pied. Marcher pieds nus dans des lieux publics (piscines, vestiaires, etc.) explique la contamination. Pour la prévenir, il est conseillé de bien laver et de bien essuyer les espaces interdigitaux des pieds, après un bain ou une douche.
Autre mycose fréquente durant ces périodes, le pityriasis versicolor caractérisé par de petites plaques squameuses hypo ou hyperpigmentée localisées sur le thorax, le dos et le cou. Reste enfin, la contribution involontaire de corps gras contenus dans certaines lotions de bronzage et autres écrans solaires, favorisant l’apparition de ce champignon : « Préférez alors un lait solaire pour bronzer en toute sécurité, même si cette précaution n’est pas toujours suffisante pour éviter totalement le pityriasis versicolor. » Ces infections, se manifestant par des dermatoses, sont généralement prises en charge au service Dermatologie : 4 à 5 personnes consultent quotidiennement pour des problèmes de mycose, effectifs en hausse d’avril à septembre liés aux parasitoses de l’été. Mais dès lors que le patient revient d’un pays d’outre-mer ou qu’il présente des manifestations plus générales, il est pris en charge au service des Maladies Infectieuses. Mais le Dr Cuny se veut rassurant : « En premier lieu, les personnes doivent consulter leur médecin traitant qui jugera de la conduite à tenir. Toutes ces affections ne sont pas forcément des urgences.»